Ferroukhi, cible des armateurs contrebandiers

Pêche

Depuis quelques jours, le secteur de la pêche est en pleine effervescence. La nomination de Sid Ahmed Ferroukhi à la tête du ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques (MPRH) semble avoir dérangé des intérêts. Au regard des réactions constatées dans les différents rouages de cette activité économique stratégique, ces intérêts sont importants. Il s’agit de milliards de DA matérialisés dans la pêche légale ou illégale du corail, thon, dorade, crevette, sardine et autres qualités que se disputent sans jamais se rassasier des armateurs et autres aux ambitions démesurées. Dans ce milieu, la bataille est rude et âpre, tous les moyens sont utilisés.

C’est à qui s’accaparerait la plus grosse part. Les acteurs de petits métiers et autres marins pêcheurs, mousses, ramendeurs sont oubliés malgré l’existence d’un rôle censé leur assurer une protection sociale. Conséquence, leur taux de retraite se limite à sa plus simple expression. Et pour cause, leur participation insignifiante à la protection sociale en cas d’absence maladie et allocation familiale du fait que leur employeur ne respecte pas les droits pourtant soulignés dans le rôle au chapitre des quotes-parts de cotisations sociales. L’employé ne bénéficie pas du nombre d’années prévues par la loi du fait qu’ils ne cumulent pas le nombre d’années nécessaires lui permettant de prétendre à une retraite conforme à ses attentes. C’est que grâce au bakchich, des armateurs peuvent se permettre de ne pas régler les cotisations prévues. Comme ils sont en mesure de s’approprier tous les produits de la mer. Ils ne sont pas confrontés aux tracasseries des autorisations prévues dans le cadre de l’application des dispositions du «Rôle». Des corailleurs figurent dans le lot des contrebandiers de ce secteur.
La récente menace de grève émise à partir d’Annaba pour une question de paiement de frais liés au «Rôle» n’est autre qu’une mesure d’intimidation. En fait de grève ou de préavis émis par les pêcheurs, il s’agit beaucoup plus d’une tentative de déstabilisation de la nouvelle équipe dirigeante qu’un cri de détresse. D’autant plus qu’il intervient au lendemain de la mise en place par le MPRH d’une commission nationale d’étude et de valorisation de la pêche et des ressources halieutiques, du nettoyage administratif des dossiers de certains à l’origine des coups bas portés au MPRH, l’opération ne sera pas une mission de tout repos. D’autant que le ministre Sid Ahmed Ferroukhi a annoncé les couleurs de la démarche qu’avec son équipe et la Chambre algérienne de la pêche et aquacole, il se prépare à entamer une offensive. Durant son précédent mandat de 2015, Il avait vécu des situations similaires. Ce qui ne l’avait pas empêché d’enregistrer des améliorations dans les rendements de poissons toutes qualités confondues. Dans sa démarche, le ministre doit se préparer à des attaques frontales de certains acteurs influents des activités de la pêche et de bien d’autres énergumènes dont les activités sont liées avec la mer.
C’est dire que le soutien qu’il a sollicité et obtenu de la Chambre nationale de la pêche et de l’aquaculture (CNPA) et des 14 commissions des wilayas côtières, l’ont sérieusement motivé à aller de l’avant. Cet ensemble de partenaires aura fort à faire pour remettre de l’ordre dans ce dossier pêche Algérie. D’autant que les actes de déstabilisation ont tendance à se multiplier ces derniers jours. Le moment choisi par le ministre S.A. Ferroukhi pour s’attaquer à la manipulation et à la diversion toute option dans ce secteur de la pêche qu’il a quitté en 2015 malgré les améliorations constatées dans la production du poisson qu’il avait enregistrées. Aujourd’hui, son secteur totalise des milliers d’adhérents dans les différentes Chambres de wilaya. Elles représentent un espace de concertation entre les autorités publiques et les professionnels. Celles-ci réunies dans un secteur qui ne cesse de grandir avec ses 44 ports de pêche, emploient plus de 110.000 personnes.
Dans la démarche du MPRH, il serait question d’une initiative pour la transparence dans les pêches à entamer prochainement. Elle est prévue pour être organisée au lendemain d’un forum dont la date n’a pas été précisée. Il regroupera l’ensemble des acteurs et partenaires de l’économie bleue, le dont le vice-président de la Chambre algérienne de la pêche et des ressources halieutiques, Telli Chérif, a parlé de l’élevage du poisson dans des cages flottantes. C’est ce que fera certainement paraître le décret émis par l’organisation des pécheurs artisans en coopératives prévu pour prochainement. Sid Ahmed Ferroukhi et M. Chérif Telli, également représentant national de la corporation des patrons pêcheur l’ont annoncé. Le décret en question s’inscrit dans le cadre du programme d’action du Gouvernement et pouvant être élargi à l’aquaculture.
Ils ont également précisé que la création de coopératives est «un mécanisme collectif qui englobe les opérateurs possédant les capacités humaines et matériels à même de leur permettre d’exercer à haut-niveau. Contrairement aux associations professionnelles de pêche qui activent actuellement, ces coopératives, revêtent un caractère économique et commercial. Elles permettent à leurs affiliés d’investir dans le domaine de la production et la commercialisation. Selon des sources proches de l’institution, une réflexion est en cours pour l’introduction de facilitations juridiques à même de servir de base opérationnelle pour cette nouvelle organisation. «Ce faisant, celle-ci deviendra opérationnelle sur le terrain et facile d’accès pour les bénéficiaires», notamment les professionnels concernés, aurait relevé le ministre. Il a insisté, dans ce sens, sur la nécessité de proposer des formules juridiques pour «intégrer» l’ensemble des professionnels et artisans, sans exclusive, y compris des petits métiers dans la nouvelle réglementation.
A. Djabali