Le Pakistan n’autorisera pas les Etats-Unis à utiliser des bases militaires sur son sol

Pakistan/USA

Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré hier que son pays n’autorisera pas les services de renseignement américains à utiliser des bases militaires sur son sol pour mener des opérations en Afghanistan, après le retrait de l’armée américaine de ce pays voisin. «Il n’est pas possible d’autoriser les Etats-Unis à utiliser nos bases pour une quelconque opération en Afghanistan», a déclaré Imran Khan.

Il n’a en outre pas manqué de critiquer les gouvernements pakistanais précédents qui avaient donné la possibilité aux USA d’utiliser des bases pakistanaises dans leurs opérations, notamment de drones, en Afghanistan, a rapporté le média turc. Le Premier ministre du Pakistan a également tenu à rappeler que depuis sa prise de fonction en 2018, les drones américains n’ont lancé aucune attaque contre les territoires afghans à partir du sol pakistanais. L’agence de presse turque Anadolu a indiqué qu’en mai 2021, le directeur de la CIA William Burns s’était rendu au Pakistan pour tenter à convaincre Imran Khan à changer de position vis-à-vis de l’utilisation des bases pakistanaises par les USA. Une demande rejetée par le Premier ministre pakistanais. Un échec évident pour les américains. S’il est vrai que le Pakistan fut longtemps considéré comme un allié régional important pour Washington, l’évolution de sa politique et les changements internationaux semblent avoir clairement fait changer de cap à Islamabad. Entretenant des relations depuis les dernières années très proches avec Pékin, devenu le premier partenaire économique du Pakistan, ainsi que des relations cordiales avec Moscou et Téhéran.
Ce pays stratégique de plus de 200 millions d’habitants (cinquième population mondiale) et puissance nucléaire est devenu en 2017, au même titre que l’Inde, membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en y rejoignant la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. A noter que l’organisation compte également l’Iran en qualité de membre-observateur, avec une forte probabilité qu’il devienne également membre à part entière. Selon toute vraisemblance ce que n’avait pas prévu Washington c’est que le Pakistan puisse prendre une telle distance à son encontre, tout en poursuivant le rapprochement actif avec Pékin et l’intégration au sein du grand espace eurasien, auquel le Pakistan appartient indéniablement. La fermeture d’accès à ses bases aux USA sonne comme un coup dur pour l’Amérique. D’un autre côté, le Pakistan étant une puissance régionale et continentale indéniable, possédant une force de frappe qui n’est pas à présenter, se trouvant dans une relation d’alliance avec la Chine et autres grandes puissances pourrait sans le moindre doute créer plus de problèmes pour la présence US dans la région que le contraire.
Washington le comprend-t-il ? Certainement. Les Etats-Unis ont assuré que la totalité de leurs troupes seraient parties d’Afghanistan d’ici fin août 2021, quelques heures après l’annonce du départ de l’ensemble des militaires américains et de l’Otan de la base aérienne de Bagram, la plus grande du pays. Les talibans se sont réjouis du départ des troupes étrangères de ces installations situées à 50 km au nord de Kaboul qui ont été le pivot des opérations américaines tout au long de la guerre déclenchée en 2001. «L’aérodrome de Bagram a été officiellement remis au ministère de la Défense. Les forces américaines et de la coalition se sont complètement retirées de la base et désormais les forces armées afghanes la protégeront et l’utiliseront pour combattre le terrorisme», a tweeté le porte-parole adjoint du ministère afghan de la Défense, Fawad Aman.
Le porte-parole des Talibans, Zabihullah Mujahid a annoncé que leur retrait complet d’Afghanistan permettra aux Afghans de décider eux-mêmes de leur avenir. Les derniers soldats américains quitteront le territoire afghan d’ici fin août, a indiqué la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki, soit avant la date qui était celle du 20ème anniversaire des attentats de 2001. Les Talibans ont quant à eux partout multiplié leurs offensives depuis que ce retrait final a débuté en mai, s’emparant de dizaines de districts ruraux, pendant que les forces de sécurité afghanes consolidaient leurs positions dans les grandes villes.
Oki Faouzi