«Pourquoi cette élimination, pourquoi cette humiliation ?»

Abderrahmane Bergui évoque la débâcle des U20 à Tunis

Ancien arbitre international, membre du bureau fédéral et président de la Commission d’arbitrage de la Fédération algérienne de football, Abderrahmane Bergui fait part, dans une vidéo mise en ligne sur sa page Facebook, de sa grande déception quant à l’élimination, à Tunis, de l’équipe nationale de football U20 qui vient de prendre part au tournoi de l’Union nord-africaine de football (UNAF).  

Pour lui, elles sont multiples. «Par le passé, je me souviens en 1977, j’arbitrais encore, je me suis déplacé avec la délégation qui se rendait en Guinée, à Conakry plus exactement. Celle-ci était encadrée par des dirigeants d’une grande qualité, à leur tête Kermali qui n’est plus à présenter. Armé de sa riche expérience, la qualité et l’engagement des joueurs qui se faisaient remarquer, il avait permis à cette équipe juniors, avec très peu de moyens, de remporter la Coupe d’Afrique des nations. C’est vous dire que, contrairement à la délégation qui avait accompagné nos U20 à Tunis qui était composée d’un nombre impressionnant de personnes, y compris l’agent de sécurité, alors que nous, lors de notre déplacement en Guinée, nous n’étions que six… Et en bout de course, nous avons ramené cette Coupe d’Afrique… C’est pour vous dire qu’à cette époque, nous n’avions pas d’importants moyens comme c’est le cas aujourd’hui». Pour Bergui, la contre partie s’est faite à travers la présence de grands dirigeants, qui sont aussi de grands techniciens. «Aujourd’hui, hélas, n’importe qui peut prendre place et se dire être dirigeant. Il y a des personnes qui n’ont aucun passé footballistique, encore moins occuper des postes au niveau du bureau fédéral de la FAF. Voilà pourquoi nous n’avons pas d’équipe de football».

Où est passée la commission de prospection ?

Bergui dénonce le peu de considération accordée aux jeunes. «Je pense qu’avant toute chose, il faut avoir un championnat sérieux pour que ces jeunes puissent s’exprimer». Pour lui, les années 70 lui rappellent les commissions de prospection qui existaient dans chaque région «je me souviens de Smail Khabatou, que Dieu ait son âme, de Benfedda, des messieurs de ces glorieuses années qui aimaient être des sorties des jeunes, lors des matches de quartiers, notamment ceux qui se déroulaient à Kharrouba, devenu aujourd’hui, malheureusement un parking. Ils faisaient de la prospection et ciblaient des jeunes qui pouvaient, demain être retenus. Cette prospection se faisait à travers tout le pays, sans aucun budget, mais l’amour du football remplaçait tout». Pour Bergui, l’équipe de 82, ou encore celle des Jeux méditerranéens qui avait battu la France au stade 5-Juillet, sans parler des titres remportés par les clubs, ce fruit récolté ne pouvait qu’être que celui d’un travail professionnel qui a permis aux jeunes talents formés».

Des académies, pourquoi faire ?

«Je me rappelle lorsqu’on arbitrait les matches juniors, les joueurs étaient entourés par un staff et des dirigeants, soit une relation franche et de confiance». Dans ces propos, on notera un message important, celui d’encadrer les jeunes talents avec des joueurs d’expérience. Pour lui, c’est un équilibre à trouver. Mais, c’est valorisant, et bien pour la suite, d’avoir un socle de joueurs très marqués par l’identité de l’Equipe nationale. «Aujourd’hui, les académies dont on parle, doivent être occupées par des jeunes qui ont envie de jouer au football, et ce n’est certainement pas là que le joueur va apprendre à dribbler, ou apprendre la technique de jeu. Celle-ci, justement, ne s’apprend pas, elle est innée. C’est un don de Dieu… Ce qui s’apprend dans ces académies, c’est le respect de l’autre, la discipline, le respect des lois du football, le respect de l’arbitre…» Il marquera un temps, pour dire qu’il est regrettable que le portes de ces académies ne s’ouvrent aux jeunes, que sur recommandations… «Le football n’est-il pas avant tout le sport né des quartiers ? Il y a des jeunes qui sont venus au monde avec le ballon (que Dieu me pardonne), je suis prêt à aller avec vous, à l’improviste pour voir de visu ce que j’avance. Hélas, je termine par vous dire que nous avons honte, après ce qui s’est passé à Tunis, alors que des moyens financiers considérables ont été mis à leur disposition…» et il finira par dire «après cette humiliation de Tunis, le chef de délégation est tenu de rendre compte de ce qui s’est passé, pourquoi cette élimination ?»
Synthèse de H. Hichem