Des poursuites judiciaires en toile de fonds

Audit Sonatrach :

Le ministère de l’Energie se prépare à lancer prochainement un «audit profond» au niveau de la  Sonatrach. Ces investigations sont appelées à être engagées en exécution des instructions du président de la République Abdelmadjid Tebboune qui a parlé d’«audit profond».

Il en résultera une base de travail susceptible, à l’avenir, d’alléger la gestion de l’entreprise et ses filiales à travers l’application de règles de gestion mieux maîtrisé. Selon M. Abdelmadjid Attar intervenant sur les ondes de la radio nationale, cet audit est à même de mettre au jour des dépassements. Notamment ceux générés sous l’ancien système de gestion. Ses conclusions permettront certainement de réduire les coûts de fonctionnement et d’exploitation de Sonatrach et de ses filiales. Interrogés sur les préjudices éventuels enregistrés sous la conduite des anciens cadres et dirigeants de Sonatrach, ces experts ont pointé du doigt les marchés négociés, signés ou exploités par Bouteflika et sa bande durant les deux dernières décennies. Tous ont parlé de pratiques de prévarication transformées en un fléau majeur prévalant à tous les niveaux de gestion du secteur. Ce fléau est devenu un handicap majeur pour le développement national.

Bien que le ministre de l’Energie ait refusé d’aborder la question, une simple comparaison de la situation actuelle que vit le pays, de ses ressources et des réserves faramineuses qu’il détient via son sous-sol donne une idée de l’ampleur de la gabegie qui a gangrené ses richesses. Les différents rapports établis dans la perspective de l’audit en question décrivent ainsi l’image peu reluisante d’un pays bien loti en termes de ressources naturelles, mais maintenu dans une pauvreté affligeante par des prévaricateurs sévissant de longue date au sein d’une des plus importantes entreprises algériennes d’exploration et de commercialisation du pétrole et du gaz.
Des anciens membres du gouvernement, des parlementaires, chefs d’entreprises, auteurs de pratiques de prévarication devenus des fléaux majeurs formant un handicap pour le développement. Lors de son intervention, le ministre Abdelmadjid Attar a mis en relief de nombreuses nécessités. Telle celle de la réduction du nombre de postes à l’étranger «dont la nécessité ne se fait pas sentir». Comme il a estimé utile que la compagnie nationale doit plutôt renforcer sa présence dans l’exploration et l’exploitation de pétrole et du gaz notamment dans les pays voisins africains. Dans le même sillage, il a mis en avant le rôle «essentiel» que peuvent jouer les organismes de régulation à l’instar d’Alnaft et la Creg, précisant qu’il y a nécessité de réhabiliter leurs autorités. En d’autres circonstances le débat aurait été abordé autrement entre le ministère de l’Energie, des exploitants, une série de rencontres. Il aurait donné lieux à une revue documentaire avec des bureaux spécialisés dans le domaine de la recherche de l’exploitation et de l’exploration pétrolière. C’est à croire que la Covid-19 a impacté moralement sur la préparation dans ce secteur.
Et pourtant, Sonatrach est confrontée à des enjeux de souveraineté avec des conséquences substantiellement financières, économiques, industrielles, sociales. Ce qui donne plus de poids à l’impatience qui caractérise les animateurs de Sonatrach à tous les niveaux en ce qui concerne cet audit et les résultats qui en résulteront. Va-t-on se limiter à de simples recommandations comme celles que nous avons prises pour habitude d’enregistrer ? Ou celles portant sur des révélations impliquant de grosses anciennes pontes politiques dans la cession de puits entiers de pétrole que rien ne justifie ? Du côté des agents et cadres, l’on sollicite la finalisation de l’enquête sur les exploitations de puits de pétrole attribuées à des anciennes personnalités sans tenir compte de l’avis formulé par la commission technique ? S’agissant du domaine de l’exploration et du développement des petits gisements, Attar a fait savoir que ces activités seront réalisées en partenariat avec les investisseurs étrangers qui vont financer la totalité de l’exploration, alors que Sonatrach remboursera sa part à partir de la phase d’exploitation. Tout en assurant que cette dernière dispose de moyens pour procéder à des explorations en solo, Attar a rappelé que l’Algérie possède un potentiel de pétrole et de gaz pour assurer la sécurité énergétique jusqu’à 2050, mais à condition d’introduire, a-t-il mentionné, la transition et l’efficacité énergétiques.
Evoquant la nouvelle loi sur les hydrocarbures, Attar a affirmé que les textes d’application seront prêts et effectifs d’ici début septembre en vue de booster l’investissement et le partenariat dans ce domaine et de renouer avec la croissance et la productivité. Il a affirmé, en outre, que le raccordement à l’électricité et au gaz naturel sera donné en priorité aux zones industrielles et aux investisseurs pouvant créer des emplois. A ce propos, il a indiqué que sur les 50 zones industrielles existantes, une seule, à savoir celle de la wilaya de Relizane qui soit complètement raccordée au réseau électrique et au gaz.
A. Djabali