Rapprocher le football de ses réalités et de ses valeurs

Sport

848 milliards de centimes sur cinq années (2013-2018), plus de 1 000 milliards ont été engloutis par les clubs de football.

Des chiffres auxquels il faudrait certainement ajouter les frais de cotisations, CNAS, impôts… Des chiffres qui font paniquer plus d’un club. Rappelant à ce sujet que le 26 décembre 2016, la CNAS et la Ligue de football professionnel avaient signé un protocole d’accord portant sur l’application des dispositions du décret 16-152 fixant l’assiette, le taux de cotisation et les prestations de la cotisation sociale de l’encadrement des clubs professionnels de football. Ce taux de cotisation a été fixé à 34,5% (9% pour les joueurs et 26% à la charge des clubs, en plus d’un taux de 0,5% représentant la quote-part du fond national de péréquation des œuvres sociales. Qu’en est-il aujourd’hui de son application ? On imaginerait si ces charges ne seraient pas respectées par les clubs, le déficit serait encore plus important. Le football justifierait alors cette grande et inspirée de la cave d’Ali Baba où tout le monde pourra s’enrichir et partir ? C’est dire que la balle ronde a plusieurs histoires à raconter.
A commencer par le silence qui la couvait depuis des années, faisant croire que des problèmes se dressaient devant les clubs et qu’ils ne peuvent, hélas, avancer par peur des eaux marécageuses. Les derniers dossiers dont celui de l’enregistrement sonore et celui des révélations de Miloud Iboud sur le fonctionnement de la JS Kabylie suffisent, à eux seuls, pour situer le niveau du climat dans lequel se développe ce football. Et aujourd’hui, lutter contre l’argent sale et la corruption dans ce monde sportif est devenue une affaire d’état d’esprit si ce n’est de conscience. L’entrée sur ce terrain du ministre de la Jeunesse et des Sport n’est certes pas pour la réalisation de spots publicitaire, mais plutôt pour des spots qui annonceraient la fin de la récréation et l’heure de rendre des comptes. C’est dans ce cadre, des brigades économiques de la police judiciaire de plusieurs wilayas sont sur les terrains et sur les pistes des différents clubs. Le travail a déjà commencé : éplucher les comptes des clubs. Le dépôt de plainte du MJS dans l’affaire de l’enregistrement sonore «impliquant le président de l’ES Sétif, Fahd Halfaïa, et le manager Nassim Saadaoui, placés sous mandat de dépôt pour trucage de matches, est un fait parmi tant d’autre».
Des clubs auraient déjà reçu la visite de la brigade économique, en l’occurrence celui du MC Saïda, du MC El-Eulma et de l’AS Bou-Sâada. D’autres le seront également dans les prochains jours pour ouvrir et éplucher les dossiers de gestion pour que la lumière soit enfin faite sur les espaces des clubs. Le match deviendra certainement transparent et les doutes seront laissés devant les portes. Selon notre confrère Liberté «la brigade économique de Chéraga a déjà ouvert une enquête pour falsification de documents dans une affaire de remboursement de dettes par la SSPA-MCA à un ancien président. Le secrétaire général du Mouloudia a déjà été entendu par la police à ce sujet.
Des scandales et des révélations sans doute en vue». L’affaire du bilan financier 2019 du MCA, rejeté par la commissaire aux comptes, ne sera pas en reste puisqu’il fera lui aussi l’objet d’un passage au scanner. Le 9 juin écoulé pour une première en son genre en Algérie, une convention, a été signée entre le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi, et le président de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC), Tarek Kour. Instituer une nouvelle ère sur la voie de l’éthique sportive et de la sensibilisation des jeunes quant aux dangers de la corruption. «Puisque le fléau de la corruption va à l’encontre des valeureux principes de l’esprit sportif et le mérite de la compétition loyale, nous avons mis l’éthique sportive comme principale priorité, avec la conviction qu’elle constitue une condition primordiale pour son développement», a souligné le ministre dans des propos relayés par la presse locale. L’objectif de cet accord est de protéger la compétition dans tous les sports, avec la garantie des droits des sportifs, clubs et fédérations.
Voilà, dessiné, face aux gestionnaires du monde sportif, les nouvelles lignes qui feraient retrouver au football ses véritables couleurs tout en veillant à ce que ce sport ne devient pas des espaces où les combines, trucages et corruptions soient déboulonner à tout jamais. Parce qu’il s’agit de faire de ce football qui est un monde de brio, de passion mais aussi de bluff, de magouilles et de paillettes : il impose ou se décompose bien plus rapidement qu’il ne se battit ou ne se développe. Un rêve qui deviendra sans nul doute une réalité. Il suffit de rapprocher le football de ses réalistes locales, urbaines et régionales afin de renforcer le sentiment d’identité et d’appartenance. Il faut y croire.
H. Hichem