Quelles perspectives pour l’économie algérienne entre 2021/2022 ?

Face à la crise mondiale et à la dégradation des indicateurs économiques et sociaux

Le monde traverse une crise inégalée où selon le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE, le chômage et l’exclusion sociale tend à s’étendre au niveau planétaire, touchant surtout les pays les plus vulnérables, la croissance de l’économie mondiale ne devant revenir au niveau de 2019, en 2022 sous réserve de la maîtrise de l’épidémie du coronavirus.

Le seuil de rentabilité, sous réserve de trouver un partenaire de renom, ces deux filières étant contrôlées au niveau du marché mondial par quelques firmes demandent du temps. Si les projets sont lancés en 2022 au moins 5/7 ans, soit 2027/2029, donc ne devant pas attendre des entrées de devises avant cette date, alors que le monde économique aura profondément changé, et pour les projets PMI/PME, leur seuil de rentabilité se fera dans deux à trois ans. Le dernier rapport de janvier 2021 de la CNUCED, conséquence de la crise mondiale, montrant une baisse substantielle des IDE notamment vers le Maghreb et l’Afrique. Quant aux starts-up, prestataires de services, elles ont besoin d’un marché et d’un environnement concurrentiel, leur efficacité serait nulle à terme sans la dynamisation du tissu productif, l’élévation du niveau de qualification, et une efficacité des institutions nous retrouvons dans le même scénario de nombreuses faillites des projets de l’ANSEJ. Il s’agira impérativement de maîtriser la dépense publique, les coûts et la lutte contre les surfacturation et la corruption. Transparency International dans son rapport de janvier 2021 pour 2020, l’Algérie a été classée à 104e place sur 180 pays avec une note de 36 sur 100.
Selon cette institution internationale, une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1 000 milliards de dollars en devises entre 2000/2019, avec une importation de biens et services toujours en devises de plus de 935 milliards de dollars pour un taux de croissance dérisoire de 2/3% en moyenne alors qu’il aurait dû être entre 9/10% et une sortie de devises de 20 milliards de dollars en 2020 pour une croissance négative selon le FMI de 6%. Mais soyons réalistes, entre 2021/ 2025, comme pour les années passées, 98% des recettes en devises avec les dérivées dépendront toujours des hydrocarbures, nécessitant une nouvelle politique énergétique axée sur l’efficacité et la transition énergétique devant fusionner le ministère de l’Energie et celui de la Transition énergétique pour plus de cohérence.
Il s’agit d’entrevoir un nouveau management de Sonatrach et de Sonelgaz dont la production en volume physique est en baisse, Sonatrach ayant signé des mémorandums qui ne sont pas des contrats définitifs, ayant attiré que peu d’investisseurs potentiels sur le terrain devant revoir l’actuelle loi des hydrocarbures. Selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), publié dans son rapport mensuel le 12 mars 2021, la production algérienne de pétrole a atteint 878 000 barils en février 2021 contre 874 000 barils par jour en janvier, contre plus de 1,5/1,2million de barils entre 2007/2010. En fonction des dernières décisions de l’OPEP+ et ses alliés d’augmenter son niveau actuel de production de 350 000 barils par jour, en mai et juin, puis de 450 000 b/j en juillet, avec une part fixée à l’Algérie de 11 000 bj en mai et 14 000 barils/j en juin, à un cours moyen de 60 dollars le baril (la moyenne en 2021 devant fluctuer entre 60/65 dollars le cours du 5 avril étant de 62,25 dollars le Brent et 58,77 dollars le Wit, pouvant descendre en dessous de 60 dollars en cas de non retour à la croissance de l’économie mondiale), nous aurons une recette additionnelle fluctuant entre 660 000 et 840 000 dollars, un montant faible, l’Algérie profitant peu de la hausse récente des prix.
Mais ne jamais oublier que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel dont le cours est passé de plus de 10 dollars le MBTU en 2009/2013 à moins de 2,70 dinars le MBT entre 2018/avril 2021 (bourse-5 avril 2021, 2,640 dollars le MBTU). En conclusion, l’Algérie, pays à très fortes potentialités, est un acteur stratégique de la stabilité de la région euro-méditerranéenne et africaine (A. Mebtoul Africapresse, Paris 3 avril 2021). Bien que selon le FMI, le PLF-2021, fonctionne sur la base d’un cours supérieur à 110 dollars, l’Algérie possède des marges de manœuvre où selon le rapport du FMI de mars 2021, la dette publique globale s’établit à 51,4% du PIB en 2020 contre 45,6% en 2019 avec une dette publique intérieure de 50,8% en 2020 contre 45% en 2019 et une dette extérieure faible de 0,6% du PIB contrairement à ses voisins du Maghreb.
Pour être un acteur actif, l’Algérie a besoin de profondes réformes de son système politique et socio-économique, tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable, marqué par la transition énergétique et numérique (voir A. Mebtoul, revue internationale Euro Money Londres, intervention au Caire 1999. Les réformes en Algérie et le jeu des acteurs internes et externes reproduit dans l’ouvrage réformes et démocratie Casbah Editions 2005, 520 pages). Cela implique de s’éloigner des pratiques rentières du passé où les réformes doivent être menées par des réformateurs qui ont besoin d’une base sociale active et qui trouveront des résistances des conservateurs des tenants de la rente. Cela n’est pas une question d’âge mais de mentalités et de convictions pouvant trouver un jeune formaté à l’ancienne culture rentière soviétique.
(Suite et fin)
Professeur des universités Expert international Dr Abderrahmane Mebtoul