BRICS, un monde multipolaire taillé pour les «nantis» ?

L’Algérie n’est pas «prête», selon les pays membres

L’Arabie saoudite pour son pétrole, l’Egypte pour son «Canal de Suez» et pour ses pharaons, les Emirats arabes unis pour son argent, l’Argentine pour son voisinage, l’Ethiopie pour sa position géographique, les critères et conditions pour intégrer les BRICS ne combinent pas sur ce qui est préconisé sur le papier. Des choix géopolitiques et purement stratégiques et loin d’êtres réalistes. Les BRICS sont-ils la solution pour l’équilibre mondial ?

Un échec pour l’Algérie ou pour les BRICS ? En refusant, voire en reportant l’admission et adhésion de l’Algérie parmi la future force multipolaire, tout en admettant à d’autres, pour des considérations géopolitiques et purement stratégiques, tels que le pétrole ou l’argent, les pays des BRICS ont de ce fait donné une mauvaise impression sur les principes dudit groupe et éloigné de leur objectif principal celui d’élargir et de renforcer le nombre des pays membres pour pouvoir rivaliser avec l’autre pôle mondial, l’Occident. Il y a de quoi s’interroger sur l’avenir du nouveau-né, le BRICS. Finalement, le choix a été porté sur des pays «riches» en pétrole et en argent. Un choix géopolitique et purement stratégique au détriment d’autres pays, jugés pas «prêts» pour rentrer au sein de la nouvelle coquille multipolaire des BRICS. Une réponse désolante et décevante à la fois soigneusement étudiée par Alger. Les BRICS ont refusé, voire reporté, l’admission et adhésion de l’Algérie parmi ce future groupe multipolaire. Pour cause, Alger n’est pas encore «prête» et doit davantage consolider son économie, voire son PIB. Malgré qu’il s’agisse d’une future force multipolaire, en cours de construction, et malgré la non-adhésion de l’Algérie pour l’année prochaine aux BRICS, reportée pour l’année 2025, le temps qu’Alger renforce et forge davantage son économie et réajuste son PIB, selon les pays membres, toutefois et, faut-il le souligner, le refus de la candidature de l’Algérie est déjà un acte décevant et une méconnaissance totale des grands potentielles que possède l’Algérie. L’Algérie a, pourtant, prouvé sa grande force sur le plan international, lors de la grande traversée de la moitié du globe qu’avait effectué le président de la République, Abdelmadjid Tebboune en Chine, Russie, Portugal, Qatar et Turquie, entre mai et juillet passés. Une démonstration de force géopolitique, diplomatique, stratégique, économique et énergétique, le chef de l’Etat et lors de ses sorties solides effectuées dans de nombreuses capitales, a été à la hauteur du pays géant, l’Algérie. Ses déclarations furent retentissantes partout dans le monde, surtout lorsqu’il s’agit des dossiers internationaux de grandes importances, tels que la guerre en Ukraine ou les conflits au Sahel. En Russie et lors de sa visite d’Etat effectuée en juin dernier, le Premier magistrat du pays a fait de lourdes déclarations et s’est montré un grand dirigeant, faisant de l’Algérie une nation puissante, souveraine, riche et libre. En juillet passé, et en Chine, la visite d’Etat du président Tebboune a été retentissante, car il s’agit d’une rencontre stratégique entre Alger et Pékin. A la recherche d’un apport puissant de la part de la Chine et Russie pour pouvoir intégrer les BRICS, le président Tebboune avait démontré la force et les grandes capacités que possède l’Algérie, dans divers domaines même. Et malgré toutes ses démarches algériennes, la non-adhésion de l’Algérie parmi les BRICS, décidée avant-hier par les chefs d’Etat des pays membres, a été plus que décevante, car elle aurait pu contribuer au renforcement des BRICS, surtout que cette future force multipolaire à besoin d’un renfort de taille de nouveaux pays membres pour pouvoir concurrencer l’autre pôle mondial.

