La « pulsion de mort » de l’OTAN détruira non seulement l’Europe, mais aussi le reste du monde

Guerre froide

Il faut bien mesurer la gravité de ce à quoi nous sommes confrontés. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la Russie, de se prononcer sur la nature de sa réponse face à l’OTAN, sur qui est Poutine par rapport à Biden, ou Macron, mais de bien voir que le refus de négocier la guerre à n’importe quel prix est une voie qui ne peut être suivie.

L’enjeu réel est là et il impose comme le fait cet article de bien comprendre les responsabilités et de dénoncer la propagande de guerre qui nous entraîne vers le pire en feignant d’imaginer que l’on arrêtera la guerre en l’alimentant et en renforçant ceux dont c’est le seul objectif partout et toujours. Désormais des voix se font entendre pour proposer un véritable mouvement en faveur de la paix, il est effectivement indispensable mais pour prendre de l’ampleur pour convaincre largement il faut qu’il prenne la responsabilité d’en finir avec les ambiguïtés, le renvoi dos à dos, il faut dire qui est à l’origine non seulement du conflit en Ukraine, mais de l’accumulation partout de brasiers prêts à s’enflammer.
Il est difficile de comprendre pourquoi les politiciens occidentaux et les médias grand public ne parviennent pas à percevoir le danger existentiel qu’ils ont imposé à la Russie et imprudemment au reste d’entre nous. L’insistance de l’OTAN sur sa politique dite de « porte ouverte » est solipsiste et ignore allègrement les intérêts légitimes de sécurité de la Russie. Aucun pays ne tolérerait ce genre d’expansion. Certainement pas les États-Unis si, en comparaison, le Mexique était tenté de rejoindre une alliance dirigée par la Chine.
L’OTAN a fait preuve de ce que j’appellerais une intransigeance coupable et son refus de négocier un accord de sécurité à l’échelle européenne, voire mondiale, a constitué une forme de provocation, déclenchant directement la guerre actuelle en Ukraine. De plus, il est facile de comprendre que cette guerre pourrait très facilement dégénérer en anéantissement nucléaire mutuel. Ce n’est pas la première fois que l’humanité se trouve confrontée à une grave crise qui aurait pu être évitée en tenant les promesses faites à feu Mikhaïl Gorbatchev par l’ancien secrétaire d’État américain James Baker et par d’autres responsables américains. L’expansion de l’OTAN vers l’Est depuis 1997 a été perçue par les dirigeants russes comme une violation grave d’un accord de sécurité crucial à connotation existentielle. Elle a été perçue comme une menace toujours croissante, une « menace de recours à la force » aux fins du paragraphe 4 de l’article 2 de la Charte des Nations unies. Cela comporte un risque grave de confrontation nucléaire, car la Russie dispose d’un énorme arsenal nucléaire et des moyens de lancer les ogives.La question importante qui n’est pas posée par les médias grand public est la suivante : pourquoi provoquons-nous une puissance nucléaire ? Avons-nous perdu le sens des proportions ? Jouons-nous une sorte de « roulette russe » avec le destin des générations futures d’humains sur la planète ? Il ne s’agit pas seulement d’une question politique, mais aussi d’une question sociale, philosophique et morale. Nos dirigeants n’ont certainement pas le droit de mettre en danger la vie de tous les Américains. Il s’agit d’un comportement hautement antidémocratique qui devrait être condamné par le peuple américain. Hélas, les médias grand public diffusent de la propagande anti-russe depuis des décennies. Pourquoi l’OTAN joue-t-elle à ce jeu très risqué de « va bank » ? Pouvons-nous également mettre en danger la vie de tous les Européens, Asiatiques, Africains et Latino-Américains ? Juste parce que nous sommes des « exceptionnalistes » et que nous voulons être intransigeants sur notre « droit » d’élargir l’OTAN ?
Prenons une profonde respiration et rappelons-nous à quel point le monde était proche de l’Apocalypse au moment de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962. Dieu merci, il y avait des gens qui avaient la tête froide à la Maison Blanche et John F. Kennedy a opté pour une négociation directe avec les Soviétiques, parce que le destin de l’humanité était entre ses mains. J’étais lycéen à Chicago et je me souviens avoir regardé les débats entre Adlai Stevenson III et Valentin Zorine (que j’ai rencontré de nombreuses années plus tard lorsque j’étais haut fonctionnaire des droits de l’homme à Genève).
Il est déplorable que des pays neutres comme la Suisse n’aient pas parlé au nom de l’humanité alors qu’il était encore possible d’arrêter le déclenchement de la guerre. Même maintenant, il est impératif d’arrêter la guerre. Quiconque prolonge la guerre commet un crime contre la paix et un crime contre l’humanité. Les tueries doivent cesser aujourd’hui et toute l’humanité devrait se lever et exiger la paix maintenant .
Je me souviens du discours d’ouverture de John F. Kennedy à l’American University de Washington DC le 10 juin 19633. Je pense que tous les politiciens devraient lire cette déclaration remarquablement sage et voir à quel point elle est pertinente pour résoudre la guerre actuelle en Ukraine. Le professeur Jeffrey Sachs de l’Université Columbia à New York a écrit un livre perspicace à ce sujet.
En faisant l’éloge de la classe de finissants, Kennedy a rappelé la description de Masefield d’une université comme « un endroit où ceux qui haïssent l’ignorance peuvent s’efforcer de savoir, où ceux qui perçoivent la vérité peuvent s’efforcer de faire voir aux autres ».
Par Alfred de Zayas
A Suivre …