Un monument littéraire pour décrypter l’Algérie contemporaine

‘’L’Algérie aléatoire’’ :

En ces temps décisifs où le pays se prépare aux élections présidentielles de 2024, une œuvre digne d’examen vient jeter un éclairage inédit sur les réalités les plus profondes de la nation algérienne. Intitulée « L’Algérie aléatoire », cette somme encyclopédique de près de 2.000 pages constitue à la fois un diagnostic sans concession des maux rongeant la société mais aussi un riche recueil des potentiels encore largement inexplorés.

Fruit de plusieurs années d’un travail de titan, cet ambitieux projet est l’oeuvre d’un auteur unique ayant puisé ses sources dans une diversité de compétences pour disséquer sous toutes ses coutures les 21 secteurs stratégiques formant l’ossature du pays. De l’éducation à la gouvernance en passant par l’environnement ou la culture, aucun aspect n’a été laissé dans l’ombre dans ce remarquable travail de collecte et d’analyse.
Loin du misérabilisme ambiant mais aussi des discours convenus, « L’Algérie aléatoire » se veut un regard neuf, d’une justesse implacable mais toujours constructive. L’auteur n’élude aucune épineuse réalité : le taux d’analphabétisme préoccupant chez les jeunes, un chômage massif et endémique, la progression dévorante de la corruption… Mais, dans le même temps, l’ouvrage souligne avec force les innombrables atouts d’un pays à la jeunesse vibrante, aux ressources naturelles exceptionnelles et à la diaspora, débordante de compétences.
Un constat sévère mais teinté d’espoir, semblable à ces examens médicaux mettant au grand jour une pathologie dont on pressent qu’elle peut être jugulée par un traitement adéquat. Un diagnostic posé avec la froide impartialité de l’expert mais aussi l’empathie du praticien soucieux du bien-être de son patient.
Un travail d’une telle ampleur, d’une telle minutie, méritait indéniablement les honneurs d’une large diffusion sur le territoire national. Las des contraintes administratives et budgétaires ont pendant longtemps fait obstacle à sa publication en Algérie. Ce n’est qu’en juin 2023 que les éditions universitaires européennes ont finalement accepté de l’imprimer, au prix prohibitif de 400 euros rendant l’ouvrage quasiment inaccessible aux Algériens.
Une aberration que de nombreuses voix s’élèvent désormais pour dénoncer. Cet indispensable outil de connaissance sur une Algérie multidimensionnelle qui bouge et évolue trop vite pour beaucoup, se doit d’être diffusé à grande échelle auprès des citoyens, des journalistes, des universitaires et des décideurs politiques.
Fort heureusement, des lueurs d’espoir timides mais réjouissantes pointent à l’horizon. D’éminentes maisons d’édition nationales à l’instar de Dar El-Othmania ont d’ores et déjà fait part de leur vif intérêt pour publier cette source inépuisable, à un format et un prix plus abordables. Une opération de grande envergure qui ne demande qu’à être soutenue financièrement par les autorités compétentes, qu’il s’agisse de l’ONDA ou d’autres organismes dédiés.
Une subvention de la part de l’État permettrait de démocratiser ce trésor de savoir et de le mettre à la portée du plus grand nombre.
Une démarche en totale adéquation avec les grands principes de transparence, de liberté d’expression et de compréhension mutuelle prônés par la nation algérienne. Au fond, c’est bien là l’enjeu profond de « l’Algérie aléatoire » : jeter les bases de ce dialogue constructif tant attendu, loin des œillères partisanes. Décrypter sans fard une Algérie complexe et sublime à la fois, pour mieux la transformer et l’amener sereinement vers de nouveaux sommets de prospérité et d’épanouissement. Les prochains mois seront assurément décisifs pour que ce monument du savoir de recherche accède enfin au large lectorat qu’il mérite amplement.

Miser sur les diasporas et combattre l’oligarchie
Un essai intitulé ‘’L’Algérie aléatoire’’, conçu par Farid Daoudi, soulève des réflexions pertinentes sur deux défis majeurs auxquels l’Algérie est confrontée : la valorisation des diasporas algériennes et la lutte contre l’oligarchie. Bien que l’on ne puisse confirmer la circulation réelle de cet ouvrage dans les sphères du pouvoir, les thématiques abordées méritent d’être examinées, tant elles semblent susceptibles d’inspirer les futures orientations gouvernementales.

