Les galeries d’art tentent de reprendre leurs activités en Tunisie

Après une longue fermeture à cause de la Covid-19

En Tunisie, les galeries d’art sont rares mais celles qui existent sont des tremplins pour les artistes contemporains tunisiens et une ouverture vers un marché international. Aujourd’hui, après la pandémie de Covid-19, peu ont rouvert.

Celles qui ont fait le choix de reprendre leur exposition tentent d’offrir des propositions culturelles accessibles à tous et engagées dans le contexte actuel. À Sidi Bou Saïd, le petit village de la banlieue de Tunis réputé pour ses maisons bleues et blanches ombragées de bougainvilliers, l’ambiance est calme pour une journée d’été. Les touristes ne sont pas encore revenus. On entend seulement au loin les clameurs de la plage. Une galerie d’art, celle de Selma Feriani, a rouvert ses portes dès le déconfinement, avec des visites guidées d’une exposition d’un artiste tunisien. La propriétaire des lieux explique son choix de rouvrir pendant une telle période : «En général le public vient, on parle de l’expo, du programme, de ce qu’on va faire, etc. On est nourri à travers le public donc c’était très important pour nous de recevoir du monde même si on était super actifs en ligne.»
En juillet, c’est le jeune artiste tunisien Malek Gnaoui qui est exposé. Il a travaillé sur le patrimoine de Carthage avec des matériaux pris dans un quartier populaire de Tunis. Briques, tôles ou encore restes de chantiers font renaître les figures de Vénus ou de Poséidon. Si le public était au rendez-vous, les acheteurs eux, se font plus rares. «Avec la crise, on la vit encore, on a l’impression que les portes se sont fermées un peu partout, même à l’étranger, poursuit Selma Feriani. Cela nous impacte encore. Il n’y a pas eu d’aide gouvernementale du tout en Tunisie.» D’autres ont aussi maintenu leur programmation comme la galerie El Birou à Sousse.
Même si avec leur local situé en plein centre-ville, les propriétaires ont vécu une période de doute surtout en assistant à crise économique et sociale qui s’est accentuée avec le Covid-19, selon l’un des fondateurs de la galerie, Karim Sghaier : «À un moment où les gens cherchaient à se nourrir, cherchaient de la farine, là de vendre de l’art, ça remettait en question un peu tout ça.» Il a finalement programmé, comme chaque année, le festival Utopies Visuelles, un parcours itinérant à travers Sousse. Karim essaye de ramener les jeunes et les étudiants vers l’art et le patrimoine : «Utopies Visuelles justement, c’est de se balader dans la ville et de découvrir à travers des œuvres, à travers du patrimoine, découvrir un Sousse autrement.» Karim et Selma programment déjà d’autres événements pour le mois d’août alors qu’habituellement les galeries ferment l’été. Une manière de résister à leur façon à la crise que vient de connaître le pays.
L. B.