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Médecine du travail

Professeure en médecine du travail et secrétaire nationale à l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens), Nora Akif a exposé la problématique de la sécurité et santé au travail en Algérie, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont elle était l’invitée de la rédaction, jeudi dernier. Elle a rappelé que la sécurité et la santé au travail est une préoccupation majeure et que la médecine du travail est une obligation de l’employeur selon la loi du 26 janvier 1988.
L’Algérie a ratifié un certain nombre de conventions internationales, en particulier la
n° 155, en juin 2006, qui est relative à la sécurité et la santé au travail, a-t-elle fait remarquer. L’Algérie dispose d’un dispositif législatif et réglementaire riche, au total près de 55 textes, entre lois, Décrets et arrêtés, dont la loi-mère, 88-07.
Mais, en tenant compte de l’évolution des technologies et des nouveaux process de travail, il y a des risques émergents qui nécessitent d’ouvrir des chantiers de dossiers et de se pencher sur ces préoccupations.
Pr Nora Akif a donné des précisions concernant les deux points exposés, le 1er mai, au président de la République. Il s’agit de la demande de la mise en place des modalités de prise en charge des travailleurs qui sont atteints de maladies chroniques graves, comme le cancer, et pour lesquels il a été proposé le système de travail «à mi-temps».
«Le mi-temps thérapeutique est une variante du temps partiel correspondant à 50% du temps légal ou conventionnel du travail dans le but de permettre de concilier le temps de rétablissement et l’activité professionnelle», a-t-elle précisé. Il s’agit de permettre aux travailleurs atteints d’une maladie grave une reprise progressive du travail en tenant compte de leur état de santé
La seconde demande concerne les femmes travailleuses et plus précisément le congé de maternité qui est, actuellement légal, c’est un droit, il est de 98 jours.
Cette demande concerne le prolongement du congé de maternité au profit des mamans
travailleuses dont les bébés souffrent de maladies graves qui nécessitent une prise en charge sur une longue durée «On a formulé une demande à ce sujet pour accorder plus de temps aux mamans travailleuses qui mettent au monde des bébés atteints de maladies graves», précise la secrétaire nationale de l’UGTA.
«En ce qui concerne les autres maladies professionnelles, la syndicaliste affirme que son organisation accorde également de l’importance à la santé mentale des travailleurs.
«En plus de la haute pénibilité, nous nous intéressons à l’un des risques assez fréquents en milieu de travail, qui est le stress», avance-t-elle, précisant qu’une enquête nationale sur cette question a été menée par l’UGTA afin de dresser un état des lieux de ce risque professionnel et de réfléchir aux modalités de sa prise en charge.
Elle fait savoir que tout un département de l’UGTA a été accordé à la santé et prévention au travail. Ce département s’intéresse à un des risques qui est actuellement assez fréquent, c’est la santé mentale au travail.
Elle fait observer que l’UGTA a déjà initié une enquête nationale sur le stress au travail qui concerne tous les travailleurs sur le territoire national, tous les secteurs d’activités et toutes les catégories professionnelles.
L’enquête est basée sur un questionnaire validé scientifiquement et a pour but d’établir, d’abord, un état des lieux sur la fréquence de ce nouveau risque professionnel et de réfléchir aux modalités de prise en charge et de réparation. Elle fait savoir qu’un dossier sur la haute pénibilité a été fait et a identifié les facteurs de risque, mais le stress n’a pas été retenu, considérant qu’il comportait beaucoup de subjectivité, alors que sur d’autres facteurs, il était possible de mesurer et d’évaluer d’une façon très objective.
Cependant, le stress au travail a ses facteurs et parmi ses facteurs il y en a qui sont liés aux conditions de travail et on retrouve la notion de pénibilité. Elle cite l’exemple du travailleur qui travaille dans une mine, ce qui est différent de celui qui est dans un bureau avec une climatisation. Le stress a des effets sur l’état de santé des travailleurs.
Il y a les facteurs organisationnels, comme les horaires de travail. Parmi les facteurs à l’origine du stress, le Pr. Akif insiste particulièrement sur le harcèlement en milieu professionnel. «Il y a le harcèlement sexuel d’une part et le harcèlement moral d’autre part, ce sont des facteurs de risque professionnels pour lesquels il est essentiel d’accorder une attention particulière», soutient-elle.
Lakhdar A.