«Les binationaux sont aussi des Algériens qui veulent jouer pour leur pays d’origine»

Saïb à Afrik-foot :

Moussa Saïb ancien milieu de terrain de l’AJ Auxerre, et de la sélection algérienne (73 sélections et 6 buts entre 1989 et 2001), est connu pour sa franchise, sa sincérité et surtout pour l’amour qu’il porte au football. Il le confirme dans cet entretien qu’il a accordé à Afrik-Foot.com.

La discussion a produit une riche production d’information et fait de cet international un excellent communicateur et joueur connu dans la sphère footballistique, jamais déconnecté de l’actualité sportive.
Les sujets abordés dans cet entretien sont d’une actualité brûlante. Ils emballent tous les supporters nationaux, à commencer par la nomination de Vladimir Petkovic au poste de sélectionneur des Verts, le cas Yacine Adli, et le break de Riyad Mahrez avec la sélection algérienne.
L’intervieweur, animé par Yoro Mangara, n’a pas été radin dans ses questions. Il commence par lui faire rappeler ses années 1996, marquées par double championnat avec l’AJ Auxerre. C’était, dit-il, son meilleur passage dans le football «ses meilleurs moments avec le club bourguignon. C’est aussi quelque chose d’inoubliable…» A ce calendrier s’ajoute le doublé et la coupe d’Afrique des Nations remportée en 1990 devant son public. «Ce n’est pas comparable ! Gagner avec sa nation devant son public, c’est le summum. Un trophée comme la Coupe d’Afrique des nations, il n’y a rien de tel ! Quand on représente un club, une ville et quand on représente une nation, ce n’est pas la même chose».

«Le football n’est pas bien encadré»
«Ça fait partie de moi. Le fait d’être Algérien et de remporter des trophées, cela symbolise, un rapprochement de son équipe nationale». Il n’y a pour lui aucune commune mesure, ce qui lui mal, c’est cet éloignement qu’il ressent de plus en plus, alors qu’il peut encore donner au football national. Il regrette que le football ne soit pas bien encadré «je le vis de loin et j’ai un pincement au cœur. C’est notre porte-drapeau».
A une question de savoir pourquoi «Les footballeurs algériens formés au pays étaient le socle de cette sélection, aujourd’hui on a comme l’impression qu’elle s’appuie beaucoup plus sur les binationaux ?» Le constat de Saib est logique. Il estime que «Quand on n’arrive pas à avoir un championnat compétitif, une bonne formation, on est obligé de s’appuyer sur les binationaux qui sont aussi des Algériens et qui veulent jouer pour leur pays d’origine».

Yacine Adli et la tunique bleue
La réponse de Saïb Moussa est tranchante et rejoint celles des professionnels qui jugent qu’il faudrait respecter leur choix. Yacine Adli souhaite jouer pour l’équipe de France, pays où il est né et formé et alors, mais «Je souhaite juste après qu’il n’ait pas à le regretter. Quand on vient défendre les couleurs d’une nation, on le fait avec amour pour la patrie, avec dévouement. Il ne faut pas venir pour faire plaisir à quelqu’un».

Nouvel échec des Verts à la Coupe d’Afrique des nations
Ces deux éliminations sont prématurées en 2022 et en 2024 «font très mal pour nous les supporters des Fennecs car on ne s’attendait pas à une telle désillusion. On avait placé beaucoup d’espoirs dans cette équipe».

Le départ de Djamel Belmadi ?
«C’est la loi du football. Quand on ne gagne pas, c’est l’entraîneur qui est responsable. Djamel Belmadi n’a pas pu faire progresser le groupe après son sacre de 2019. Il a préféré laisser la place à quelqu’un d’autre».

Petkovic, vous comprenez
ce choix ?
La réaction fut immédiate est intéressante dans la mesure où il revient sur la confiance des locaux «Pour être honnête avec vous, je ne comprends pas ce choix. J’aurais préféré qu’on mette des anciens joueurs. La fédération aurait pu nommer trois entraîneurs locaux, qui connaissent le football algérien, et le football africain. Nous allons attendre les débuts de Petkovic pour le juger. Ça peut être une réussite hein, laissons-le faire ses preuves. Je vous dis que je suis pro-local. Il faut maintenant attendre pour voir ce que ça va donner».

Mahrez a décidé de prendre du recul avec la sélection,
que pensez-vous de sa décision ?
«Comme je l’ai dit sur le cas Adli, je respecte les choix des footballeurs. Riyad Mahrez est un grand joueur, c’est le capitaine de l’équipe. Il a beaucoup apporté à cette sélection. Il a le droit de prendre du recul. Ça ne sert à rien de rentrer dans des polémiques inutiles. L’équipe nationale va continuer sans lui, il y a des jeunes talentueux qui vont prendre la relève».

Clash entre la FAF et Djamel Belmadi
Il estime qu’il est regrettable que tout ça soit porté à la connaissance du grand public «Le linge sale se lave en famille. Elles auraient pu, je parle des deux parties, trouver un consensus sans aller au tribunal. Le football m’a beaucoup appris. Je ne peux pas dire que Djamel a raison, la fédération a tort et vice versa. J’aurais aimé par contre une séparation à l’amiable».

JS Kabylie : «Je ne dirais pas non,
si un jour…»
Je ne vais jamais fermer la porte à la JSK. C’est mon club. Je ne vais pas vous cacher, les dirigeants me relancent souvent pour que je vienne travailler pour le club. Je ne dirais pas non, mais il faudra bien réfléchir. Et puis, je crois qu’on peut aussi aider un club sans être à l’intérieur. J’ai une vie de famille, je dois tout faire pour ne pas déstabiliser cet équilibre familial. On verra ce que l’avenir nous réserve.

Synthèse de H. Hichem