Une sous-estimation flagrante des BRICS envers l’histoire de l’Algérie

L’Algérie est un grand pays de liberté, de paix et de souveraineté par excellence, un pays riche de son histoire glorieuse, connu par son grand militantisme pour la bonne cause, pour l’indépendance des peuples opprimés et pour la paix et le développement dans le monde, un jeune pays qui baigne dans une immense histoire révolutionnaire. Devant un tel passé, l’Algérie a, bien au contraire, tout gagné sur la réponse négative et presque inattendue des pays de BRICS sur sa candidature à cette future force multipolaire. Ne répondant pas aux normes exigées, selon les BRICS, l’Algérie s’est vu refuser son adhésion, pourtant il s’agit d’un pays potentiellement géant. Les BRICS vont-ils regretter leur choix ? L’Algérie mérite beaucoup mieux en raison de grandes capacités qu’elle possède. Un pays-continent qui possède de grandes richesses en ressources naturelles, minières et énergétiques, un pays potentiellement géant en raison de sa position géographique de premier plan, de sa grande capacité agricole, première en Afrique et dans le monde arabe, de sa future industrie très prometteuse, un pays immense qui détient la plus grande réserve d’or, de gaz, de lithium, d’énergie solaire, ainsi que les ressources énergétiques, et un pays riche de par son histoire glorieuse, et fort de son Armée et sa diplomatie aguerrie, l’Algérie doit repenser à son adhésion auprès des BRICS, après un refus glaçant des pays membres sur sa candidature, lors du sommet de Johannesburg, en Afrique du Sud, qui a clôturé hier vendredi. N’ayant aucune dette extérieure et au niveau mondial, le produit intérieur brut (PIB) 2022 était d’environ 11.973 euros par habitant, en revanche, le PIB en Algérie a atteint 4.059 euros par habitant, soit 182,25 milliards d’euro pour l’ensemble du pays, l’Algérie se situe donc actuellement à la 7e place des grandes économies, selon le dernier rapport de la Banque Mondiale. Devant de tels chiffres, l’adhésion de l’Algérie aux BRICS ne devait pourtant poser aucun soucis, bien au contraire, son admission aurait été une force ajoutée aux pays membres. Décevant, incompréhensible, la non-adhésion de l’Algérie parmi les pays de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), et désormais et à partir de janvier 2024, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie et l’Iran, pour des motifs totalement non-convaincants, a été tristement et étonnement accueillie, avant-hier, par le plus grand pays et l’une des premières forces économiques et militaires en Afrique et dans le monde arabe. Comment peut-on croire à la décision prise, jeudi passé, par les chefs d’Etat des cinq pays des BRICS, à savoir, la Chine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil, concernant la candidature de l’Algérie et son adhésion à cette potentielle force multipolaire, annoncée en grande pompe être capable de modifier la géopolitique internationale et équilibrer le rapport des forces entre deux pôles dans le monde. Les pays membres des BRICS disent qu’ils ne sont pas convaincus de la situation économique de l’Algérie, jugée insuffisante par ces derniers pour pouvoir faire figure de membre des BRICS, un motif décourageant pour une future force multipolaire qui n’est qu’au début de sa naissance, alors que celle-ci à besoin, en revanche, d’un grand renfort de pays pour être en mesure d’affronter économiquement, militairement et technologiquement l’autre pôle mondial, les Etats-Unis et leurs alliés.

Les BRICS sont-ils aptes
à la grande confrontation ?

Déjà des conditions, des refus, des échappées et des incompréhensions sur le choix de nouveaux membres, les BRICS semblent désavouer des pays amis en choisissant que des pays «riches» en argent et en pétrole, d’autres pour des considérations géopolitiques et voisinages. Des conditions qui vont freiner l’évolution des BRICS, alors que ces derniers ne sont qu’à leurs débuts. Finalement, les deux dirigeants, les plus puissants des BRICS, le chinois Xi Jing et le russe, Vladimir Poutine, n’ont rien pu faire pour satisfaire la demande de l’Algérie et accélérer son adhésion aux BRICS, une décision qui ne fait pas l’honneur des promesses et engagements faits auparavant par les deux présidents cités. Et pourtant, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait auparavant traversé la moitié du globe, qui l’a emmené en juin 2023 en Russie, et en juillet passé en Chine, dans des visites d’Etat très solides sur le plan géopolitique, stratégique et économique, alors que d’autres visites ont été effectuées par le chef de l’Etat, notamment en Turquie, Qatar et Portugal, où le chef de l’Etat avait démonté et défendu à la fois les grandes capacités et potentialités que possède l’Algérie dans le domaine de l’économie et qui font d’elle un pays de premier plan à l’échelle mondiale. Après le refus des BRICS, l’Algérie doit revoir sa demande de candidature, repenser son choix et, surtout, fortifier son front interne pour concrétiser une solide et forte économie nationale, seule alternative face à un monde de plus en plus incertain et aléatoire, même les pays amis ont changé et non pas uniquement le climat.
Sofiane Abi