Face aux nouvelles mutations mondiales, pour un nouveau management de Sonatrach

Sonatrach

J’ai appris avec une profonde tristesse, le décès de mon ami de près de 50 ans, Nazim Zouiouèche, sorti des plus grandes écoles européennes, une des meilleures compétences nationales dans le domaine de l’énergie, un des fondateurs de Sonatrach, qui a dirigé l’amont pendant plusieurs années avant de devenir P-dg de Sonatrach, que j’ai côtoyé déjà en tant que jeune conseiller du ministre de l’Industrie et de l’Energie entre 1974 et 1979.

A ce titre, il y a lieu de revoir les méthodes de promotion actuelles (bourse de l’emploi notamment) qui n’ont pas eu les effets positifs sur le terrain, encore que les intentions étaient parfois bonnes, avec la mise en retraite anticipée des cadres ayant atteint l’âge de 60 ans, ce qui est une aberration et a fait fuir de nombreuses compétences hors Sonatrach sans que n’était préparée la relève. L’évaluation afin de rendre plus performantes les ressources humaines, par une formation permanente implique un audit mettant en relief nettement la typologie du personnel existant, l’adéquation de la formation aux besoins de Sonatrach, la disponibilité des compétences adéquates, les politiques de recrutement, l’évolution de la productivité du travail, les appréciations des mesures d’incitation et enfin l’évaluation du climat et de la culture d’entreprise de Sonatrach (audit social et audit de la culture liés au renouveau du système d’information) dont la prise en compte – au profit des travailleurs – d’une gestion plus rationnelle des importantes sommes des œuvres sociales que consacre annuellement Sonatrach. Mais bien manager les ressources humaines suppose que le planning des actions à mener, doit être synchronisé du fait de la complexité de l’opération et sous-tendu par un dialogue permanent avec l’ensemble du collectif des travailleurs à tous les niveaux.
5.- D’une manière générale, il y a urgence de réhabiliter le Conseil national de l’énergie, le seul organe habilité à tracer la politique énergétique du pays, en berne depuis des décennies, organe suprême de toute stratégie énergétique, créé par décret présidentiel le 19 avril 1995, qui, dans son article 6, stipule que sous l’autorité du Président de la République : le Conseil se réunit périodiquement sur convocation de son président, le Président de la République dont le secrétariat est assuré par le ministre de l’Energie et composé des ministres dits de souveraineté (Défense nationale, Affaires étrangères, Energie et Finances), du gouverneur de la Banque d’Algérie et du délégué à la Planification ; il est chargé d’assurer le suivi et l’évaluation de la politique énergétique nationale à long terme, notamment de la mise en œuvre d’un plan à long terme destiné à garantir l’avenir énergétique du pays ;
D’un modèle de consommation énergétique en fonction des ressources énergétiques nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays ; il veille à la préservation des réserves stratégiques du pays en matière d’énergie ; des stratégies à long terme de renouvellement et de développement des réserves nationales en hydrocarbures et leur valorisation et élabore les objectifs stratégiques par l’introduction et du développement des énergies renouvelables, des schémas d’alliances stratégiques avec les partenaires étrangers intervenant dans le secteur de l’énergie et des engagements commerciaux à long terme. Il s’agit de préparer l’avenir de Sonatrach qui doit se spécialiser dans ses métiers de base – ce qui supposera d’importants moyens technologiques, financiers et humains tant pour l’amont, l’aval, les canalisations et la commercialisation, devant encourager un partenariat gagnant/gagnant avec des firmes de renom. Seuls les audits pourront tracer les actions concrètes à mener en envisageant soit d’internaliser l’activité, soit de l’externaliser. Rendre plus efficiente Sonatrach suppose plusieurs actions stratégiques : la replacer dans le contexte international et national ; un système d’organisation au temps réel se fondant sur des réseaux et non plus sur l’actuelle organisation marquée essentiellement sur une vision hiérarchique, des centres de coûts transparents incluant la gestion du partenariat ; une gestion rationnelle des ressources humaines et élément essentiel du management stratégique, impliquer les cadres et être à l’écoute du collectif des travailleurs par un dialogue constructif permanent. Toute entreprise doit prendre des décisions en temps réel, en ce monde en perpétuel mouvement, avec une concurrence acerbe notamment dans le domaine énergétique et surtout d’une société qui procure directement et indirectement avec les dérivées 98% des ressources en devises à l’Algérie avec les drivées. Sonatrach doit s’ouvrir sur la société et l’Algérie ne peut continuer dans l’actuelle trajectoire sans vision stratégique avec des subventions non ciblées, source de gaspillage et d’injustice sociale, le versement de salaires et traitements sans contreparties productives, quitte à aller vers le FMI fin 2021, courant 2022, avec d’inévitables tensions sociales. A suivre
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul