Une APW dépassée face aux problèmes

Collectivités locales (Annaba)

La cession de l’Assemblée populaire de wilaya de Annaba (APW à majorité FLN) qui s’est tenue, ce dernier jeudi, avec deux points inscrits à l’ordre du jour de l’approbation du budget complémentaire 2020 et les questions diverses, avait un goût d’inachevé. Elle devait mettre l’accent sur la satisfaction des besoins sociaux au titre de facteur essentiel à la promotion du développement humain durable et des acteurs de la décentralisation et du développement local.

Dans son programme de travail, l’APW devait procéder au lancement des activités du projet de promotion de la participation citoyenne à la planification, budgétisation et la gestion des affaires locales. L’on s’attendait à voir des «élus» sortir des sentiers battus et de la flagornerie à laquelle ils nous avaient habitués. Ils ont persisté dans leur médiocrité. Particulièrement en cette période de pandémie de Covid-19 aggravée par la baisse du prix du pétrole, celle de la fiscalité et la perte de milliers d’emploi. D’où l’attente de tout un chacun de voir cette APW de Annaba donner un réel aperçu des capacités de sa composante à lancer une offensive. Notamment celle en diection des actions à mener pour redresser la barre d’un navire socio-économique local en déperdition. D’autant plus qu’il s’agissait pour les deux institutions (wilaya/APW) de promouvoir une gouvernance participative, transparente et efficace des collectivités locales. Les repésentants de la société civile présents ou à l’écoute du déroulement de la réunion ont été déçus de constater que leur APW n’a pas joué son rôle de cadre fédérateur. Celui à même de permettre à plusieurs partenaires intervenant dans le domaine du budget participatif de mutualiser les ressources (humaines, techniques et financières). C’est-à-dire créer un impact dans les collectivités locales et sur les politiques publiques. Les élus n’auront pas la pertinence de saisir la perche tendue par le wali Djamel Berrimi en ce qui concerne le recouvrement des recettes fiscales et la problématique du chômage.
C’est la première fois que pareille question est clairement posée dans l’enceinte d’une institution de l’Etat. Dans son intervention, le wali s’est limité à appeler les communes à plus de fermeté dans le recouvrement des impôts. L’argument avancé contraste par rapport à ce qui a été vécu les précédentes années. Malgré le projet de budget complémentaire 2020 approuvé et porté à sa connaissance, le wali a demandé des clarifications. C’est qu’à l’exception des chiffres votés appelés à être engagés en dépenses pour la réalisation du programme 2020, rien de clair ne transparaît. Ce dernier jeudi en APW de Annaba, on était loin des efforts qu’aurait dû consacrer une assemblée digne du nom. Notamment en termes de programme d’urgence. De par son approche multisectorielle, cette APW auait dû être, à bien des égards un véritable outil d’innovation. En quelque sorte, un programme d’urgence de développement qui participe à l’accomplissement du développement local. Et lorsque quelques rares membres d’APW, de la société civile et d’associations dénoncent des situations aberrantes préjudiciables aux citoyens, on peut affirmer que rien ne va plus. A l’image de la situation de l’hôpital psychiatrique Erazi qui couvre 14 wilayas du pays.
«Cet établissement dispose des moyens humains médicaux dont un professeur, des paramédicaux qualifiés, d’équipements médicaux sophystiqués avec trois scanners neufs. Ces derniers n’ont jamais fonctionné pour un problème de maîtrise technique. Du côté des compétences humaines, l’établissement psychiatrique en dispose en quantité hautement compétentes. Avec la disponibilité des équipements, il est en mesure de prendre en charge toutes les consultations et de réaliser des interventions de hautes performances médicales», a révélé un de ses confrères. Et comme cela a été fait depuis plus de deux décennies sans une quelconque suite, le wali et ses collaborateurs se limiteront à prendre des notes. Un témoignage repris à chaque APW. A ce jour, il n’y a pas eu de solution. C’est beaucoup plus le laisser-aller et l’absence de volonté des décideurs qui en sont la scause. Or, ces problèmes coûtent annuellement des milliards au trésor public.
Les malades sont contraints d’effectuer de longs déplacements. Selon plusieurs intervenants, la réparation des 3 scanners encore sous emballage et l’entretien du réseau d’assainissement de l’établissement sont des actes incontournables. Ce dernier jeudi, des élus loin de la réalité du terrain ont, de par leur désinvolture, mis en relief que la wilaya de Annaba est dépassée par les problèmes, tous secteurs confondus. Y compris ceux des travaux publics, de la jeunesse et des sports, des transports. Et lorsqu’il est dit que plusieurs établissements socio-économiques dont un hôpital pour autiste sont livrés à l’abandon depuis des années et servent de refuge aumoustique-tigre et rongeurs, c’est que la situation a atteint le point de non-retour.
Ce que confirme l’actuel directeur des travaux publics lorsqu’il affirme en ce qui concerne la situation de son secteur : « Annaba-centre n’est pas faite pour des trémies. C’est une grande erreur que d’avoir réalisé ce type d’ouvrage. Ce qui a eu pour conséquence des inondations à la moindre chute de pluie». Mettre en cause la compétence d’anciens collègues dans la réalisation d’un projet ou d’un autre, est nouveau. La médiocrité du niveau des interventions des élus est ainsi clairement affichée. Et pour cause, ce sont majoritairement des anciens proches de l’homme d’affaires et député Baha Eddine Tliba actuellement en détention pour de nombreux et divers graves délits. Sous son influence, alors qu’il était proche du SG du FLN, il avait imposé ses protégés d’une médiocrité affligeante dans tous les domaines. C’est ce qu’ils ont démontré tout au long de ces dernières années à l’APW de Annaba. Et c’est ce qui a été, une nouvelle fois, mis en relief ce dernier jeudi.
A. Djabali