La culture perd son enfant chéri

Hommage posthume à Bouterfess Hadj, icône de la culture populaire

Lors de ce triste jour de l’année passée (25/08/2019), s’éclipsait pour l’éternité Bouterfess Hadj, âgé de 83 ans, une icône de la culture populaire et de la société à Aïn Témouchent.

Certes, cet enfant natif de Aïn Témouchent ayant vu le jour le 10/03/1936 a toujours aimé sa chère ville natale. Il a grandi dans une société hétéroclite. Il était un homme respecté et respectable. Hadjo pour ses compagnons et Ami El Hadj pour les jeunes nés après l’indépendance. Très tolérant, sociable et coopérant. Comme il maîtrisait la langue de Voltaire, il fouillait dans l’histoire et la culture. Il excellait dans la poésie populaire. En outre, il communiquait aisément avec les journalistes et les amateurs de patrimoine, la culture et traditions de cette région du pays. Dans le domaine de la culture, il a activé dans une association culturelle locale qui a organisé un forum sur le poète et ami du chef de l’insurrection dans le sud-ouest, cheikh Bouamama. Il a participé à une rencontre concoctée en hommage au grand poète populaire témouchentois Hadj Khaled Belbey. Il a exposé au public des qacidates inédites de l’artiste à la forte personnalité. Concernant l’historique de cette charmante ville, il savait tous les noms des familles algériennes connues durant l’ère coloniale cohabitant en parfaite convivialité et respect mutuel avec les autres communautés. Elles habitaient au nord de la ville aux alentours de l’ancienne mosquée El Atik et vivaient en bon voisinage avec les juifs. A quelques encablures du quartier de Sidi Saïd où résidaient les espagnoles. Alors que les françaises occupaient le centre-ville. C’est un ardent défenseur des principes universels de tolérance, d’amitié, de vivre-ensemble et depaix. Il a, à maintes reprises, prouvé que les algériens étaient tolérants et non antisémites. Il racontait qu’une Espagnole âgée célébrait au même titre que les algériens la waada de Sidi Saïd. En matière de sport, il était actif et ambitieux. Selon les témoignages recueillis, il a été membre de la ligue de Basket- ball, puis il a opté ensuite pour celle du football. Dans sa modeste librairie située au cœur de la ville, il écoutait avec allégresse les mélodies françaises, oranaises et chaabies. Un petit bémol, les jeunes artistes et les poètes du melhoun, de surcroît, n’ont su s’abreuver de sa richesse culturelle et son érudition pour s’en inspirer.
Sabroui Djelloul