Les barrages se remplissent !

Des pluies salvatrices

Les pluies qui marquent ce mois de février un peu partout dans le pays montrent que les eaux de surface et les barrages qui les stockent ont toujours leur importance. Depuis trois jours, les averses remplissent les barrages dans le Nord du pays. Pour aujourd’hui, les services de la météorologie ont annoncé un temps encore pluvieux dans les régions de l’Est, du Centre et de l’Ouest du pays.

Hier, de gros orages ont été enregistrés localement. Un bulletin météorologique spécial (BMS) avait été émis par l’Office national de la météorologie (ONM) pour signaler des quantités de pluies pouvant dépasser l60 mm jusqu’à samedi minuit dans les wilayas de Mostaganem, Relizane, Tissemsilt, Chlef, Tipasa, Alger, Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa, Ain Defla, Blida, Médéa et Bouira l’après-midi, ainsi que, jusqu’au milieu dans les wilayas de Skikda, Annaba, El Tarf, Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Mila, Constantine, Guelma, Souk Ahras, Batna, Khenchela, Tébessa et Oum El-Bouaghi. Il s’agit de régions où sont situés les barrages qui permettent à la fois l’irrigation agricole et l’approvisionnement en eau potable (AEP) des populations.
En attendant 2030, où, avec la mise en service des stations de dessalement dont les travaux de réalisation seront lancés en 2025, le taux d’eau potable issu du dessalement atteindra 60% des besoins nationaux, le reste étant partagé, 20 % chacun, entre les eaux superficielles (barrages) et les eaux souterraines (nappes phréatiques), les eaux superficielles restent dominantes dans la consommation des Algériens, toutes utilisations confondues ; même les eaux souterraines qui étaient exploitées à 35 à 40%, il y a cinq ans, représentent aujourd’hui un taux d’exploitation de 60%. Les pluies qui alimentent les barrages et arrosent les cultures agricoles sont salvatrices. Cette année, les capacités de mobilisation d’eau des 80 barrages du pays devraient passer à près de 9 milliards de m3 en 2024, grâce à la mise en service de cinq nouveaux barrages, selon les prévisions de l’Agence nationale des ressources hydrauliques.
La même source a indiqué que la hausse des capacités de mobilisation des barrages du pays, destinés à la couverture des besoins nationaux en eau potable et de développement économique, va se poursuivre pour atteindre 12 milliards de m3 en 2030».
L’été dernier, l’entrée en service du barrage Kef Eddir (capacité théorique estimée à 125 millions de m3 d’eau, à Damous, à l’extrême-ouest de Tipasa, est intervenue «progressivement». Le même été, 2023, en août, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad,
annonçait, à Khenchela, le lancement imminent des travaux de construction du barrage d’Oued Lazreg, dans la commune de Bouhmama. Le problème est que les barrages qui existent et qui continuent de fournir l’essentiel des besoins en eau du pays ne font pas l’objet de la même attention que les stations de dessalement. Pendant longtemps, aucune attention particulière n’a été accordée à l’entretien et la maintenance de ces ouvrages. Leur exploitation n’a pas bénéficié de crédits conséquents pour assurer leur gestion adéquate, ce qui a conduit à leur dégradation (envasement, fuites, vétusté des équipements). Ces barrages connaissent le phénomène de l’envasement. En plus de l’eau, les pluies apportent aussi de la boue, mais aussi des débris de toutes sortes, ce qui cause des pannes aux stations de traitement et aux stations de pompage, et donne une eau de mauvaise qualité. Les experts recommandent les méthodes préventives de traitement des bassins versants : reboisement, corrections torrentielles, plantation d’arbres fruitiers ou construction de retenues. Une campagne de dévasement des barrages a été lancée en 2020 et se poursuivra jusqu’au 2025. Cette opération qui concerne plusieurs wilayas vise à enlever plus de 30 millions de m3 de vase, ce qui permettra d’assainir ces barrages et d’en augmenter la capacité de stockage. La gestion des barrages à travers leur assainissement permettra d’en augmenter la capacité à fournir l’eau potable et l’eau d’irrigation agricole. L’opération entre dans le cadre du programme du secteur qui vise à enlever la plus grande quantité de vase au niveau des barrages. En même temps, les campagnes périodiques de reboisement menées par les services de l’Hydraulique aux abords des barrages permettent de limiter le phénomène du glissement de terrains, comme principale causes de dépôt de terre au fond des barrages.
Lakhdar A.