La vulnérabilité de l’Afrique

Changement climatique

Le Sommet africain sur le climat, tenu à Nairobi, au Kenya, en septembre dernier, a été l’occasion d’alerter, une nouvelle fois, sur l’impact dramatique du changement climatique sur l’Afrique qui n’est responsable que d’une fraction des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), moins de 10%. Or c’est le continent qui est le moins à même de faire face aux effets délétères du changement climatique. «Les canicules, les fortes pluies, les inondations, les cyclones tropicaux et les sécheresses persistantes ont des effets dévastateurs sur les communautés et les économies, et le nombre de personnes menacées va croissant», avait déclaré dans un communiqué, le Secrétaire général de l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM), Petteri Taalas.

Le rapport de l’OMM sur l’état du climat en Afrique 2022 a relevé que le rythme de la hausse des températures en Afrique s’est accéléré au cours des dernières décennies et les risques liés au temps et au climat sont de plus en plus graves. La vitesse à laquelle la température augmente s’accélère et des phénomènes météorologiques extrêmes aggravent l’insécurité alimentaire de cette région du monde, alors que la productivité agricole chute. L’agriculture est à la base des moyens de subsistance et des économies nationales en Afrique, elle fait vivre plus de 55% de la population active. Mais à cause du changement climatique, la croissance de sa productivité agricole a chuté de 34% depuis 1961. «Cette baisse est la plus élevée enregistrée par comparaison à ce qu’ont connu d’autres régions du monde», a ajouté l’OMM.

Les projections prévoient que, d’ici 2025, dans un an, les pays africains multiplieront par trois leurs importations annuelles de denrées alimentaires qui passeront de 35 milliards de dollars à 110 milliards de dollars. Selon la même source, au cours de la période 1991-2022, l’Afrique a enregistré un taux moyen de réchauffement de +0,3 C/décennie, contre +0,2 C/décennie entre 1961 et 1990. Ce chiffre dépasse légèrement la moyenne mondiale. En Afrique du Nord, aux prises avec des canicules extrêmes ayant alimenté des incendies de forêt en 2022, le réchauffement a été le plus rapide.

Les coûts des pertes et dommages dus au changement climatique en Afrique sont estimés entre 290 et 440 milliards de dollars sur la période 2020-2030 d’après le Centre africain pour la politique en matière de climat de la Commission économique pour l’Afrique. En revanche, le financement de l’adaptation au climat ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan de ce dont a besoin le continent. Il faudrait près de 2.800 milliards de dollars entre 2020 et 2030. Pour rappel le Président Abdelmadjid Tebboune a proposé la création d’un mécanisme africain de réponse aux catastrophes naturelles.
L. A.