Le Polisario n’est plus tenu par l’engagement au cessez-le-feu

Après l’agression marocaine à El-Guerguerat

Après l’agression militaire du Maroc, vendredi, contre des civils sahraouis à El-Gueguerat, au Sud-Ouest du Sahara occidental, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), et secrétaire général du Front Polisario, Ibrahim Ghali, a annoncé, hier, officiellement, dans un décret présidentiel, la fin de l’engagement au cessez-le-feu signé entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc en 1991, sous la supervision des Nations unies.

Vendredi, l’armée sahraouie a riposté à cette agression, en menant des attaques contre des positions de l’armée marocaine situées à Mahbes, Haouza, Aousserd et Farsia, le long du mur de sable érigé par le Maroc au Sahara occidental, leur causant des pertes humaines et matérielles, selon le communiqué militaire numéro un du commissariat politique de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS), cité par l’agence de presse sahraouie (SPS). Le Polisario s’est donc adapté à une situation de fait sur le terrain, créée par la violation marocaine du cessez-le -feu. Selon l’Agence de presse sahraouie (SPS), le décret a ordonné au commandement de l’Etat-major général de l’Armée populaire de libération sahraouie (APLS) de «prendre toutes les mesures liées à la mise en œuvre des exigences de ce décret dans la juridiction qui lui appartient, et a également ordonné à l’Autorité nationale de sécurité, dirigée par le Premier ministre, pour prendre des mesures liées à la mise en œuvre des exigences de l’état de guerre en ce qui concerne la gestion et l’administration des institutions et organes nationaux et pour garantir la régularité des services».
Le président Ibrahim Ghali avait adressé, vendredi, une lettre urgente au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et à la Représentante permanente de Saint-Vincent-et-les Grenadines auprès des Nations unies, Rhonda King, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, dans laquelle il les a informés des répercussions de l’attaque agressive lancée aujourd’hui 13 novembre, par les forces militaires marocaines contre des civils sahraouis non armés manifestant pacifiquement près de la brèche illégale d’El-Guerguerat, au Sud-Ouest du Sahara occidental. «Face à cet acte d’agression, les forces militaires du Front Polisario ont été contraintes d’intervenir face aux forces marocaines en état de légitime défense et de protéger les civils», a fait savoir le président sahraoui.
Le fait que l’action militaire intervienne juste au moment où des discussions sont prévues aujourd’hui entre le chef de l’ONU et le Front Polisario, «démontre clairement que l’opération est un acte d’agression prémédité de la part de l’Etat occupant pour torpiller les efforts de l’ONU visant à atténuer les tensions et désamorcer la situation à El-Guerguerat». L’Algérie a déploré «vivement» les «graves violations» du cessez-le-feu enregistrées vendredi dans la zone d’El-Guerguerat, appelant à la «cessation immédiate» de ces opérations militaires, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «L’Algérie appelle les deux parties, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, à faire preuve d’un sens de responsabilité et de retenue, et au respect, dans son intégralité, de l’Accord militaire N° 1, signé entre elles et l’ONU».
Dans le même communiqué l’Algérie a déclaré «attendre», «en particulier, du secrétaire général de l’ONU et de la Minurso, l’accomplissement scrupuleux de leurs missions, sans restrictions ni entraves, et dans l’impartialité qu’exigent les développements actuels». Et «réitère» son appel à l’endroit du secrétaire Général de l’ONU, en vue de la nomination, dans les plus brefs délais, d’un envoyé personnel et la reprise effective des pourparlers politiques, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité, de l’Assemblée Générale de l’ONU et des Principes de la Charte.
Dans une intervention par visio-conférence, sur la chaîne «Canal Algérie», la militante sahraouie, Aminatou Haidar prix Nobel alternatif 2019, a déploré les complicités au sein du Conseil de sécurité et surtout de la France «qui sont à l’origine de l’obstination et le refus manifeste» du Maroc de se conformer au droit international. Rappelons que le Royaume du Maroc a violé l’accord de cessez-le-feu en attaquant, le 13 novembre 2020, des civils qui manifestaient pacifiquement devant la brèche illégale d’El-Guerguerat, et ouvrant trois autres brèches dans le mur militaire marocain.
Lakhdar A.