Nécessité de renforcer l’arsenal juridique lié à la protection du patrimoine culturel immatériel

Colloque national sur le patrimoine à Oran

Des universitaires et des spécialistes du patrimoine culturel national ont souligné, mardi à Oran, la nécessité de renforcer le système juridique de protection du patrimoine culturel immatériel notamment face aux «tentatives d’appropriation».

Les participants au colloque national dédié à la «protection juridique du patrimoine culturel», organisé par le laboratoire d’investissement et du développement durable de la Faculté de droit et des sciences politiques de l’université d’Oran 2 «Mohamed Benahmed», ont souligné que le patrimoine matériel de l’histoire de l’Algérie est protégé par un arsenal de lois et ne peut être touché notant toutefois que «le patrimoine immatériel est le plus exposé aux tentatives d’appropriation par plusieurs parties». Le recteur de la même université, le Pr. Ahmed Chaalal, a estimé que l’université algérienne «doit jouer son rôle pionnier de locomotive de la pensée et de l’économie et de participant actif à la protection des composantes du pays, en développant des travaux de recherche dans le domaine et en soumettant des propositions pour la protection du patrimoine culturel matériel et immatériel algérien».
Dans ce cadre, il a souligné que «la situation actuelle est très sensible, car il existe une sorte de préjugé et de chantage étranger contre notre patrimoine et notre identité, et des tentatives d’acquisition et de saisie de nombreux éléments du patrimoine, en particulier le patrimoine immatériel, ce qui exige (…) le renforcement de l’arsenal juridique régissant cet aspect et trouver de nouveaux mécanismes pour protéger ce patrimoine authentique».
De son côté, le doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques, Haddad Mohamed, a indiqué qu’outre les mesures juridiques prises par le législateur algérien pour développer le système de protection au niveau interne, de grands efforts ont été déployés pour activer ce système au niveau extérieur, en étroite coopération, ces dernières années, avec l’Unesco, permettant l’inscription de nombreux éléments matériels et immatériels au nom de l’Algérie au niveau de cet organisme international concerné par la culture.
La responsable du Laboratoire d’investissement et de développement durable, organisateur du forum, Hind Belkheir a également souligné l’importance de l’université pour «former des experts juridiques en matière de patrimoine, qui possèdent des connaissances juridiques et patrimoniales, qui leur permettent de représenter l’Algérie auprès des institutions internationales et de défendre et préserver le patrimoine contre toute tentative d’agression».
Mme Feninakh Nawal, présidente de ce forum national, a insisté sur la nécessité de construire des ponts entre l’activité économique et le patrimoine à l’université, à travers la création de start-up par des étudiants concernés par le patrimoine, afin de contribuer au développement d’une activité économique basée sur le patrimoine, soulignant l’importance d’intégrer cette dernière dans l’activité touristique.
«Les cadres juridiques de protection des œuvres du patrimoine culturel traditionnel en Algérie», «Les mécanismes de protection et les enjeux de la valorisation» et «Le rôle des corps de sécurité dans la protection du patrimoine culturel-la Gendarmerie nationale comme modèle» ont été les thèmes abordés lors de ce colloque.
A cette occasion, des ateliers ont également été programmés sur «Les concepts théoriques et incarnés du patrimoine culturel national», «Le système législatif lié au patrimoine» et «Les défis auxquels est confrontée l’Algérie dans la protection de son patrimoine».

Les efforts de l’Etat à inscrire des éléments culturels dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco soulignés
Le directeur du Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger, Slimane Hachi, a mis e exergue, les efforts de l’Etat pour inscrire plusieurs éléments culturels dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture (Unesco). Le professeur Hachi a souligné, dans une conférence présentée au musée public national «Ahmed Zabana», dans le cadre du mois du patrimoine, que l’Algérie a inscrit plusieurs éléments culturels aux listes du patrimoine culturel immatériel, à l’instar de «Ahellil Gourara», «Imzed», le costume nuptial tlemcenien «Chedda», «Rekb Sidi Cheikh», Sbiba, la chanson Raï, et d’autres éléments communs avec des pays arabes, dont le couscous et la calligraphie arabe. L’Algérie a également déposé, l’année dernière au niveau de l’Unesco, un dossier sur le costume traditionnel des femmes de l’Est du pays, et a déposé en avril en cours un dossier sur «l’art de la décoration architecturale avec le Zellij», qui seront inclus dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, a ajouté le même intervenant.
Il a ajouté que «le zellij existe en Algérie en tant que pratique culturelle, urbaine et artistique de décoration des bâtiments, la preuve en est qu’il existe, depuis plusieurs siècles, au site archéologique de la Kalâa de Beni Hamad, inscrit au patrimoine culturel matériel de l’Unesco et se trouve aussi dans d’autres sites archéologiques à l’Ouest et à l’Est du pays».
M. Hachi a souligné que certains éléments culturels seront introduits, à l’instar du chant «Ayay» de l’Atlas saharien, le chant féminin «Achwik» dans la zone de Kabylie, «Moual Sraoui» de l’Aures et Sétif, le genre populaire algérois et Malouf dans la Banque nationale d’informations d’inventaire national et seront inscrits, ensuite, comme legs culturel universel, en temps opportun.
S’agissant de l’inscription d’éléments culturels communs avec des pays africains, le même responsable a souligné «l’expérience d’inscrire la musique Imzed avec le Mali et le Niger et nous œuvrons à faire entrer la Lybie et le Burkina Fasso».
Il a ajouté que «plusieurs autres éléments culturels communs avec nos voisins de l’Afrique du Nord, de l’Ouest et du centre de l’Afrique existent».
L’intervenant a souligné que «l’Algérie abrite le Centre territorial de la protection du patrimoine culturel immatériel en Afrique supervisé par l’Unesco pour effecteur des recherches scientifiques».
Par ailleurs, M. Hachi a annoncé que le Centre national des recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, basé à Alger, œuvre à ouvrir 20 annexes, chacune comprenant deux à trois wilayas, ainsi qu’à la création de branches à Bejaia, Khenchela, Illizi et Tamanrasset, sachant que d’autres annexes sont actuellement opérationnelles à Tlemcen, Tiaret, El Bayadh, Djelfa et à Ain M’lila.
R.C.