L’Algérie, terre des braves !

58e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie

Le Docteur Mohamed Toumi a relaté dans son livre «Médecin dans les maquis», l’état de résistance permanent des générations depuis 1830 jusqu’au jour de l’indépendance, les leçons du passé, de la résistance à la Guerre de libération nationale 1830-1962. Le moudjahid, le moussebel, le militant, le docteur Mohamed Toumi est né en 1926 dans la ville de Bordj Menaïel, c’est un ancien militant du PPA- MTLD, c’est un brillant élève, toujours premier de la classe et dont les fils de colons enviaient Mohamed Toumi, une fois son cycle d’études secondaires accompli, il effectue ses études de médecine et de spécialiste en cardiologie à l’université de Montpellier, dans le midi de la France.

Il a été contacté par le frère Benbelkacem responsable du Front de libération nationale (FLN) pour la région de l’Hérault et de là Mohamed,Toumi intègre l’organisation dès 1955. L’année d’après, à la faveur de la grève des étudiants de mai 1956, il rejoint le service de santé de l’ALN-FLN de la base d’appui Est (Tunisie) qui était dirigé par le docteur Nakkache M.S qu’il remplacera par la suite. Mohamed Toumi est un imminent cardiologue avec une expérience acquise dans le domaine médical sur le terrain durant les années de braise, il était convaincu que sa présence parmi ses frères de l’intérieur était plus utile, il quittera volontairement cette institution courant 1957 pour la wilaya du Nord constantinois commandée par le colonel Bentobal Slimane. Le docteur Haddam Tedjini lui succéda à la tête du service de santé de la base Mohamed Toumi, devient médecin chef de service de santé de la wilaya II en début de l’année 1959 après le départ de Lamine Khan devenu membre du GPRA (membre du gouvernement provisoire de la République algérienne) proclamé en septembre 1958. Cependant, l’Algérie coloniale et le nationalisme n’ont pas débuté en 1954 pour atteindre son objectif en 1962 d’acquérir son indépendance mais bien avant cela

Les leçons du passé
Il faut tirer les leçons du passé avec les événements tragiques vécus à ce jour et qui ne sont pas les premiers du genre, ni les plus sanglants qu’a connu cette terre de martyrs : On doit les placer dans le contexte politique et économique existant. Ils traduisent une situation précaire et les difficultés en tous genres que traverse notre pays aujourd’hui. Pour comprendre leur génèse, il est bon de jeter un regard rétropspectif sur le passé de notre peuple qui n’est nullement différent des autres peuples de la terre, sur son histoire pour en tirer des enseignements forts utiles pour ceux qui pensent et réflechissent. Depuis les temps les plus reculés, la terre de nos ancêtres, notre Algérie a été le théâtre de nombreuses invasions. Qu’en reste-il sinon des ruines, comme seules traces de leur passage, de leur civilisation évanescente. Tous ces conquérants venus d’horizons les plus divers s’en sont retournés vaincus, après être arrivés en vainqueurs. Il en est ainsi de tous les régimes qui assoient leurs pouvoirs sur le force et l’injustice. Les faits qui se sont déroulés en Algérie sont tout aussi démonstratifs car ni l’édification de murs, ni les barrages électrifiés (Maurice et Challe) n’ont pu arrêter un peuple algérien qui aspirait à la liberté depuis l’invasion du colonisateur Français. Quant aux dinosaures des temps modernes qui érigent des principes périmés et injustes comme moyens de gouvernement, ils ne savent pas tirer bénéfice des leçons du passé. Faut-il leur rappeler que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Ne réalisent-ils pas que la tyrannie n’a jamais été payante ? Les leçons de l’histoire, elles s’adressent aussi aux colonisateurs qui croient encore en la pérennité de l’exploitation coloniale sous toutes ses formes. Le passé instruit le présent et doit préparer l’avenir, c’est ce qu’avait appris le professeur et docteur Toumi mohamed par son professeur Desparmet de l’ex-lycée d’Alger dans un inéffable poème où cet auteur français retrace l’histoire héroïque plus que millénaire du peuple algérien dont voici un extrait : « (…) Et le chêne gaulois planté sur cette terre avant de le couvrir sera déraciné».

