La dernière ligne vers l’APN

Les candidats terminent leur campagne

C’est aujourd’hui que prend fin la campagne électorale des législatives du 12 juin. Lancée le 20 mai, elle a consisté en plus de 6.000 activités, entre meetings et rencontres de proximité, organisées par les représentants de partis politiques et de listes d’indépendants engagés dans cette opération de renouvellement de l’Assemblée populaire nationale (APN, 407 députés).

En principe les électeurs sont avertis pour voter en connaissance de cause. Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) Mohamed Charfi a assuré que toutes les dispositions garantissant la probité et la transparence de la campagne électorale et du vote, d’une part, et le respect des mesures de prévention contre le Coronavirus, d’autre part, ont été prises. Un plan de prévention sanitaire contre la Covid-19, couvrant les encadreurs, les centres et les bureaux, a été mis en place à cet effet, en coordination avec le ministère de la Santé et l’ensemble des services concernés. Ces élections législatives sont organisées dans le cadre de nouvelles dispositions légales. C’est la première campagne électorale dans le cadre de la nouvelle loi organique relative au régime électoral qui accorde des facilités sans précédent dans notre pays aux jeunes candidats des listes indépendantes.
Dans un point de presse consacré à l’évaluation de la deuxième semaine de la campagne électorale, Mohamed Charfi a indiqué que le montant des aides consacrées par l’Etat aux jeunes candidats de moins de 40 ans «s’élève à 464.400.000 DA octroyé à 1.548 jeunes inscrits dans 247 listes indépendantes, pour leur permettre de mener leur campagne électorale. Ces aides couvrent, comme promis par le Président Abdelmadjid Tebboune, la prise en charge par l’Etat des dépenses relatives aux frais d’impression des documents, d’affichage et de publicité, de location de salles et de transport, tel que le prévoit la loi. La loi organique relative au régime électoral stipule qu’en dehors de la campagne électorale qui est déclarée ouverte 23 jours avant la date du scrutin et qui s’achève 3 jours avant cette date, «nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit», faire campagne en dehors de la période prévue par la loi.
Les candidats ont mis à profit leurs rencontres avec les citoyens et leurs interventions dans les médias pour exposer leurs programmes mais aussi pour exhorter les électeurs à participer en force à ce scrutin présenté comme étant «crucial» pour la stabilité du pays et la relance du développement. La campagne électorale a révélé la forte présence des jeunes et des femmes, confirmée par Mohamed Charfi qui a noté que 13.009 jeunes dont 5.743 femmes, sont candidats à l’élection du 12 juin. Le niveau d’instruction des candidats a également été noté : 19.942 candidats sont de niveau universitaire, soit 74 % de l’ensemble des candidats, ce qui fait dire au président de l’ANIE que la prochaine APN connaîtra une «véritable dynamique». Autre caractéristique inédite : les candidats de la société civile sont portés sur 837 listes d’indépendants alors que les candidats des partis politiques sont présentés par 646 listes.
La présence d’hommes d’affaires passe inaperçue alors qu’elle avait été fortement médiatisée dans l’APN précédente marquée par la domination de l’argent (la chkara) qui a facilité la fraude électorale. L’APN future devrait être soustrait à l’influence de l’argent et à la pression des lobbys d’affaires et des oligarques aux fortunes mal acquises et qui ont fait tant de mal à l’Algérie. Dans l’ancienne APN, les hommes d’affaires, dont certains sont actuellement en prison, ont constitué une forte proportion de députés. Le Président Tebboune, avait annoncé en février dernier la dissolution de l’APN et l’organisation d’élections législatives anticipées, indiquant qu’un changement profond du Gouvernement interviendra «en fonction de l’issue de cette échéance».
Dans la future APN, ce sont le mérite et l’engagement pour le pays qui devraient distinguer les députés et non pas leurs fortunes. La future APN qui sera composée majoritairement de jeunes compétents, le plus souvent issus de la société civile, sera plus crédible que la précédente APN entachée de fraude et soumise au diktat des puissances de l’argent. Des députés compétents seront en mesure de soulever les préoccupations des citoyens et contribuer à produire des lois au profit de la société et non pas taillée sur mesure pour des groupes d’intérêts.
Lakhdar A.