L’ONU note «des progrès» mais fait état de la persistance des abus

Opérations de paix

Les opérations de paix des Nations unies continuent de faire des progrès pour rester, dans les années à venir, un outil indispensable pour le maintien de la paix et la sécurité, a indiqué lundi le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, qui fait état de la persistance des violations des normes de conduite par le personnel déployé sur le terrain.

S’exprimant devant le Conseil de sécurité, le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, a relevé que des progrès importants ont été accomplis durant l’année écoulée en matière de performance des opérations de paix. Il a rappelé que l’élargissement du rôle des femmes au sein de ces opérations est une dimension essentielle de l’amélioration de l’efficacité des opérations de paix. Au siège de l’ONU, la parité a été atteinte pour le personnel civil du département des opérations de paix et de la structure régionale partagée, à quelques exceptions près. Sur le terrain, en juillet, les femmes représentaient 22% du personnel civil et 35% des chefs et chefs adjoints des missions. «Des efforts ciblés pour accroître la représentation des femmes sur le terrain sont toujours en cours», a-t-il dit.
Si la pandémie de Covid-19 a imposé de nouveaux défis aux opérations de l’ONU, elle a dans des domaines tels que les politiques et les orientations «créé un espace de progrès et a engendré de nouvelles approches dynamiques et innovantes pour la mise en œuvre des engagements de l’A4P», a souligné M. Lacroix devant les membres du Conseil de sécurité. L’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P) a été lancée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il y a deux ans pour recentrer le maintien de la paix avec des mandats plus ciblés, des opérations plus fortes et plus sûres, mieux équipées et mieux formées. Ainsi, dans le domaine politique, les circonstances difficiles liées à la Covid-19 «n’ont pas empêché nos missions de fournir un soutien efficace aux processus politiques et à la mise en œuvre des accords de paix», a-t-il souligné, prenant pour exemple le paraphe de l’accord de paix entre le gouvernement de transition du Soudan et les groupes armés du Darfour, il y a deux semaines, qui a été rendu possible grâce à l’appui technique, consultatif et logistique de l’Opération de l’Union africaine et des Nations Unies au Darfour (MINUAD). Au Mali, le changement inconstitutionnel du 18 août a obligé la Mission des Nations unies (Minusma) à s’engager pour soutenir les consultations sur les modalités de la transition. «Nous sommes encouragés par le fait que dans leur première déclaration publique, les dirigeants du Comité national pour le salut du peuple ont exprimé leur engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2015», issu du processus d’Alger, a dit le chef des opérations de paix.
Concernant la protection des civils, les opérations de paix des Nations unies «continuent de prévenir et de répondre aux menaces contre les civils, qui n’ont malheureusement pas diminué au cours des six derniers mois», a-t-il déploré. C’est notamment le cas au Mali, en RCA et en République démocratique du Congo. «Bien que la pandémie ait affecté l’empreinte de nos missions et limité certaines patrouilles, les missions ont pris des mesures créatives pour poursuivre leur travail de protection», a-t-il indiqué. Au Darfour, par exemple, la MINUAD a utilisé WhatsApp pour mener des campagnes de sensibilisation sur les violences sexuelles liées aux conflits parmi les personnes déplacées internes», a noté M. Lacroix. S’agissant de la sûreté et la sécurité de son personnel, l’ONU poursuit ses efforts. Une diminution continue du nombre de morts dans les opérations de maintien de la paix résultant d’actes de violence a été constatée, passant de 59 en 2017 à 27 en 2018, à 25 en 2019, et à huit jusqu’à présent en 2020.
Quant à la question de la conduite du personnel déployé sur le terrain, l’ONU continue de s’efforcer de prévenir et de combattre les violations des normes de conduite, y compris dans le domaine de l’exploitation et des abus sexuels. «Bien que la tendance générale du nombre d’allégations soit à la baisse, nous avons continué à voir des pics intermittents qui indiquent que nous ne pouvons pas relâcher», a déclaré M. Lacroix. A l’avenir, le chef des opérations de paix a estimé qu’il fallait s’appuyer sur les progrès accomplis et passer à une deuxième phase de mise en œuvre de l’A4P. Le secrétariat des Nations unies a commencé à élaborer des priorités globales pour la prochaine phase en 2021 et au-delà. «Nous voulons que le maintien de la paix de l’ONU continue d’être dans les années à venir un outil multilatéral indispensable dans la boîte à outils de paix et de sécurité», a-t-il insisté.
R. I.