La crise mondiale 2020/2021 et ses impacts économiques et sociaux

Économie

Le monde assiste à une crise inégalée depuis la crise de 1928/1929, contrairement à la crise de 2008/2009 qui touchait la sphère financière, touche à la fois la sphère réelle et par ricochet la sphère financière et la sphère sociale Les gouvernants se trouvent confrontés à trois dilemmes. Le premier scénario est continuer le confinement quitte à étouffer la machine économique avec les risques neuro psychologiques et surtout le risque d’exploitations sociales pour ceux qui n‘ont pas de revenus et de protection sociale. surtout dans des pays où domine la sphère informelle.

Le second scénario est le dé-confinement total avec le risque d’un désastre sanitaire avec des millions de morts, qu’aucun Etat et système sanitaire ne pourraient supporter avec le risque d’une déstabilisation politique de bon nombre de pays qui n‘ont pas d’assises populaire. La solution médiane est un dé-confinement progressif maitrisée conciliant l’aspect. Le choc de 2020 dû au coronavirus aura des effets durables sur l’économie du monde 2020/2021.

1- Une décroissance mondiale inégalée depuis la crise de 1928/1929
La Banque mondiale souligne que la contraction du PIB mondial par habitant sera d’une ampleur inédite depuis 1945-1946. Compte tenu des incertitudes accrues, particulièrement en ce qui concerne l’évolution du virus et la destruction de capacités industrielles, on ne peut pas exclure de nouvelles révisions à la baisse. De toute manière, le grippage des chaînes d’approvisionnement mondiales dû à la pandémie forcera les gouvernements à tout repenser et la politique économique qui sera sans doute ajustée si ce n’est complètement remaniée pour encourager un rapatriement de productions critiques. Cela concernera notamment les équipements sanitaires et de produits pharmaceutiques, avec des mesures protectionnismes et le resserrement des conditions financières, sous réserve qu’il n’ y ait pas une deuxième vague d’infections qui forcerait les gouvernements à envisager de réinstaurer le confinement avec un impact désastreux sur le marché du travail. La Banque mondiale estime ainsi qu’entre 70 et 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté, effaçant ainsi les progrès réalisés les trois dernières années dans la lutte contre la pauvreté. Avant cette crise sanitaire, l’institution tablait sur une nouvelle baisse en 2020 de la proportion de la population mondiale vivant avec moins de 1,90 dollar par jour. Dans cette perspective la Banque mondiale a prévu qu’: en cas de seconde vague de la pandémie ou si les autorités étaient contraintes de reprendre des mesures de confinement, le PIB mondial pourrait alors se contracter de 8 %.
Enfin, quand bien même, la reprise avec un taux de croissance de 4,2 % en 2021, il se matérialisait, « dans de nombreux pays, par de profondes récessions provoquées par la COVID-19 qui devraient peser sur la capacité de croissance pour les années à venir. Sans compter que la crise dans des économies largement informelles sera plus difficile à combattre, faute de moyens budgétaires suffisants et à cause d’une faible capacité administrative pour distribuer l’aide comme les indemnités de chômage. Ces perspectives sont d’autant plus alarmantes que la crise risque de laisser des séquelles durables et de donner lieu à des difficultés planétaires majeures, finance et institutions, la fermeture des écoles et les difficultés accrues d’accès aux soins de santé primaires ayant des effets durables sur le développement du capital humain. Les rapports de la banque mondiale et du FMI de juin 2020 analysent en détail la récession pour certaines régions. Pour le FMI dans son rapport du 24 juin 2020, une différence avec le rapport de la banque mondiale du 08 juin 2020, en 2021, la croissance mondiale devrait atteindre +5,4 %.où les pays avancés aurait une croissance négative de moins 8,0% avec une prévision de +,8% en 2021 contre 1,7% en 2019, et les pays émergents et pays en voie de développement une croissance négative de moins -3,0% avec une prévision de +5,9% en 2021 contre 3,7% en 2019.
Ainsi les Etats Unis aurait une croissance négative de moins -8% avec une prévision de +4,5 % en 2021 contre un taux de croissance +2,3% en 2021, ce pays connaissant un taux de chômage sans précédent ; l’Allemagne pilier de la zone euro un taux de croissance négatif de -7,8% avec une prévision de +5,4% en 2021 contre +0,6% en 2019 ; la France un taux de croissance négatif de -12,5% avec une prévision de +7,3% en 2021 contre +,5% en 2019, l’Italie une croissance négative de moins -12,8%, une prévision pour 2021 de +6,3% contre +1,4% en 2019. une croissance négative de moins -12,8%, avec une prévision de +6,3% en 2021 contre +2,0% en 2019 ; le Royaume Uni, une croissance négative de moins -10,2% avec une prévision de +6,3% pour 2021 contre +1,4% en 2019 ; le Canada une croissance négative de -4,8% avec une prévision de +4,9% en 2021 contre +1,7% pour 2019.
Pour le rapport de la banque mondiale du 08 juin 2020, pour l’Amérique latine et Caraïbes, en 2020, nous devrions avoir une contraction de 7,2 % de l’activité économique régionale en 2020. L’économie brésilienne devrait se contracter de 8 % , le Mexique, de 7,5 %., l’Argentine, de 7,3 % en 2020, le Chili -6,8%, la Colombie -8,5%, l’Uruguay -6,2% et d’une manière générale l’Amérique centrale devrait connaître un ralentissement économique de 3,6 % en 2020 et dans les Caraïbes, l’activité économique devrait se contracter de 1,8 %. Pour l’ Asie de l’Est et Pacifique, la croissance devrait chuter à 0,5 %, pour 2020, et pour l’Europe et Asie centrale de 4,7%. Ainsi pour certains pays de ces régions qui tirent la croissance de l’économie mondiale, nous avons : la Chine un taux de croissance positif de 1,0% taux faible depuis, l’empire du milieu ayant besoin d’un taux de croissance de 9/10% pour atténuer les tensions sociales idem pour l’Inde dont leur population, dépasse le milliard d’habitants l’Inde – 3,2%, qui irrigue l’économie mondiale notamment dans l’informatique, l’Indonésie, 0,0%, les Philippines -1,9% ,le Pakistan -2,6%, la Malaysie -3,1% la Mongolie -0,5% ,la Thaïlande -5,0%, le Bangladesh positif 1,6%, le Vietnam taux positif de 2,8%, Le Sir Lanka -3,2%, Russie -7,6%, Hongrie -5%, Bulgarie -6,2%, Roumanie -5,7%, Turquie -6,8%, l’Ukraine -7,2%, Kazakhstan -6,7% et la Pologne -4,2%. Pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’activité économique devrait se contracter de 4,2 % sous l’effet de la pandémie et de l’évolution du marché du pétrole, contre une prévision de 2,4 % dans l’édition de janvier 2020.
Les pays exportateurs de pétrole avec les risques de conflit élevés dans la région, des problèmes politiques pourraient perturber les programmes de réformes, étant donc les plus pénalisés par l’effondrement des prix du pétrole et l’affaiblissement des importations des économies avancées et des grands pays émergents. La banque mondiale estime pour ces pays une contraction d’activité de 5 % contre une croissance de 2 % annoncée dans les prévisions de janvier : l’Iran -5,3 % cette année), dans les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – 4,1 % . L’Algérie – 6,4 % loin des prévisions de la loi de finances complémentaire 2020 , l’Iraq 9,7 % , le Maroc -4%, la Tunisie (4%, L’Arabie Saoudite -3,8% l’Egypte – 3,0%, Emiraties, -4,5%, Koweït -5,4%, Bahreïn -4,5%, Qatar -3,5% . Pour Afrique subsaharienne l’activité économique de la région devrait se contracter de 2,8 % en 2020, repli le plus fort jamais enregistré, la croissance pouvant reprendre en 2021 de 3,1 % si la pandémie recule au deuxième semestre de cette année. L’économie nigériane devrait se contracter de 3,2 % en 2020, l’Angola -5,2% , l’Afrique du Sud une baisse de 7,1 % – la contraction la plus forte depuis un siècle . Pour d’autre pays d’Afrique dont le continent avait connu une forte croissance nous avons pour 2020, le Benin -5,5% contre 6 ;9% pour 2019, pour la même période 2020/2019, le Burkina- Faso 2,0% contre 5,7%, le Niger 1,0% contre 6,3% , l’Ethiopie 3,2% contre 9,0%, le Togo 1,0% contre 5,3% le Mali 0,9% contre 5,1% en 2019, l’Angola -4,0% contre -0,9% , la Cote d’Ivoire 2,7% contre 6,9%, le Cameroun -2,2% contre 3,9%, le Gabon -3,2% contre 3,3% ? le Kenya 1, 5% contre 5,4% , le Tchad -0,2% contre 3,2% et la Mauritanie incluse dans cette rubrique régionale -0,2% , contre 6,3%.

