23 thoniers algériens à la conquête du thon

Pêche en Méditerranée

1.650 tonnes de thon rouge, tel est le quota qui a été attribué à l’Algérie pour la campagne de pêche 2020 de ce type de poisson par la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés (ICCAT). Cette quantité devrait être pêchée par les 23 thoniers algériens dans le cadre de la campagne «Pêche du thon 2020». Entamée dès aujourd’hui mercredi 20 mai pour s’achever le 1er juillet. Dans cette perspective, tous les moyens humains et matériels ont été mis en place, cette campagne s’achèvera le 1er juillet 2020.

Cette opération est appelée à être lancée à partir de Annaba pour atteindre l’ensemble des 23 ports de pêche de la côte algérienne. C’est dire que c’est à un véritable branle-bas de combat auquel se sont adonnés ces derniers jours les thoniers algériens. Notamment ceux du port de la Grenouillère de Annaba qui, supervisés par la Direction de la pêche de cette même wilaya conformément aux instructions du ministère de l’Agriculture, de la Réforme Agraire et de la Pêche (MARAP), étaient chargés d’ouvrir la campagne. Hier donc à quelques heures du lancement de l’opération, tous les ports de pêche du pays étaient en alerte. C’est que pour la première fois, l’Algérie bénéficie d’un quota de thon d’une quantité aussi importante que celle de 2020. L’on est loin des précédentes années où, en l’absence de représentants algériens aux réunions de l’ICCAT où faute de moyens humains et matériels (thoniers), cette institution internationale accordait à notre pays le minimum en termes de quota à pêcher. C’est que le représentant algérien chargé de défendre le dossier auprès de cette instance était à chaque fois, absent. Cette réunion était pourtant importante car appelée à déterminer les quotas à attribuer aux thoniers de la Méditerranée en fonction des capacités de chacun. Pour justifier leur absence, les cadres algériens argumentaient, un problème de visa. C’est que durant des années le quota algérien était de 1.100 tonnes.
Il était à chaque fois revu à la baisse pour atteindre les 600 tonnes. Il y a eu aussi l’affaire portant sur l’implication d’un armateur turc dans l’acquisition d’une forte quantité de thon destinée aux Algériens. Mise au jour, cette affaire a été suivie par celle des chalutiers neufs acquis par des opérateurs (ou qualifiés comme tels) ayant bénéficié du prêt de l’Etat. Une douzaine d’entre eux sont à quai depuis des années au port de la Grenouillère (Annaba). Leur amarrage pose problème pour la mise en cale sèche des autres embarcations dans le besoin d’un entretien. Il reste, néanmoins, que préalablement au lancement de la campagne pêche du thon étalée du 20 mai au 1er juillet 2020, le ministre de l’Agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi, a battu le rappel des thoniers algériens et des professionnels du secteur. C’est qu’après avoir perdu du terrain par rapport à leurs homologues du bassin méditerranéen, nos thoniers ont repris du poil de la bête dès 2013. Leur nouvelle approche coïncide avec l’amélioration des conditions de travail et des aides multiformes qui leur sont accordées par l’Etat. Ce qui leur a valu des améliorations dans les attributions des quotas de thon bleu via l’ICCAT. Ces derniers étaient à peine de 243 tonnes en 2014 pour atteindre les 360 T en 2015 et 460 T en 2016. Le quart de ce que capturaient les Marocains (1.800 T en 2016) et le tiers pour ce qui est des Tunisiens (1.240 T en 2016). Il reste néanmoins que, pour la campagne en cours et contrairement aux précédentes années, le quota algérien sera totalement pêché par les 23 thoniers équipés d’un armement bien de chez-nous. Le ministère s’est fixé un autre objectif. Celui de multiplier les sessions de formation au profit des thoniers. Comme il a doté la flotte algérienne en armement et équipements nécessaires et en soutenant les opérateurs économiques désireux investir dans ce créneau.
Ce qui justifie la circulation d’informations portant sur Ia mise en place de cages flottantes pour engraissement du thon rouge. Il y a également, ces opérations tendant à reprendre en mains la gestion des ports de pêche. A l’image de celui de Annaba où la réhabilitation de l’ensemble des structures a été lancée. Dès juillet 2020, il ne sera plus facile aux faux armateurs, patrons de pêche, délinquants, droguées et prostituées d’accéder dans cette infrastructure socio-économique. C’est dire que facteur non négligeable de recettes hors hydrocarbures, la pêche de ce scombridé est créatrice de richesses et d’emplois. La situation actuelle permet de dire que l’Algérie veut rattraper le retard qu’elle a enregistré depuis plus d’une décennie. Celle-ci a été marquée par l’absence de thonier, l’exploitation d’embarcations de pêche vétustes, le manque de formation. Elle avait sévi au début des années 2000 dans le cercle proche des décideurs du secteur de la pêche. D’importantes quantités de thon rouge avaient été détournées avec la complicité de thoniers et cadres algériens.
La situation avait été aggravée par l’inexpérience voire l’absence de qualification des effectifs que l’on destinait, à l’occasion, à la pêche du thon. C’est pourquoi lorsque l’ICCAT plafonna durant plusieurs années successives le quota algérien à 110 tonnes, aucun responsable algérien ne cria au scandale. Au même moment, les Tunisiens et les Marocains battaient la mesure d’un marché du thon rouge très lucratif auprès de l’Union européenne et du Japon. C’est pourquoi la prise de conscience actuelle a été bien accueillie par les thoniers algériens. Les hésitations ont cédé la place à la détermination. Des initiatives ont été prises pour résoudre les problèmes. Telles que celles portant sur l’acquisition de thoniers, l’armement et la modernisation des embarcations existantes. Il est aussi question d’un vaste programme de formation pour mettre à niveau le personnel et les jeunes intéressés par les activités en relation avec la pêche du thon. Les anciens armateurs parlent de plus de 1.000 postes de travail en amont et en aval de cette activité. Il y a lieu de dire que, pour l’heure, mis sur les étals, le poisson a rejoint les viandes rouges en termes de prix. Il est pratiquement inabordable pour les modestes bourses.
A. Djabali