L’Algérie résiste encore aux services du FMI !!

Le déficit budgétaire sera couvert par la dette publique

Sans l’accélération de la mise en place des réformes financières prévues dans le programme présidentiel, l’économie algerienne risque de subir les répercussions triples d’une crise financière, sanitaire et socio-économique aiguës.

Avec un prévisionnel financier à long terme d’une dévaluation de 5% de la valeur du dinar et l’érosion des réserves de change, la politique des finances publiques devra suivre une nouvelle trajectoire, même transitoire, pour éviter de solliciter les services des Institutions de Breton Woods avec lesquelles l’Algérie a vécu une expérience périlleuse. Une option que jusque-là le président de la République Abdelmadjid Tebboune, refuse. De même pour la création monétaire qui a conduit en 2017 les finances publiques vers la faillite et a flambé la dette intérieure du pays, estimée à plus de 44%. La situation financière de l’Algérie aujourd’hui ne demeure pas moins préoccupante que celle qu’elle était il y a deux ans en arrière vu le déficit budgétaire qui atteindrait les 2.000 milliards de dinars en début de l’année. Pour faire face à l’inflation et à la fluctuation des prix des matières premières et les produits de larges consommations qui devront augmenter en raison de la décroissance économique mondiale provoquée par la pandémie du Covid-19 et la chute des indices boursiers causé par le recul de l’investissement et des échanges commerciaux internationaux, l’Etat prévoit des mesures austères mais obliges. L’instabilité des marchés financiers et l’urgence de trouver des alternatives de financement, l’Algérie revoit ses priorités et prévoit un recadrage budgétaire optimiste pour éviter les dérives. A commencer par adopter une politique de la finance inclusive et d’une économie inclusive basée principalement sur le soutien financier des investisseurs et des rétablissements financiers. L’objectif serait d’orienter l’effort productif et financier vers la compétence nationale et la modernisation des systèmes bancaires devant accompagner les institutions financières et fiscales pour assurer le recouvrement des recettes fiscales ordinaires. De plus, l’Etat compte sur la dette intérieure pour couvrir les déficits publics. Chaque opération sera suivie et contrôlée par les organismes had-hoc afin de prévenir les comportements financiers suspects qui impacteront négativement le Trésor public, en déclin. La Cour des comptes aura désormais plus de prérogatives pour lutter efficacement contre la corruption. Les pouvoirs publics promettent de sévir dans le contrôle des marchés publics et financiers. Lors de la soumission de l’APLF 2021 à la Commission des finances et du budget de l’APN, la semaine dernière, le ministre des Finances, Benabderrahmane Aymen, a exposé les différentes mesures de soutien à l’économie nationale, avec des chiffres à l’appui. Des chiffres peu rassurants en raison du cumul des déficits et des prévisions pessimistes. Pour sa part, le Directeur général du budget, Abdelaziz Fayed a indiqué lors d’une séance d’audition devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée au débat des dispositions du projet de loi Finances (PLF) 2021, que «le budget blanc qui sera publié sur le site officiel de la Direction générale du budget diffère dans la forme et le fond de la formulation actuelle des lois de Finances». «Il comprend un portefeuille de programmes consacrés à chaque département ministériel qui concrétise la politique publique dans les différents secteurs, en définissant des indicateurs de performance pour mesurer l’impact de la mise en œuvre de ces programmes ainsi que la qualité et le coût du service public», a-t-il expliqué. Ce budget permettra de mettre en place les réformes financières et structurelles globales et prioritaires au contexte actuel. Le projet de loi de Finances 2021 sera le double test pour l’Etat qui a hérité d’une situation financière catastrophique dépourvue de la logique économique et sociale. Pour corriger toutes ces fluctuations des prix et des prévisionnels, un travail abyssal attend toutes les institutions et entreprises nationales gravement impactées par la crise sanitaire qui plonge l’économie nationale dans la récession. Certains partis estiment que l’Algérie n’aura autre choix que de recourir au Fonds monétaire international (FMI). Alors que les pouvoirs publics refusent d’hypothéquer l’avenir des générations à venir.
Samira Takharboucht