Karim Khelfane appelle à «s’éloigner absolument du débat stérile»

Pour parvenir à élaborer une « Constitution consensuelle »

«Ce qui compte, c’est le vrai débat objectif et subtil qui apportera un plus à cette mouture », a déclaré hier, le professeur Karim Khelfane, membre du comité d’experts chargé de la rédaction des propositions de révision de la constitution, lors de son intervention sur les ondes de la radio Algérienne, chaîne III.

Répondant à la question sur les amendements introduits dans ce nouveau texte constitutionnel devant traduire la volonté et l’intérêt commun des Algériens, M. Khelfane a estimé que « plus de 63% de l’actuelle Constitution, révisée en 2016, ont été revus, soit l’équivalent de plus de 140 articles qui ont été réécrits et consolidés, avec ajouts de nouveaux articles », évoquant l’importance d’aller vers « un débat objectif, associant toutes les parties, permettant d’enrichir la copie de la constitution ». Il a appelé à s’éloigner « absolument du débat stérile » concernant certaines dispositions relatives aux questions des constantes nationales, de l’identité nationale et de l’intervention de l’ANP en dehors du territoire national. L’objectif de la consultation des citoyens et des différents acteurs politiques et représentants de la société civile est d’aboutir à «une Constitution consensuelle», a fait savoir l’intervenant, expliquant que le comité «travaille quotidiennement et même tard dans la nuit, pour traiter le maximum de propositions qui s’inscrivent dans l’esprit de la lettre du président de la République, qui a fixé la mission du Comité et les objectifs attendus de cette révision » et que le texte de la première mouture de la Constitution « a été distribué, comme prévu, à la société civile et même aux citoyens afin de l’améliorer, l’enrichir et l’approfondir ».
Défendant les efforts de chaque membre et partie pour parvenir à rédiger une nouvelle « Constitution consensuelle », le professeur Khelfane a déploré, toutefois, certaines positions et réactions inutiles sur certaines dispositions de ce texte, en l’occurrence, celles relatives aux questions des constantes, de l’identité nationale et de l’intervention de l’ANP en dehors du territoire national. Il a jugé qu’il faut absolument «s’éloigner du débat stérile», ajoutant que «ce qui compte, c’est le vrai débat objectif subtil qui apportera un plus à cette mouture». Pour M. Khelfane, « ces amalgames ont biaisé le débat », regrettant le fait qu’au lieu de « s’intéresser à l’essentiel de cette constitution qui doit être lue dans son ensemble, on s’est arrêté sur certaines questions qui suscitent toujours des polémiques, surtout lorsqu’on rajoute un peu du sien », précisant, explicitement, que les membres du comité sont «dans le domaine du droit et non de la politique ». « Nous, en tant que comité, nous sommes dans le domaine du droit et non de la politique. Les objectifs ne sont pas les mêmes.
Il est évident que cette mouture doit s’inscrire dans un cadre dépassant les personnes et les vues partisanes. Ceci ne plairait forcément pas à certains partis politiques qui voudraient que cette mouture soit le reflet d’un programme politique », a-t-il soutenu, ajoutant que «c’est pour cette raison que le président de la République voudrait une constitution qui rassemble et fédère le peuple algérien ». Il a également, déploré le fait que des parties « se focalisent sur des questions contenues dans la mouture, parce qu’elles sont mal lues ou expliquées, entretenant, à cet effet, l’amalgame autour de ces questions», en réponse à la polémique provoquée par la disposition relative à l’intervention de l’ANP en dehors du territoire national, expliquant que « l’article 31, réservé à la politique étrangère de l’Algérie, rappelle les fondamentaux de cette politique dont la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et le non usage du territoire algérien pour apporter atteinte aux Etats, auquel il y a l’ajout d’un article qui prévoit l’intervention de l’armée en dehors du territoire national avec l’aval du Parlement avec une majorité des 2/3 ». « Il y a une façon d’écrire un article et la méthodologie est importante en Droit », a-t-il précisé.
Samira Takharboucht