2- Accroissement de l’endettement des Etats et situation sociale mondiale explosive
Cette situation a un impact à la fois sur l’endettement des Etats et l’accroissement du taux de chômage. Pour le FMI , les mesures budgétaires annoncées sont désormais estimées à près de 11000 milliards de dollars dans le monde, contre 8 000 milliards de dollars dans le Moniteur des finances publiques d’avril 2020, la moitié de ce montant (5400 milliards de dollars) correspondant à des dépenses supplémentaires et à des recettes perdues , la moitié restante des 5 400 milliards de dollars correspondant à un apport de liquidités, sous forme de prêts, d’injections de capital et de garanties, notamment par l’intermédiaire des banques publiques et des entreprises publiques, ces mesures permettant de préserver les flux de trésorerie des entreprises et de limiter les faillites, mais pourraient alourdir la dette et creuser les déficits publics à l’avenir si elles devaient se solder par des pertes. La plus grande partie des mesures de relance budgétaire reste le fait des pays du Groupe des vingt (G- 20) dont les interventions représentent actuellement 6% du ¨PIB contre 3% en avril 2020. Dans le scénario de référence, la dette publique mondiale devrait atteindre un niveau record supérieur à 101% du PIB en 2020 –21, soit une hausse de 19 points de pourcentage par rapport à 2020. Comme le note plusieurs analystes dans le Finantial Times , le Monde.fr et les Echos.fr de juin 2020, reste que quelle que soit la façon dont les Etats s’attaqueront à cette montagne de 66 000 milliards de dollars (61 000 milliards d’euros) de dette − effacement partiel, intervention des banques centrales, cocktail de croissance et d’inflation −, celle-ci risque de peser longtemps sur les politiques publiques et le paysage politique. Quant à l’impact sur le taux d’emploi, le rapport de l’OCDE de juin 2020 met en relief que pour la baisse d’un point de taux de croissance, en moyenne annuelle, le taux de chômage s’accroit d’environ de 350.000 personnes, les femmes étant les plus vulnérables.
(A suivre)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul