Un horizon encore «flou et incertain» pour les pays de l’Opep

Réunion d’évaluation du marché pétrolier prévue le 4 janvier 2021

Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) comptent sur les effets de la vaccination contre la Covid-19 dans la reprise de l’activité économique mondiale et le retour des investissements et de la mobilité internationale des capitaux indispensables pour surmonter la crise financière.

Une bouffée d’oxygène pour les pays producteurs de pétrole enclins à une dépression économique accrue. Pour soutenir les prix de l’or noir, ils ont approuvé récemment une augmentation progressive de «leur production pétrolière à 500.000 barils par jour dès le début de l’année prochaine au lieu des deux (2) millions de barils prévus initialement dans l’Accord Opep+», en vue de corriger le déséquilibre du marché (offre et demande) et absorber l’offre excédentaire. Grâce à ce compromis conclu entre les pays membres de l’Opep et leurs alliés hors Opep, les cours de l’or noir sont au plus haut niveau et ont eu en parallèle un effet positif sur les marchés financiers. «L’instabilité sur les marchés mondiaux et le flou quant à l’avenir de la demande sur le pétrole à court et moyen termes requièrent des pays exportateurs de pétrole, particulièrement les pays arabes un travail d’ensemble pour coordonner davantage leur politiques énergétiques et échanger les expertises et les informations», a affirmé le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, dans son allocution d’ouverture de la réunion du Conseil des ministres de l’Opep, tenue par visioconférence, avant-hier.
Il a appelé à renforcer la coopération tous azimuts afin de surmonter la crise économique qui a dévoilé un déséquilibre macro-économique et structurel du système économique des pays arabes. Un enjeu que certains qualifient de dangereux en raison de l’incertitude qui entoure la réussite des campagnes de vaccination qui pourraient avoir, en cas d’échec, des retombées néfastes et dévastatrices sur l’économie des petits pays producteurs du pétrole et du gaz, à l’instar de l’Algérie qui a un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars dans le secteur. Au-delà de la crise sanitaire, couplée d’une crise financière sévère, les pays dont l’économie est tributaire de la rente pétrolière doivent trouver de nouvelles alternatives et options pour se consacrer à un développement durable de leur économie.
Apporter, entre autres, des solutions au déséquilibre macro-économique structurel dévoilé par la pandémie et prendre du recul dans la gestion des ressources de leur pays. Par voie de conséquence, l’Algérie devra repenser sa stratégie de développement national et accélérer les ajustements macro- économiques étant l’unique issue pour avoir une croissance inclusive. Plusieurs autres pays producteurs du pétrole sont dans la même situation de vulnérabilité financière que l’Algérie et cherchent de nouvelles alternatives afin de dépasser cette turbulence. Pour y parvenir, il faut se doter d’une véritable vision pour le futur. Cette vision pourrait anticiper l’échec de la nouvelle décision de l’Opep+ et élaborer une approche plus réaliste et adaptée au contexte des pays en développement qui souffrent profondément de la crise économique mondiale. Ils se sont montrés plus prudents sur les prévisions de 2021. Malgré les mesures décidées lors de cette rencontre, le pays ne peut garantir une reprise inclusive forte et résiliente de son économie après la dissipation de la crise du Covid-19. Le retour au niveau d’avant la crise des prix du pétrole et des investissements se fera progressivement et lentement.
Une rencontre des pays de l’Opep+ se tiendra le 4 janvier 2021 «pour examiner la situation sur le marché pétrolier après leur récente décision de plafonner l’augmentation prévus», a annoncé avant-hier, le ministre de l’Energie et président en exercice de la conférence de l’Opep, Abdelmadjid Attar, dans une déclaration à la presse au terme de la séance de clôture du Conseil des ministres des pays de l’Opep. A l’issue de cette réunion, les participants ont décidé de reporter «la 12e Conférence arabe sur l’énergie, prévue en 2022 à 2023 en raison des nouveaux changements mondiaux et du manque des perspectives d’avenir».
Conscients de toutes les difficultés susmentionnées, les ministres des membres du cartel se sont penchés sur plusieurs options, en parallèle de la gestion de la crise actuelle. Ils ont évoqué l’urgence d’amorcer en urgence la transition énergétique à travers le développement des énergies durables. M. Attar a mis en avant «la nécessité d’examiner cette transition, afin de prendre les décisions nécessaires à l’avenir», invitant, par ailleurs, les pays signataires de la Déclaration de coopération de respecter les récentes décisions de l’Accord Opep+.
Samira Takharboucht