«Les athlètes d’élite ont besoin d’un suivi physique et mental individualisé»

Selon des psychologues du CNMS

La préparation des athlètes algériens, qualifiés ou qualifiables aux Jeux Olympiques de Tokyo (JO-2020), nécessite, outre la prise en charge de l’aspect physique, l’élaboration d’un «programme de suivi mental individualisé» en raison de la pandémie de coronavirus (Covid-19), selon une psychologue du Centre national de médecine du sport (CNMS).

Pour Karima Hadj Arab, psychologue et «mental coach», les athlètes ont été affectés physiquement et psychologiquement par le confinement imposé depuis presque cinq mois pour cause de Covid-19 qui a même conduit au report des JO à 2021. «Le report des JO-2020, le confinement et la fermeture des lieux d’entraînement ont créé une situation inédite jamais vécue par nos athlètes. La situation sanitaire actuelle a laissé des traces sur les athlètes d’élite qui se sont retrouvés, du jour au lendemain, sans feuille de route, déstabilisés et sans visibilité quant à leurs objectifs», a expliqué Hadj Arab à l’APS. «A partir de là, l’apport d’un psychologue pour ces athlètes est devenu impératif afin de les accompagner dans cette situation difficile», a-t-elle jugé. Depuis le début du confinement, les athlètes sont suivis et accompagnés par une équipe de psychologues, dans le but de les préparer à retrouver leur «équilibre mental» et se concentrer progressivement sur leurs objectifs.
Le travail de Karima Hadj Arab, aux côtés de deux de ses collègues du CNMS, consiste à «optimiser» cette pause de cinq mois chez l’athlète et la transformer en «opportunité» afin de développer chez lui «un mental résistant face à ces difficultés qu’il doit considérer comme un défi à relever». «Certes, ce n’est pas évident, mais on a élaboré une feuille de route, en collaboration avec le CNMS, le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et les fédérations, pour les athlètes qualifiés aux JO. Le but est de comprendre chaque athlète et sa personnalité, pour mieux intervenir sur le plan mental, l’accompagner durant la reprise et faire en sorte qu’il soit déjà dans l’ambiance de la compétition dès son retour à l’activité», a expliqué encore l’interviewée. Au total, l’équipe de psychologues du CNMS prend en charge plus de 100 athlètes entre qualifiés et qualifiables aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo, sans oublier le groupe d’athlétisme bloqué au Kenya en raison de la fermeture de l’espace aérien, Covid-19 oblige.
Outre son travail sur le mental de l’athlète qui se répercute sur le bien-être de ce dernier, Karima Hadj Arab, une des rares Algériennes qui se spécialisent dans ce volet, tente de donner au sportif les outils nécessaires pour gérer le stress et la pression des compétitions et optimiser la concentration, clés de son épanouissement. Concernant les athlètes paralympiques qui sont pris en charge personnellement par Karima Hadj Arab, sur sollicitation de la Fédération algérienne handisport, une feuille de route «un peu spéciale» a été élaborée à cet effet. «Pour les paralympiens, j’ai commencé avec quelques-uns de sports individuels. On doit leur consacrer une attention particulière par rapport à leurs pathologies», a tenu à préciser la préparatrice mentale du CNMS, concluant que des rencontres par visioconférence sont prévues pour essayer de toucher le maximum d’athlètes, en raison de l’éloignement. Pour rappel, le MJS avait autorisé le 9 juillet dernier, les athlètes algériens «qualifiés et qualifiables» pour les JO et Jeux Paralympiques, à reprendre les entraînements «avec le strict respect des mesures de protection».
R. S.