«L’évolution des cours du brut tributaire de l’évolution de la crise sanitaire»

Mohamed Cherif Belmihoub, ministre délégué chargé de la Prospective :

Le ministre délégué chargé de la Prospective, Mohamed Cherif Belmihoub a estimé, hier dimanche à Alger que les perspectives d’évolution des cours du pétrole sont tributaires de l’évolution de l’épidémie du Coronavirus (Covid-19). «Il était difficile de prédire les tendances précises des cours sur le long terme. L’incertitude réside dans l’évolution de la crise sanitaire», a-t-il indiqué.

Si le vaccin permet de faire baisser le nombre de contaminations, le baril du pétrole gagnera 5 dollars, puis la machine économique reprendra progressivement, a poursuivi Mohamed Cherif Belmihoub dans un entretien accordé à l’APS. Ce qui permettrait, a-t-il observé, au baril de passer à 60-70 dollars. Prévoyant, pour 2021, une évolution des recettes des hydrocarbures du pays. «Avec la reprise économique, nous pourrons atteindre 30 à 35 milliards de dollars de recettes, ce qui pourrait nous soulager au niveau de la balance des paiements», a-t-il dit. S’exprimant sur le déficit budgétaire et les moyens de son financement, le ministre délégué chargé de la Prospective, a écarté l’option du financement non conventionnel ou celui de l’endettement extérieur. «Il y a, par contre, un financement monétaire entre le Trésor public et les banques, mais il ne faut pas qu’il dépasse un certain seuil», a observé Mohamed Cherif Belmihoub.
Tout en soulignant l’intérêt du Fonds de Régulation des recettes (FRR) qui constitue un outil, intéressant, de régulation Mohamed Cherif Belmihoub a rappelé que le Gouvernement a budgétisé la LFC 2020 sur la base de 35 dollars/baril. «Il y a donc un excédent (de recettes) versé dans ce Fonds», a-t-il indiqué comme pour dire l’utilité de ce Fonds, au moment où les recettes énergétiques s’affichent en forte baisse. S’agissant de la stratégie de la sécurité énergétique du pays sur un long terme (dix ans), le ministre délégué chargé de la Prospective, a mis en avant les trois axes sur lesquels la démarche de son département ministériel s’appuie. Citant la préparation de la transition énergétique vers plus de renouvelable, l’assurance d’une meilleure efficacité énergétique au niveau des ménages, des administrations et des opérateurs économiques et la préservation d’un excédent de production d’hydrocarbures en tant que source de financement de la balance des paiements.
Evoquant la future réforme des subventions, Mohamed Cherif Belmihoub a estimé que la crise sanitaire, pendant laquelle beaucoup de citoyens n’ont pas perçu de revenus depuis plus de six mois, a constitué un contexte difficile pour lancer les discussions autour de cette réforme. «L’année 2021 doit être l’année des réformes dont celles des subventions», a-t-il indiqué encore, faisant savoir que le ministère des Finances, le ministre de la Solidarité nationale et l’ONS travaillent à recueillir des bases de données afin de recenser les personnes qui sont dans le besoin au sein d’un fichier national. Sur un autre registre, le ministre délégué chargé de la Prospective a annoncé le lancement, fin décembre, d’une enquête en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UN-CEA), afin d’évaluer l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises et sur les ménages algériens.
Dont les premiers résultats, a-t-il poursuivi, seront disponibles courant janvier prochain. Cette enquête, a ajouté Mohamed Cherif Belmihoub, concernera un échantillon 15.000 ménages et 15.000 entreprises. Rappelant qu’une première évaluation des impacts de la crise sanitaire a été déjà avancée lors de la rencontre présidée par le Premier ministre avec les partenaires sociaux et les opérateurs économiques. Laquelle, a-t-il dit encore, a permis de sortir avec 150 recommandations. Mais aussi la création d’une commission de sauvegarde chargée de prendre en charge les incidences de la pandémie de la Covid-19 sur l’économie nationale. «Les efforts pour surmonter la double crise sanitaire et économique doit être équitablement réparti au niveau des différents acteurs de la société», a encore indiqué Mohamed Cherif Belmihoub.
Rabah Mokhtari