Quels impacts, sa révision sur l’économie algérienne ?

L’Accord d’association Europe/Algérie applicable le 1er septembre 2020

Ayant des incidences politiques, sécuritaires, économiques, sociales et culturelles sur toute la société algérienne donc devant être impérativement pris en compte dans le plan de relance socio-économique, l’Accord d’association avec l’Europe, signé le 1er septembre 2005 devrait prendre effet à compter du 1er septembre 2020 avec des démantèlements tarifaires progressifs, ce qui a un impact sur toute création d’entreprises. Au Conseil des ministres présidé récemment, le Président de la République Abdelmadjid Tebboune a donné des orientations afin de réévaluer les volets économique et commercial de l’Accord qui n’a pas réalisé les objectifs attendus en matière d’investissements européens en Algérie.

1- Pour pouvoir se projeter sur l’avenir, s’impose sans complaisance, l’analyse de la situation socio économique actuelle et notamment la place de la rente des hydrocarbures où pétrole/gaz avec les dérivés représentent 98% des entrées des devises du pays. Influant sur le taux de croissance, le taux de chômage, et le niveau des réserves de change (notre interview Monde.fr/AFP Paris 10/08/2020). Pour les prévisions 2020, nous avons pour l’ONS un taux de croissance négatif de 3,9% au premier trimestre 2020, pour le FMI moins 5,0% et pour la Banque mondiale moins 6,4.

Entre 2000/2019 pour une entrée de devises de plus de 1 000 milliards de dollars avec 98% provenant de Sonatrach. Avec les dérivés et une sortie de devise d’environ 935 milliards de dollars de biens et services (le solde étant les réserves de change) le taux de croissance a varié entre 2/3% alors qu’il aurait du dépasser 9/10% par an. Sur environ 2 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures en 2019, 70% étant des dérivés d’hydrocarbures restant aux autres secteurs moins de 600 millions de dollars et l’objectif assigné de 5 milliards de dollars en 2021 dans cette conjoncture tant interne qu’externe, avec la récession de l’économie mondiale sera difficile à atteindre (voir mon interview au quotidien gouvernemental Horizon 20/8/2020).

La structure productrice fait ressortir que le secteur industriel représente moins de 6% du PIB, que le taux d’intégration des entreprises publiques et privées ne dépasse pas 15%, que plus de 85% des équipements et matières premières sont importées et que 97% des entreprises sont des unités personnelles ou petites PMI/PME peu innovantes, incapables d’être concurrentielles au niveau international. Comme conséquence les réserves de change qui sont passées fin 2013 de 194 milliards de dollars à fin 2019 de 62 milliards de dollars et fin 2020, avant l’épidémie du coronavirus, les prévisions de la loi de Finances complémentaire sont de 44,2 milliards de dollars contre 51,6 prévu dans la loi initiale.

Le FMI avant la crise prévoyait 33,8 milliards de dollars fin 2020, le trésor français 36 milliards et fin 2021, début 2022, entre 12/13 milliards de dollars. Sous réserve d’une reprise de l’économie mondiale, d’une meilleure gouvernance, lutte contre les surfacturations, une allocation des ressources plus rationnelle, les réserves de change pourraient être clôturées fin 2021 début 2022 entre 21/22 milliards de dollars. A court terme, si le cours moyen 2020 est d’environ 40 dollars en terme réel et le cours du gaz naturel supérieur à 5 dollars le MBTU qui a chuté de plus de 75% entre 2008/2020, environ 2 dollars le MBTU en juillet 2020, procurant selon le bilan de Sonatrach de 2019, environ 33% de ses recettes brutes, devant soustraire les coûts et la part des associés, et le manque à gagner de la réduction de la production décidée par l’OPEP pour l’Algérie d’environ 3 milliards de dollars en moyenne annuelle, au cours moyen de 40 dollars, les recettes fin 2020 devraient clôturer entre 21/22 milliards de dollars.

2 – Qu’en est-il du fondement de l’Accord ? Les principes de l’Accord d’association sur le plan économique du libre-échange sont identiques à ceux que l’on retrouve avec les règles de l’OMC, les pays membres accaparent plus de 95% du commerce mondial et la majorité des pays de l’OPEP et hors OPEP dont le niveau de production est bien plus élevé que celui de l’Algérie, dont l’Arabie Saoudite et la Russie, sont membres de cette organisation, qui est observatrice depuis plus de 20 ans. Il y a lieu de préciser que les principales résolutions de la quatrième Conférence ministérielle, tenue à Doha, en novembre 2001, a examiné les problèmes que rencontrent les pays en développement pour mettre en œuvre les Accords actuels de l’OMC, c’est-à-dire les accords issus des négociations du Cycle d’Uruguay. La décision sur la mise en œuvre a porté au titre de la balance des paiements avec des conditions moins rigoureuses énoncées dans le GATT.

Cela est applicable aux pays en développement s’ils restreignent leurs importations pour protéger l’équilibre de leur balance des paiements. Du point de vue de l’Accord d’association, l’on devra distinguer les incidences générales des incidences sur les services énergétiques. En ce qui concerne les incidences générales : l’interdiction du recours à la «dualité des prix» pour les ressources naturelles, en particulier le pétrole (prix internes plus bas que ceux à l’exportation) ; l’élimination générale des restrictions quantitatives au commerce (à l’import et à l’export) ; obligation de mettre en place les normes de qualité pour protéger la santé tant des hommes que des animaux (règles sanitaires et phytosanitaires). Les conséquences de tels accords sont : le démantèlement des droits de douanes et taxes pour les produits industriels et manufacturés sur une période de transition ; les relations de partenariat entre les deux parties seront basées sur l’initiative privée. Tous les monopoles d’Etat à caractère commercial sont ajustés progressivement pour une période à négocier. (A suivre) Professeur des universités, expert international
Dr Abderrahmane Mebtoul