Malgré des indicateurs socio-économiques au rouge, la Tunisie, un pays à fortes potentialités

Economie

La situation socio-économique en Tunisie, pays ami où j’ai eu l’ honneur de donner plusieurs conférences
au sein de ses différentes structures, mais recèle , surtout grâce à sa ressource humaine et une bonne gouvernance, d’importantes potentialités de sortie
de crise.

Le PIB de la Tunisie en prix courants en 2021 était de 46,84 milliards de dollars pour une population de 12,26 millions d’habitants, la croissance économique étant estimée à 2,4 % en 2022, tirée par le secteur industriel et les services, contre 4,3 % en 2021 et pour 2023 devrait avoisiner les 2,3 %, avec une variation considérable en fonction de l’avancement des conditions de financement et des réformes structurelles. L’économie reste très dépendante de la consommation des ménages en 2021 (73% du PIB en), peu diversifiée et exposée aux aléas cycliques des secteurs agricole (9% du PIB) ou touristiques (5% du PIB, mais jusqu’à 14% du PIB de manière indirecte). Selon les projections de la Banque mondiale 2021, la ventilation sectorielle de la contraction du PIB touche essentiellement six secteurs ou «à haut risque» : tourisme ou hôtellerie, cafés et restaurants (recul escompté de 25%); textiles (16%); industrie mécanique et électrique (15%); transport (13%); commerce (5%); et construction ou génie civil et bâtiment (5%). Ces six secteurs «à haut risque» emploient une part importante de la population allant de 47% des employés dans le décile le plus pauvre à 53-54% dans les 4e, 5e et 6e déciles. La structure du commerce extérieur est dominée par le tourisme, des produits issus des PMI, PME dont le textile, l’huile d’olive et les produits d’hydrocarbures constituent les principales importations de la Tunisie (environ 16% de toutes les importations), suivis des véhicules, des appareils électriques, du blé. Selon l’Institut national de la statistique (INS – gouvernemental) les exportations tunisiennes ont augmenté au cours de l’année écoulée de 23,4 %, en glissement annuel, pour atteindre les 57,6 milliards de dinars (soit 18,57 milliards de dollars) et la valeur des importations a, par contre, bondi au cours de l’année 2022 de 31,7 %, sur une base annuelle, à 82,8 milliards de dinars (soit 26,7 milliards de dollars) creusant le déficit de la balance commerciale de 40 % au cours de l’année 2022, par rapport à l’année 2021, dans un contexte de forte augmentation de la valeur des importations de produits de base de 25,216 milliards de dinars (soit 8,134 milliards de dollars) contre 16,2 milliards de dinars (soit 5,8 milliards de dollars) en 2021.
Le taux de chômage avoisinait 15,3 % au troisième trimestre 2022, affectant davantage les femmes (20,5 %), les jeunes de 15–24 ans (37,2 %), les diplômés du supérieur et les régions de l’intérieur. L’inflation a augmenté de 5,7 % en 2021 à 8,3 % en 2022 2022 et s’est encore accélérée pour atteindre les 10,1 %, sur une base annuelle, en décembre 2022, contre les 9,8 % relevés au mois de novembre 2022, selon les données de l’INS. Sue le plan budgétaire et financier , le déficit budgétaire est de 6,8 % du PIB en 2022 avec l’augmentation des prix des importations alimentaires et énergétiques, le déficit courant de 8,5% du PIB où la masse salariale, les subventions et le service de la dette sont estimées à environ les deux tiers des dépenses de 2022 et le déficit courant s’est creusé de 6 % du PIB en 2021 à 8,5 % du PIB en 2022. La dette publique tunisienne, constituée à plus de deux tiers de dette extérieure, est estimée à plus de 90 % du PIB en 2022 et les réserves de change couvraient 97 jours d’importation fin. Cela s’est répercuté sur la valeur du dinar tunisien coté le 05 octobre 2023 , un euro équivaut à 3.34785 TND et 1 USD 3.318490 qui selon les statistiques officielles tunisiennes, durant les dix dernières années au premier trimestre 2023, a perdu 35% de sa valeur, 7% durant les cinq dernières années face à l’euro et au dollar accentuant l’inflation interne
