Malgré ces deux chocs, «l’Algérie ne vendra pas son gaz à perte», affirme Attar

Stagnation du marché gazier en raison du Covid-19 et de la crise économique

Les pays exportateurs de gaz naturel sont confrontés depuis presque un an à la stagnation du marché gazier mondial en raison de la crise sanitaire du Covid-19 et du confinement des populations qui ont agi à la manière d’une situation de guerre dans laquelle ces pays tentent de relativiser la gravité de la situation afin de sortir de l’impasse dans laquelle leur croissance économique s’est perdue.

Pour faire face à l’impétuosité de la propagation du Covid-19, les pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) devraient se «réorganiser en vue de compenser la stagnation enregistrée dans le monde de gaz naturel, causée notamment par la Covid-19 et absorber l’offre excédentaire», a recommandé, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, lors de son intervention au cours de la réunion du GECF, avant-hier. Il a rappelé l’intérêt que porte l’Algérie au développement de cette «source naturelle abondante et souple» pour garder la main sur ses marchés à travers le monde, affirmant que «l’Algérie ne vendra pas son gaz à perte». Dès le premier jour de la 22ème réunion de GECF, M. Attar a évoqué la stratégie de l’Algérie visant à faire face à toutes les menaces exogènes en saisissant les opportunités qu’offrent les marchés émergents et qui commencent à retrouver leur activité économique stratégie, notamment, en Asie.
«Un développement massif des ressources gazières de l’Algérie a été réalisé pour financer son développement économique et améliorer les conditions de vie de sa population. Cela se poursuivra à l’avenir grâce aux importantes ressources gazières», a-t-il souligné, ajoutant, dans le même sens, que «plus de 20 milliards de dollars devraient être investis au cours des cinq prochaines années dans le développement de la chaîne gazière». Cet investissement devrait répondre à l’urgence et aux besoins du monde après la disparition de la pandémie et la reprise des échanges économiques internationaux. Le ministre a invité les pays exportateurs de gaz à se réorganiser et à adopter une approche plus réaliste pour mesurer l’apport de l’activité de ce secteur névralgique. «Pour compenser la stagnation dans le monde de gaz naturel, nous devons nous réorganiser et nous réinventer pour augmenter nos forces en ces temps difficiles», a-t-il indiqué.
En plus de mettre en place une planification stratégique, l’Algérie adaptera les nouvelles approches de la recherche et de la gestion des données du GECF, pour promouvoir «la coopération dans le transfert de technologie entre les pays membres, en particulier par le biais de l’Institut de recherche sur le gaz, qui devient opérationnel en Algérie», a précisé le premier responsable du secteur. Optimiste quant à l’amélioration «des conditions du marché», et prudent quant au «nombre de risques et d’incertitudes qui reste énorme, qu’ils soient liés à la pandémie ou à l’état de l’économie». «Ces deux chocs ont interrompu l’activité économique et imposé des limites sévères aux ressources budgétaires disponibles pour amortir l’impact socio-économique et soutenir la reprise», a-t-il poursuivi, en insistant sur la nécessité pour «les membres du GECF d’adapter leur réflexion aux problèmes qui les attendent».
Expert dans le domaine gazier, le ministre de l’Energie a relevé lors de cette réunion tenue par visioconférence l’importance du gaz naturel qui demeurait, selon lui, «la source d’énergie la plus prometteuse et la plus polyvalente, du fait qu’il est écologique et abordable, et il devient de plus en plus accessible aux consommateurs», faisant référence, à cet effet, aux perspectives qu’offre le marché mondial de gaz d’ici 2050 grâce à la hausse de 5% de la demande mondiale de gaz naturel. «Ses attributs propres font désormais partie des conversations importantes sur les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, et l’augmentation attendue du mix énergétique mondial est un fait prometteur», a-t-il ajouté.
Pour pouvoir passer le cap et surmonter la crise sanitaire et économique qui secoue le monde en général et les pays producteurs de gaz en particulier, M. Attar mis en avant l’importance de se réorganiser et surtout de redéfinir les priorités et les objectifs des compagnies spécialisées dans le domaine en interne et en externe par le biais des partenariats étrangers. Sans pour autant vendre les prix du gaz à perte, comme était le cas avec les prix du pétrole qui ont été cédé en plein crise sanitaire et pétrolière à 14 dollars, ce que refuse le ministre de l’Energie.
Samira Takharboucht