Refondation de l’Etat, économie de marché à finalité sociale et démocratie participative

Objectifs stratégiques de l’Algérie de demain 2020/2025/2030

Le projet de la nouvelle Constitution a été adopté par les deux Chambres respectant ainsi la procédure légale et sera soumis au référendum le 1er novembre 2020, une date symbolique, chère à tous les Algériennes et Algériens.

• Premièrement, la refondation de l’Etat et la réussite des réformes impliquent un nouveau mode de gouvernance dont le fondement sont la garantie des LIBERTES au sens large pour une société participative et citoyenne, une économie de marché à finalité sociale, tenant compte de notre riche anthropologie culturelle nécessitant le retour à la confiance sans laquelle aucun développement n’est possible.
• Deuxièmement, la moralisation de la société, en insistant sur le fait que la majorité des cadres sont honnêtes, renvoyant aux différents scandales financiers qui touchent certains secteurs publics et privés, la corruption, encore que dans tout Etat de droit cela implique la présomption d’innocence afin d’éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de l’Etat censés contrôler les deniers publics, gel de la Cour des comptes et bien d’autres institutions comme le Conseil national de l’énergie, le CNES, le Conseil national de la concurrence, la bourse d’Alger. Ces scandales jouent comme facteur à la fois de démobilisation des citoyens par une névrose collective du fait que ces montants détournés sont la propriété de toute la collectivité nationale et comme frein à l’investissement national et international porteur de croissance.
• Troisièmement, la réduction de la dépendance des hydrocarbures procurant 98% des rentrées en devises avec les dérivées tenant compte des avantages comparatifs mondiaux, il ne faut pas être utopique, ne pouvant pas tout produire, l’Algérie étant en ce mois de septembre 2020 dépendante tant des biens de consommation finale que de la majorité des équipements et entrants tant des entreprises publiques que privées, (taux d’intégration inférieur à 15/20%).
• Quatrièmement, concilier les objectifs et les moyens de réalisation (faiblesse des capacités d’absorption) qui entraîne un gaspillage des ressources rares, avec une mauvaise gestion avec des projets non maturés, ensuite mal faits, souvent réévalués, expliquant le faible taux de croissance non corrélée à l’importance de la dépense publique avec une entrée en devises de plus de 1 000 milliards de dollars entre 2000/2019, et une importation de biens et services ayant dépassé les 935 milliards de dollars, avec un taux de croissance dérisoire, moyenne de 2/3% entre 2010/2019, un taux négatif de moins de 5% en 2020 du fait de l’impact de l’épidémie du coronavirus selon le FMI. Or, le taux d’emploi et la baisse du taux de chômage, tenant compte de la pression démographique (arrivée chaque année de 350 000/450 000 de demandes d’emplois additionnelles qui s’additionnent au stock du taux de chômage actuel est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité.
• Cinquièmement, comme facteur de mobilisation il y a urgence de la production d’une culture politique participative et d’une communication institutionnelle efficiente, qui renvoie au système d’information qui s’est totalement effrité et devant tenir compte des nouvelles technologies.
• Sixièmement, la promotion de la jeunesse et de la femme signe de la vitalité de toute société et la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du Droit tant par rapport aux mutations internes que du droit international.
• Septièmement, une redéfinition de la politique étrangère devant reposer sur des réseaux décentralisés avec une redéfinition des missions des ambassades qui doivent contribuer au développement du pays à travers la dynamisation des missions économiques.
• Huitièmement, une adaptation de notre politique de défense sécurité pour la maîtrise des nouvelles technologies, (réseaux de satellites-cybercriminalité) et des nouvelles mutations géostratégiques mondiales, devant rendre hommage aux efforts de l’ANP et de nos forces de sécurité, pour la protection des biens et des frontières, s’impose.
• Neuvièmement, une nouvelle réorganisation institutionnelle des fonctions autour de grands ministères homogènes et des collectivités locales, une réelle décentralisation autour de grands pôles régionaux s’insérant au sein d’objectifs stratégiques précis pour plus d’efficience de la dépens publique et de rapprocher l’Etat des citoyens.
• Dixièmement, la réforme du système éducatif, nerf du développement au XXIe siècle, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et à la modernisation du pays, réformes du primaire au supérieur, en passant par la formation professionnelle aux métiers de l’avenir dont le numérique.
• Onzièmement, une nouvelle politique salariale passant par des négociations productives par branches avec les représentants des travailleurs, qui doit être corrélée avec celui du marché de l’emploi, conciliant flexibilité et sécurité et la réunification des caisses de retraite afin d’éviter leur implosion.
• Douzièmement, la transparence de Sonatrach, lieu de distribution de la rente afin d’améliorer sa gestion, une politique clairement définie dans le temps de la transition énergétique et du nouveau modèle de consommation énergétique (Mix énergétique) et du système financier, lieu de distribution de la rente devant les autonomiser afin d’éviter qu’ils dépendent de relations de clientèles qui sont un préalable essentiel à la relance de l’investissement public, privé national et étranger, les banques publiques et privées, notamment, étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente.
• Treizièmement, la dynamisation du partenariat public/privé, de la démonopolisation du secteur privé national et international créateur de richesses, devant les orienter vers les industries d’avenir le numérique et les industries écologiques supposant comme je suggère depuis 2010, un assouplissement de la règle des 49/51% devant définir clairement ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas, avec l’incitation en faveur de nos émigrés à l’étranger qui peuvent contribuer au développement national et une nouvelle politique du foncier industriel ainsi qu’une dynamisation du secteur agricole qu’agricole et son corollaire une nouvelle politique de l’eau, cet or bleu qui sera un enjeu crucial au XXIe siècle avec le réchauffement climatique.

En conclusion, l’Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d’autrui, se regroupent au sein d’un même objectif à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute nation qui n’avance pas recule forcément. La construction de la démocratie, tenant compte des anthropologies culturelles, au vu des expériences historiques, ne se fait pas d’une baguette magique étant le fruit d’un processus de longue haleine et de luttes sociales, économiques et politique. L’Algérie a toutes les potentialités, pour dépasser les tensions actuelles et devenir un pays émergent. Pour cela, la révision de la Constitution qui n’est qu’un moyen, évitons les discours démagogiques, qui n’ont plus de portées, devra s’insérer dans le cadre de profondes réformes qui sont une entreprise d’envergure, exigeant une véritable stratégie nationale d’adaptation face tant aux nouvelles mutations internes qu’aux nouvelles mutations mondiales, où les grands espaces socio-économiques dominent, impliquant forcément des sous intégrations régionales. Le XXIe siècle sera dominé par les réseaux de la société civile en symbiose avec de nouvelles fonctions des Etats, des entreprises et des institutions internationales de régulation, avec les défis de la transition numérique, énergétique avec le primat de l’hydrogène combiné aux énergies renouvelables, avec la transition écologique entre 2020/2030/2040 (voir tous les plans de relance des grands pays développés) et la culture à travers les médias, qui imposeront un changement profond dans les deux prochaines décennies dans les modes d’organisation institutionnelle, d’entreprise, de consommation et nos comportements. L’Algérie acteur stratégique au niveau de la région, a besoin de paix et d’un développement loin des mentalités rentières, du fait des liens dialectiques entre sécurité et développement, car toute déstabilisation aurait une répercussion régionale sur l’espace méditerranéen et africain – interview A. Mebtoul American Herald Tribune USA 2018 – Mais les réformes garantissant la sécurité et le développement ne peuvent provenir que des Algériens eux mêmes.
(Suite et fin) Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul