L’Algérie en phase de briser les verrous socio-économiques

Se préparer à l’après-pandémie du Covid-19

«La situation est inquiétante, mais pas catastrophique», avait déclaré, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa dernière entrevue avec les responsables de médias nationaux durant laquelle, il a exprimé, explicitement, la volonté de l’Etat d’accélérer la mise en œuvre du plan présidentiel et du gouvernement afin de contenir la crise économique entraînant une crise financière sans précédent, après la dissipation du Covid-19.

Des programmes interrompus suite au déclenchement de la crise sanitaire, devenue une urgence nationale nécessitant la mise en place d’un plan d’action nationale pour lutter contre l’épidémie, en essayant, en parallèle, d’amortir le choc du confinement imposé par les autorités sur la situation socio-économique de la population. L’objectif est de maîtriser cette crise aggravant la situation financière du pays fragilisée par la crise pétrolière et l’arrêt de l’activité économique mondiale. Malgré ces crispations, les pouvoirs publics restent attentifs à la situation évolutive du marché national et décryptent les incohérences avant d’établir un plan de sortie de crise compatible et réalisable en un temps record. Du moins, c’est l’objectif fixé, au préalable. C’est ce que révèlent, également, les nouvelles dispositions de l’avant-projet de loi de Finances complémentaire 2020 (LFC 2020), examinées et approuvées lors de la récente réunion du conseil des ministres, témoignant de la volonté de l’Etat de s’affranchir des anciennes politiques et d’opérer des réformes sociales et économiques profondes, en adéquations avec ce que réclament le marché, les experts et les investisseurs. La suppression de l’impôt sur le revenu global (IRG), de même que le droit de préemption ainsi que la révision de la règle 51/49% régissant l’investissement étranger qui ont reçu un écho favorable étant une réponse à des appels récurrents et incessant formulés par des économistes et spécialistes depuis des années tendant à briser le monopole des lobbyings et aller vers un développement d’une économie émergente et diversifiée.
La carte garantie de la sortie de crise. La démarche du chef de l’Etat se définit comme une exigence nécessitant plus d’efforts, de précision et de sacrifice afin de parer aux dysfonctionnements et incohérences des précédentes lois de Finances et textes de lois régissant le marché financier et économique. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement fait des mains et pieds pour décanter la situation peu confortable financièrement. Même avec une gestion «approximative» de la crise sanitaire à laquelle aucun pays n’a été préparé, le gouvernement a fait preuve de discernement dans une profonde crise de confiance du citoyen et des entreprises aggravée par la récession causée par la chute des cours du pétrole et la décroissance économique mondiale due à la pandémie du coronavirus, paralysant l’économie mondiale. Les dernières propositions et réajustements introduits dans l’avant projet de la LFC 2020 brisent certains verrous, mais doivent aller de pair avec des réformes structurelles, sans lesquelles l’économie du pays pourrait aller droit vers un échec assuré. Renforcer le pouvoir d’achat soutiendrait le rythme de consommation du citoyen et maintiendrait la dynamique du marché, tout en profitant d’un marché interne variable.
Ce sont les potentialités à exploiter afin de faire barrage aux tendances négatives qui persistent depuis des années. Le président et son gouvernement ont affirmé ainsi leur détermination d’aller vers un changement radical à travers la remise en question des systèmes de gestion et de gouvernance pour remettre de l’ordre dans les secteurs stratégiques. La stabilité sociale serait un acquis qui accompagnerait ce changement en encourageant l’émergence des jeunes entrepreneurs à travers l’assouplissement et la suppression de certaines taxes et droits exigibles de la nouvelle dynamique économique. Ces dispositions répondent à une situation assez exceptionnelle, mais aussi complexe marquée par la crise sanitaire doublée d’une crise économique importante. Le chef de l’Etat et le gouvernement ont tablé sur la nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des Algériens pour réduire les inégalités sociales et les stigmatisations régionales, notamment, les plus vulnérables, impactées par la situation actuelle.
Ce qui justifie la prorogation de la réduction de 50 % du bénéfice des revenus réalisés dans les régions du Sud jusqu’à 2025, l’exonération de l’impôt sur le revenu global (IRG) pour les salaires dont le montant est inférieur ou égal à 30.000 DA à compter du 1er juin et l’augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) à 20.000 DA à compter du 1er juin. Le défi serait de réussir à financer ces projets, en rationnalisant les dépenses de l’Etat. Difficile avec des prévisions de la baisse des réserves de change d’ici fin 2020 à 44 milliards de dollars. A ce niveau, il faudrait que les cours du pétrole rebondissent à 65 dollars, une valeur supérieure au prix référentiel fixé dans la LF 2020. La réforme du secteur bancaire et l’adoption des nouvelles technologies est plus que nécessaire. Le numérique n’est plus une option, mais la solution, si l’Algérie rate cette étape, les conséquences seront néfastes sur son économie et sur tous les enjeux géostratégiques et géopolitiques qui l’entoure. Le monde changera de trajectoire après la pandémie.
Samira Takharboucht