L’Algérie , terre des braves !
La Guerre de libération nationale n’est surement pas le résultat d’un coup de baguette magique, mais le fruit d’une longue phase de préparation qui remonte aux premiers jours de la défaite, non à quelque décennies seulement de la phase finale, le compte à rebours pour la libération nationale a commencé le 5 juillet 1830. Dès son implantation en Algérie, le colonialisme français recelait en lui les germes de sa propre destruction, son système étant basé sur l’oppresion, l’exploitation et l’injustice. Ce système ne pouvait que déclencher un phénomène de rejet de la part d’une nation humiliée par sa propre défaite et n’acceptant désormais ni la soumission ni l’effacement. Les nombreuses tentatives par le fer et par le feu d’effacer l’âme et les traditions de tout un peuple, traditions pétries par des siècles et des siècles d’histoire ne pouvaient aboutir qu’à l’echec. C’était pure utopie donc que soumettre ce peuple si fier dont la berbérité, l’arabité, est indéniable mais que l’Islam et la civilisation arabo-musulmane ont marqué d’une façon indéniable : la longue nuit coloniale qu’a traversée notre pays n’a pas de toute évidence été silencieuse, elle a été ponctuée de violents soubresauts un peu partout à travers le territoire national, fait remarquable, toutes les insurrections l’ont été non pour des raisons économiques et sociales mais au nom des plus nobles idéaux, l’Islam, la patrie et la liberté, la moindre parcelle de terre a été arrosée du sang généreux de ses fils. Rappelons pour mémoire les principales phases des résistances à l’occupation coloniale. A l’Ouest, celle de l’émir Abdelkader qui a duré plus de dix-sept ans, presque simultanément la résistance de Ahmed Bey à l’Est a duré environ dix-huit longues années, malgré la chute de Constantine en 1837, après une campagne extrêmement meurtrière pour les soldats et les officiers français de haut rang, la résistance à l’envahisseur n’a nullement faibli dans la partie orientale et méridionale du pays : la bataille de Zaatcha en 1848 sous la conduite de Cheikh Bouziane, celle de 1876 dans les Aurès par Mohamed Ameziane Ben Abderahmane, ou encore, l’insurrection de 1916 qui a embrasé toute la région du Sud-Est avec Batna comme épicentre sous la direction de cheikh Ali Ben Noui en pleine Première Guerre mondiale. Le feu ne s’est pas pour autant éteint, après Abdelkader dans les régions de l’Ouest et du Sud-Ouest : Boumaaza (1845) Cherif Ben Abdellah (1852) les Ouleds Sidi Cheikh(1864) Cheikh Bouamama (1881) Cheikh Abdeslam(1902) lesquels ont combattu l’indu occupant avec un héroïsme sans égal, même dans le profond Sud, les exploits de Cheikh Ahmed Ben Mokhtar originaire de Djanet. Les femmes ont eu leur part de gloire dans ces actions de résistance, à l’exemple de Lala Fatma N’ soumeur, de son vrai nom Sid Ahmed Fathma, né en 1830 et décédée en 1863 lors de sa captivité à Beni Slimane, elle est originaire de Soumeur dans le Djurdjura, Cette héroïne kabyle fut surnommée la Jeanne d’Arc du Djurdjura ou «la maraboute», tant étaient grandes sa piété comme sa haine de l’envahisseur infidèle qu’elle combattit à outrance de 1852 à 1957, date de sa capture à la faveur d’un simulacre de négociations. L’écrivain Ouettar n’a-t-il pas dit : «les chouhadas arrivent cette semaine !». Il avait raison, ils sont bien revenus les cheikh Bouziane, les Boubaghla après un siècle et demi dans la terre des braves.
Kouider Djouab