Anarchie, spéculation et flambée des prix dans le marché de l’immobilier

Annaba : plus de 20% du parc immobilier est vétuste

Des propriétaires comme des promoteurs et des agences immobilières ont fait savoir au bureau régional de La Nouvelle République que les prix des logements de nos jours en Algérie restent très élevés par rapport aux salaires appliqués, et par rapport à certains pays voisins.

La forte demande de location est en train de s’accroître malgré les prix exigés sur le marché de l’immobilier. En tout état de cause, Alger reste parmi l’une des villes les plus chères au monde, compte tenu des prix pratiqués dans son territoire. Le mètre carré se négocie à partir des 4.000 euros dans les quartiers comme Hydra, El Mouradia ou Poirson, soulignent certains bâtisseurs. Le prix d’achat du mètre carré à Paris qui est de 7.745 euros soit 9.468,48 DA est trop élevé par rapport à d’autres pays de l’Hexagone. Or, le parc logement total recensé en fin 2015 fait état de 174.208 habitations dont 11.000 unités précaires implantées dans le chef- lieu de la wilaya d’Annaba, alors qu’en 2020, l’on recense 609.500 habitants vivants dans des logements dont 20% restent vétustes. Le mètre carré à Annaba coûte 360 euros en devis et un F4 se vend à 1 milliard de DA, d’après des estimations communiquées par certains agents immobiliers qui exercent d’ores et déjà sur le chef-lieu de la wilaya d’Annaba, c’est plus de 20% des appartements du parc immobilier de la ville qui sont inoccupés par leurs propriétaires.
En effet, durant la saison d’été où fleurit le chiffre d’affaires des agences immobilières grâce à de nombreuses affaires lucratives dans la location d’appartements sur le marché local. Selon nos informateurs, les ensembles immobiliers d’Annaba datent des années 50 mis à part l’ancienne vieille ville qui avait été bâtie durant les années 20 et la majorité du parc immobilier hérité des européens était capable de couvrir uniquement les besoins en matière de demande de logements jusqu’en 1969. L’on souligne à cet effet que comparativement aux villes comme Alger, Oran et Constantine, la wilaya propose peu d’offres d’habitations à louer par rapport à une grande demande. Certains courtiers contactés, nous ont confié que nombreux sont les propriétaires qui difficilement acceptent de louer leurs maisons inoccupées à cause des contraintes que posent certains locataires qui ne veulent pas quitter des fois les lieux à l’expiration du bail de location. Beaucoup d’entre eux acceptent seulement de louer le logement pour usage professionnel.
D’autres, par contre, refusent et préfèrent garder leurs appartements vides et fermés. Or, les tarifs à la location, ajoute-t-on, ne sont pas épargnés pour un citoyen simple qui notamment se trouve dans l’obligation de verser une avance d’une année plus un paiement du 13e mois exigé par l’agence immobilière. A titre illustratif, un simple F3 peut de nos jours coûter 35 à 40 mille DA au centre- ville. La location d’appartements de 2 pièces oscille entre, nous informe-t-on, 20 mille DA et 25 mille DA et une vente d’un F4 sur le littoral s’affiche à 3,5 milliards de centimes. Pour ce qui concerne les villas inoccupées situées dans des quartiers résidentiels, seules les grandes sociétés peuvent les louer moyennant un loyer évalué entre 90.000 DA et 100.000 DA par mois, où plusieurs propriétaires préfèrent dans la majorité des cas louer un étage seulement, alors que la vente d’une villa peut rapporter la somme de 25 à 30 milliards cache, a-t-on souligné auprès des agents immobiliers.
Dans ce contexte, il faut signaler aussi que pas mal de fonctionnaires de l’Etat qui avaient bénéficié de logements sociaux transgressent la loi en sous-louant leurs appartements à des tiers pour une somme estimée à 80.000 DA mensuelles, tandis qu’ils ne payent qu’un loyer dérisoire de 1.000 DA à l’OPGI, précise-t-on. A ce titre, il est à relever que ces derniers mois, des enquêtes fiscales ont été ouvertes pour déterminer les zones d’ombres constatées dans des ventes de biens privés, notamment des logements très chers par certains promoteurs exerçant à Annaba, à hauteur de 1,8 milliard de centimes et qui avaient été déclarés au fisc à près de quatre cent millions de centimes seulement, tout en fournissant de fausses déclarations aux impôts, nous a-t-on fait savoir.

Anarchie dans l’activité immobilière
A en croire nos indicateurs, le marché de l’immobilier fait actuellement face à une flambée des prix dans les ventes et les achats des unités mises sur le marché dont, constate-t-on, plusieurs clients achètent des habitations à plus de 1 milliard de centimes, même s’ils se situent dans une zone extramuros. Une flambée due, d’après des gens du secteur à de nombreux facteurs à l’exemple d’une augmentation des prix des matériaux de construction. En outre, les prix du mètre carré ne cesse de battre des records d’une année à l’autre et c’est plus de deux millions de centimes le m² dans une simple bourgade, a-t-on précisé. Les récentes informations publiées par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme révèlent un nombre de 1.280 promoteurs immobiliers dont 82% sont des privés et 18 % publics ainsi que 31.800 entrepreneurs immobiliers. A noter enfin qu’une réelle anarchie et spéculation touche malheureusement ce secteur très sensible et trop convoité par des milliers de citoyens, ajoutent des professionnels de l’immobilier.
La modernisation des villes est le domaine de promoteurs compétents et non l’affaire de l’Etat, le gouvernement a pris les mesures pour que le maximum du parc soit mis en exploitation à travers les dispositions de la loi de Finances 2007 et favoriser la location pour mettre en exploitation les biens immobiliers, sachant que le parc total des logements publics géré par les OPGI est de 800.000. Pour ce qui est du plan 2010-2014, 2.000.000 logements étaient programmés dont 1.200.000 livrés durant la période quinquennale. Parmi ces habitations, 800.000 devront êtres de nature socio-locative et le reste (1.200.000), bénéficieront de l’aide de l’Etat (logements socio-promotionnels, et ruraux). Dans ce même contexte, il est prévu la résorption de l’habitat précaire pour son éradication totale. Enfin, il faut savoir a ce sujet que lorsque l’Etat fixe le prix d’un bien, l’acquéreur qui le revend ne déclare pas la totalité du prix pour payer moins de taxes. D’où l’indispensabilité de revaloriser le parc immobilier et de baisser davantage la fiscalité.
Oki Faouzi