Du point de vue répartition géographique, les exportations tunisiennes vers l’union européenne ont représenté 72,3% du total, en augmentation de 16,3% durant les huit premiers mois de 2023 selon les statistiques tunisiennes ventilé comme suit : la France (+17,6%), l’Italie (+17,7%), l’Allemagne (+7,2%), l’Espagne (+18,6%), la Belgique (+4,8%) et les Pays-Bas (+108,5%).Vers les pays arabes , il y a eu augmentation avec l’Algérie +48,6% et la Libye +11,7% et ont baissé de (-51,1%) avec l’Egypte et de (-10,7%) avec le Maroc.
Pour le cas des relations entre Alger et Tunis pour 2021, les importations algériennes de Tunisie dans le cadre de l’accord commercial préférentiel, selon les statistiques douanières algériennes ont atteint 15,56 millions de dollars en 2020 contre 24,98 en 2019 et les exportations algériennes hors hydrocarbures vers la Tunisie 1.032 milliards de dollars et les importations 228,20 millions de dollars, un montant qui représente moins de 1% des échanges globaux des deux pays avec le reste du monde, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments.
Durant les huit premiers mois , les échanges ont été de 4474,16 millions de dinars dont 730,7 millions d’exportations tunisiennes vers l’Algérie contre un montant 3743,4 millions d’importations tunisienne en provenance de l’Algérie essentiellement composées d’hydrocarbures, de certains produits des industries de transformation (36%) et les industries mécaniques. Sur le plan énergétique, la Tunisie bénéficie d’approvisionnements gaziers à hauteur de 3,8 milliards de mètres cubes à la faveur du passage par son territoire du gazoduc algéro-italien «TransMed», permettant au Trésor tunisien d’engranger environ 170/180 millions de dollars).
Plus généralement la Tunisie entend se tourner ver l’Afrique en où le Parlement tunisien a ratifié l’adhésion officielle du pays au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA, une zone de libre-échange commune avec vingt États membres s’étendant de la Libye au Swaziland)) et est signataire de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) qui est le deuxième plus vaste marché mondial derrière le Partenariat régional économique global en Asie et dans le Pacifique.
Les échanges commerciaux intra-africains ont enregistré une croissance de 18,6% en 2022, 193,17 milliards de dollars, selon le rapport publié le 14 juin 2023 par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le commerce intra-régional ayant représenté 15% du total des échanges commerciaux du continent, le rapport mettant en relief un important potentiel reste inexploité , l’Afrique australe étant le principal moteur du commerce intra-africain, représentant , à elle seule, 47,4% de l’ensemble des échanges commerciaux entre les pays du continent, les changes commerciaux intra maghrébins ne dépassant pas les 3%, étant la zone qui connaît le moins d’intégration se percutant sur le niveau de croissance. contre l’Europe 60%,(voir deux ouvrages collectifs ayant réuni une équipe pluridisciplinaire de 36 experts internationaux de différentes spécialités, 1060 pages Paris Éditions 2018 sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul et du docteur Camille Sari – le Maghreb face aux enjeux géostratégiques) d ’où l’urgence de dynamiser les échanges intra africains à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Mais l’intégration doit reposer comme le recommande plusieurs rapport internationaux sur trois objectifs (voir rapport de la banque mondiale, octobre 2020-107 pages- sur les taux d’intégration de la région Mena) : l’efficacité économique, sous tendue par la promotion du libre-échange à travers l’approfondissement des accords commerciaux et d’autres instruments, tels que les règles d’origine ; la convergence progressive du revenu par habitant et des niveaux de vie entre les pays, grâce à des réformes sectorielles parallèles, à la coopération interinstitutionnelle et à l’harmonisation des réglementations et enfin la prévention manifeste des inégalités sociales et territoriales qui résulteraient naturellement de la libéralisation des échanges, par la fourniture de biens et des mesures spécifiques ciblant le niveau local et les couches vulnérables.

Pr des Universités
Expert international – Dr d’Etat
Abderrahmane Mebtoul