L’État acte son passage vers la transition énergétique

Après l’avoir abandonné, l’Algérie relance le projet Desertec

Pour faire face à la crise économique doublée d’une crise sanitaire virulente, l’Algérie devra s’affranchir de sa dépendance aux énergies fossiles et mettre à l’oeuvre sa transition énergétique. Certes, l’accord conclu jeudi dernier par les pays de l’Opep+ est important pour stabiliser le marché pétrolier, mais demeure insuffisant en raison de la chute des indicateurs économiques mondiaux.

L’un des facteurs qui incitent l’Algérie à relancer le projet Desertec et lui donner corps pour se soustraire de sa dépendance à la rente pétrolière. L’accord préliminaire signé au début de ce mois avec l’Allemagne traduit la volonté de l’Algérie à entamer sa transition énergétique. «Vaut mieux tard que jamais». Après plusieurs mois de concertations, les deux parties, allemandes et algériennes, se sont entendues sur l’entame du projet. La signature d’un accord initial au début du mois d’avril en cours est un signe porteur et positif, sachant que l’Allemagne qui était parmi les initiateurs de ce mégaprojet avait regretté l’abandon de l’Algérie sous pression de certaines parties du projet. La mise en veille de ce projet, rappelons-le, a creusé l’écart entre l’Algérie et les pays voisins, en l’occurrence, le Maroc qui a investi dans la construction de la plus grande centrale solaire au monde. Pendant ce temps-là, l’Algérie enterre le projet Desertect et plusieurs autres projets de même envergure. Les recommandations des experts et l’intérêt des investisseurs étrangers pour développer le secteur des énergies renouvelables en Algérie ont été négligés. Aujourd’hui, le projet Desertec fait de nouveau l’actualité, l’Etat algérien semble s’intéresser de près à ce projet et projettent de concrétiser ce projet piloté par l’Allemagne. L’objectif des deux partenaires est d’exploiter l’énergie solaire dans le désert algérien et sa transformation en énergie électrique. C’est un processus gagnant-gagnant qui permettra à l’Algérie de se libérer des exportations des hydrocarbures qui sont en baisse régulièrement en raison de l’instabilité du marché mondial. Mais surtout profiter de l’expertise allemande afin de rattraper son retard en la matière et se soustraire de ses dépendances à l’étranger. Relancer ce projet s’inscrit dans la perspective et le défi d’amorcer la transition énergétique tant attendu. C’est ce qu’a affirmé, d’ailleurs, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, lors de son intervention sur les fréquences de la radio nationale, qui a estimé que «le projet Desertec a connu de grands progrès au cours de la dernière période, et que l’accord initial a été signé au début de ce mois», précisant que «le président et directeur général du Groupe Sonalgaz et le partenaire allemand sont ces jours-ci en contact continu à distance en vue de la préparation de l’accord technique dans l’objectif de définir les capacités naturelles et les qualifications que l’Algérie possède en terme d’ énergie solaire». Il a affirmé, de ce pas, que l’Etat algérien compte sérieusement cette fois-ci s’engager à donner corps à ce projet et accélérer la transition énergétique dans le pays, mais aussi économique, notamment, en ces temps difficile. Le développement de l’énergie propre est une priorité afin de compléter les efforts du secteur des hydrocarbures en difficulté depuis plusieurs mois. Lors de son intervention, M. Arkab est revenu, une nouvelle fois, sur l’accord de l’Opep+ et les démarches de l’Algérie pour valoriser ses ressources pétrolières et minières, en particulier. Le ministre a annoncé, à l’occasion, le «lancement dans le courant de cette année, de chantiers de réalisation de deux raffineries de pétrole, à Hassi Messaoud et Tiaret, aux fins de mettre un terme à la lourde facture d’importation de carburants». Le secteur de l’énergie semble en pleine effervescence ces dernières semaines. Il se prépare à affronter la crise économique de l’après pandémie.
Samira Takharboucht