Abandon définitif de l’essence super avec plomb dès juillet

Trois raffineries bientôt opérationnelles pour couvrir la demande de lubrifiants

L’Algérie abandonne définitivement l’essence super avec plomb. A partir du mois de juillet de l’année en cours, ce carburant qui contient du plomb ne sera plus commercialisé au niveau des stations-services nationales et devra être remplacé par deux types d’essence, à savoir, l’essence sans plomb et l’essence normal, comme annoncé par le ministre de l’Energie et des Mines, quelques mois plus tôt.

A partir de cette date officielle, les «automobilistes devront utiliser l’essence sans plomb ayant un indice d’octane unifié valable pour tous les véhicules», a déclaré, hier, le président du Comité de direction de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil, lors de son passage sur les ondes de la radio algérienne, Chaîne III, assurant que «toutes les dispositions nécessaires pour commencer le retrait définitif de ce type de carburant sont finalisées et l’opération de nettoyage des réservoirs du carburant en prévision de l’arrêt définitif de l’emploi du plomb est toujours en cours». La suppression définitive de la vente de l’essence super avec plomb au niveau des stations-services exige le nettoyage des réservoirs de ces stations, contenant du plomb et les préparer à la commercialisation des deux types de carburant sus-cités. La raison de ce renoncement est due, selon M. Nadil Rachid, «à la baisse de consommation du carburant à l’échelle nationale à cause de la pandémie du Coronavirus», ce qui a incité de nombreux conducteurs à la conversion de leurs véhicules au Gaz de pétrole liquéfié(GPL), appelé communément «Sirghaz».
Une démarche plutôt appréciée vu que les pouvoirs publics prônent son utilisation depuis des années, sous prétexte que ce carburant est plus propre, moins cher et moins nocif pour l’environnement. Pour relever ce défi et généraliser l’utilisation du GPL/c, l’Algérie devra mettre en place les moyens nécessaires et lancer la production locale de kit GPL/c afin de généraliser son utilisation par les automobilistes. L’invité de l’émission de la Chaîne III «Invité de la rédaction», a révélé, à ce propos, que l’Algérie a conclu un partenariat avec les Polonais en vue de «produire les équipements de liquéfaction du gaz pour les camions, automobiles et engins roulant au diesel. Ce partenariat a permis de réduire de 40% le prix de ce produit», a-t-il souligné. L’Algérie devra aussi investir dans la production de l’essence afin de couvrir la demande locale et arrêter effectivement comme souhaité l’importation de carburants. Une autre alternative pour éviter les pénuries de carburants sans plomb et normal après la suppression de l’essence super avec plomb.
Dans ses déclarations à la radio nationale, le président du Comité de direction de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), a indiqué que «la capacité de production de la Sonatrach est de 4 millions de tonnes d’essences par an, tandis que le consommation nationale est d’environ 3,7 millions de tonnes par an», estimant d’autre part, que la compagnie nationale des hydrocarbures «est apte désormais à honorer la demande du marché national en lubrifiants avec une capacité de production de 4 millions de tonnes annuellement». Il a assuré, dans ce sillage, que «trois raffineries de lubrifiants sont prêtes à produire après achèvement des travaux de construction et six autres projets sont en cours de réalisation». Cette capacité de production devra répondre aux besoins du consommateur algérien et mettre un fin aux pénuries en matières de carburant.
Toutefois, les automobilistes font face à un autre problème celui de l’absence de stations d’essences suffisantes dans le Sud du pays et dans les zones enclavées. Un état de lieu que l’intervenant déplore, reconnaissant que «le nombre de 2.800 stations- services éparpillées sur une étendue vaste comme celle de l’Algérie reste de loin insuffisant, invitant les Algériens à s’investir dans ce créneau pour améliorer la donne notamment la couverture au Grand Sud». En dépit de ce manque en infrastructures, le président de l’ARH estime que l’Algérie peut couvrir amplement ses besoins locaux, évaluant le taux de consommation nationale «entre 160 et 180 mille tonnes». «Ce plafond de production constitue un danger pour l’environnement», a-t-il regretté, rappelant que l’Algérie figure parmi les pays les plus polluants avec le gaz torché. Elle a été épinglée plusieurs fois par la Banque mondiale (BM). Pour réduire cette pollution, M. Nadil a proposé le recyclage «des huiles utilisées pour leur intérêt économique d’autant que le processus peut-être générateur de postes emploi», a-t-il fait remarquer.
Samira Takharboucht