Le levier des diasporas :
Un potentiel à exploiter
Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 1,8 million d’Algériens vivent à l’étranger, principalement en Europe et en Amérique du Nord. Parmi eux, on dénombre une pléiade de professionnels hautement qualifiés, évoluant dans des domaines stratégiques tels que les nouvelles technologies, la finance, la santé ou l’éducation. Comme le souligne Farid Daoudi dans son ouvrage, ces compétences acquises au sein de nations à la pointe du progrès constituent un atout majeur pour l’Algérie.
«Les investissements seront naturellement les bienvenus, mais c’est surtout le savoir-faire des Algériennes et des Algériens des diasporas qui est susceptible d’être d’un très grand apport pour le pays», écrit-il.
En effet, le transfert de ces savoirs permettrait non seulement de combler les déficits sectoriels, mais aussi d’insuffler une dynamique d’innovation et de modernisation au tissu économique national. Une perspective qui semble séduire les hautes sphères gouvernementales, désireuses de rompre avec le modèle traditionnel du «migrant captif, réduit à ses seuls transferts financiers».
Des initiatives prometteuses ont d’ores et déjà vu le jour, à l’instar du programme «Diaspora Invest» qui encourage les investissements des Algériens de l’étranger dans des Starts-ups innovantes. Mais c’est l’implication globale des diasporas, au-delà du simple aspect financier, qui pourrait marquer un tournant décisif pour le développement du pays.

Le spectre de l’oligarchie :
Un combat pour la justice économique
Parallèlement à cette réflexion sur les diasporas, l’ouvrage de Farid Daoudi aborde un autre sujet brûlant : la lutte contre l’oligarchie. Ce phénomène, qui se caractérise par la concentration excessive de la richesse et du pouvoir économique entre les mains d’une petite élite, représente une menace pour l’équité sociale et la prospérité durable de l’Algérie.
Les chiffres sont éloquents: selon un rapport de la Banque mondiale cité dans le livre, les 10% les plus riches de la population algérienne détiennent près de 27% des richesses nationales, tandis que les 10% les plus pauvres n’en possèdent qu’à peine 2,8%. Une fracture économique abyssale qui se creuse d’année en année, alimentée par des pratiques opaques et une gouvernance défaillante.
Au-delà des statistiques, l’oligarchie engendre des conséquences profondes sur les plans économique et sociétal. D’un côté, la mainmise d’une élite sur les secteurs stratégiques entrave la concurrence libre et freine l’émergence de nouvelles entreprises, bridant ainsi la croissance et l’innovation. De l’autre, cette concentration excessive des richesses alimente les inégalités, la frustration populaire et les tensions sociales.
Face à ce défi de taille, Farid Daoudi préconise une approche globale, alliant réformes structurelles et renforcement de la transparence.
Il insiste notamment sur la nécessité de muscler le cadre juridique et réglementaire afin de lutter efficacement contre les pratiques anti-concurrentielles, la corruption et l’évasion fiscale, autant de fléaux qui nourrissent l’oligarchie.

Un rôle-clé pour la société civile
Que ce soit pour la valorisation des diasporas ou la lutte contre l’oligarchie, l’auteur de ‘’L’Algérie aléatoire’’ souligne l’importance cruciale de la société civile. En faisant entendre sa voix et en exerçant une pression citoyenne, celle-ci peut peser sur les décisions politiques et contribuer à façonner un modèle de développement plus juste et plus inclusif.
A l’image du Hirak, ce mouvement populaire qui a réussi à ébranler un système sclérosé en 2019, la mobilisation de la société civile autour de ces causes pourrait marquer un tournant décisif dans l’histoire économique et sociale du pays.
Il est regrettable que l’ouvrage ‘’L’Algérie aléatoire’’ semble être ignoré par les hautes instances. Cependant, il est possible que cette perception puisse évoluer avec le temps, surtout si l’essai suscite un intérêt croissant au sein de la société civile et des cercles intellectuels.
Il semble qu’il ait le potentiel d’influencer les programmes gouvernementaux, selon d’éminents spécialistes en communication, Mohamed Réda Mezoui, ancien directeur de laboratoire de recherches à l’Université d’Alger et Chaouch Ramdane Zoubir, ancien recteur de l’Université de Tlemcen, ou de Kaddour Naïmi, homme multiculturel des arts et des lettres de notoriété publique.
Leur appréciation de l’essai suggère qu’il pourrait offrir des idées novatrices et des perspectives utiles pour orienter les politiques de développement en Algérie.

Farid Daoudi