En Algérie, le phénomène échappe à la surveillance, ces derniers temps

Faut-il investir dans une réponse sécuritaire pour ralentir l’immigration clandestine ?

Ces dernières années, l’Algérie est confrontée à l’immigration de transit. Ce phénomène contemporain de la migration de transit qui fluctue au fur et à mesure de la traversée périlleuse des migrants, mettant ainsi en péril la stabilité des pays du transit.

Des jeunes, des femmes, mais aussi des familles se déplacent illégalement sans aucune protection et de plus en plus exposés à des violences, malgré les contrôle coercitifs de certains pays, à l’instar de l’Algérie durement impacté par ce phénomène. «Pas moins de 86,5 millions de personnes relevaient du mandat du HCR jusqu’à fin 2019, soit plus de 1% de l’humanité», a fait état la délégation algérienne lors de son intervention cours de la 71e session du Comité exécutif du Programme du Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, sans cacher son inquiétude quant à la multitude des risques que courent les immigrants illégaux». Elle a fait part de sa «vive préoccupation face à la tendance croissante des déplacements forcés dans le monde touchant désormais plus de 1 % de l’humanité». L’Algérie et les autres pays de transit n’échappent pas à la règle. Ces dernières semaines, les gardes-côtes algériens ont sauvés pas moins de 1.200 candidats à l’immigration clandestine à destination d’Europe. Cette rencontre était une occasion pour débattre de cette sempiternelle problématique liée à la politique de l’immigration européenne qui a échoué dans sa mission.
La mission algérienne a d’ailleurs certes salué les efforts déployés dans la lutte contre les flux migratoires qui touchent les pays africains, mais regrette toutefois le manque de perspectives et de financements pour ralentir cette exode. Sans oublier l’augmentation des obstacles à la migration internationale. «Le Groupe africain demeure profondément préoccupé par la tendance croissante des déplacements forcés dans le monde. Nous sommes attristés de constater que des millions de personnes traversent encore mers et déserts pour fuir les conflits, les tensions politiques et les effets dévastateurs des catastrophes naturelles», a indiqué dans sa déclaration devant les membres dudit Comité. En quête de l’Eldorado européen, les migrants s’exposent à des risques imminents qui pèsent, directement, sur la stabilité économique des pays de transit. L’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Italie, la Grèce ou l’Espagne crient à «l’invasion de l’immigration clandestine», qui a eu raison de leur économie, notamment, sous le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19 qui n’a ralenti ou dissuadé en rien les candidats à l’immigration clandestine.
Malgré la fermeture des frontières terrestres, la construction de clôtures et de murs pour empêcher toute entrée illégale sur les territoires européens ou les terres d’accueils qui les rejettent, est une autre question qui soulève les inquiétudes des organisations humanitaires quant aux conséquences de cette stratégie sur les immigrants. En plus de vouloir éradiquer ce phénomène qui touche la jeunesse algérienne de plein fouet ces derniers mois, l’Algérie a plaidé au nom du Groupe africain à Genève, lundi dernier, pour «le renforcement des capacités humanitaires des pays africains et l’urgence de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcées par le biais de solutions globales, durables et inclusives». Une solution difficile à concevoir dans un monde où la majeure partie des pays s’oppose à l’accueil des migrants et refusent de s’impliquer dans la résolution de ce phénomène.
En Algérie ou ailleurs, plusieurs pays considère la migration clandestine comme une infraction pénale, ce qui effraie les migrants en transit qui font face à une constante maltraitance et discrimination. Des jeunes issus de l’immigration irrégulière sont retenus dans des centres de détention arbitraire et dans des conditions inappropriées. Egalement exposés aux violences, à l’isolation, à l’exploitation et à des abus. Ce n’est pas les exemples et des rapports qui manquent, mais des solutions à leur situation nécessitant une véritable volonté politique et financière pour les aider. L’Algérie a évoqué la question du sous-financement qui «actuellement n’est pas proportionnel au nombre de personnes relevant de son mandat dans la région», interpellant sur la gravité de la situation estimant qu’«il est clair que, sans les ressources budgétaires requises, la réponse sera en deçà de l’exigence minimale pour les populations qui dépendent de l’aide humanitaire».
Le Groupe africain a appelé «la communauté internationale pour garantir un financement adéquat et flexible au profit des opérations du HCR en Afrique». Le trajet des migrants en transit quelle qu’elle soit leur nationalité sont soumis au diktat des passeurs violents qui occupent une position ambiguë dans l’organisation des traversées. «Cette situation demeure une menace sérieuse, en particulier dans les zones affectées par les conflits, les tensions politiques et les catastrophes naturelles», a souligné la mission algérienne qui a évoqué l’expérience de l’Algérie dans la lutte contre ce phénomène.
Samira Takharboucht