L’Etat en quête d’un lendemain meilleur pour le secteur productif

La société Bomare Company, un succès story en pleine pandémie

La crise du Covid-19 s’est installée dans la durée et risque de peser durablement sur la situation socio-économique du pays, en raison de la vulnérabilité financière de la trésorerie des entreprises productrices, tous secteurs confondus. Les entreprises économiques sont, depuis des mois, sur tous les fronts, empêtrées dans la crise chaque jour un peu plus.

Les bouleversements actuels ont touché de manière différenciée les secteurs d’activité industrielle incitant le Gouvernement à mettre en place des dispositifs et des mesures réglementaires et financières d’urgence en faveur du secteur industriel public et privé. Si certaines entreprises se sont effondrées rapidement, d’autres résistent et tirent profit de la crise actuelle. La société privée Bomare Company, spécialisée dans l’industrie électronique a réussi à remporter, malgré cette conjoncture, le trophée de la meilleure entreprise algérienne exportatrice hors hydrocarbures pour l’année 2019 et ambitionne «de réaliser 3,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’exportation notamment vers l’Europe à l’horizon 2024», selon les propos de son directeur général, Ali Boumediene.
La production électronique, pharmaceutique et alimentaire a montré durant cette période de crise une forte résistance au choc économique et financier extérieur. Plusieurs entreprises spécialisées dans ces domaines ont maintenu leur activité et affiché une forte croissance et font face à une demande toujours vivace sur le marché. Ce sont les miraculés d’une crise économique bien antérieure à la crise sanitaire du Covid-19. Dans le même temps, d’importants groupes économiques publics et privés agonisent et plongent dans l’incertitude et l’inconnu. Pour briser cette chaîne de maillons faibles qui ralentissent la mise en œuvre des actions du plan de la relance économique gouvernemental (2020/2024), l’Etat a entrepris un audit approfondi du secteur industriel en vue de définir les dysfonctionnements, notamment, organisationnels et managérial avant d’entamer un engineering financier qui permettra de réorganiser les entreprises nationales et trouver de nouvelles alternatives de financements.
Il est prévu dans cette perspective, le lancement de réformes financières profondes visant la restructuration, la modernisation et le renforcement des réseaux bancaires et douaniers, indispensable dans la promotion du secteur productif et de l’export. Ces réformes structurelles et financières deviennent urgentes et nécessaires pour la relance du tissu industriel réorienté vers le secteur productif, à l’avenir. Le Gouvernement veut adopter une approche libérale et promouvoir davantage l’investissement en partenariat, local ou étranger. L’objectif est de trouver des financements, mais aussi renforcer la productivité et la résilience des entreprises nationales, notamment, publiques en crise perpétuelle depuis des années, ce qui a plombé le secteur public marchand sclérosé. Pénalisées par cette situation, certaines entreprises privées particulièrement se sont accrochées et ont assuré la continuité de leur activité dans un contexte troublé pour répondre aux besoins des consommateurs qui demeurent inchangés.
Le succès story de la société Bomare Company séduit, probablement, les autorités car elle a défié ses limites grâce à un modèle de gestion efficace. Cette entreprise vise déjà à «la concrétisation d’un projet d’exportation vers l’Europe qui représentera un gain de 500 millions de dollars à l’économie nationale, avec tout un développement qui accompagnera cette opération», selon son dg M. Boumediene. «Ce projet devrait être opérationnel à 100% dans 3 ans au maximum, permettant la création de près de 1.000 entreprises qui produisent la matière première jusque-là importée», a-t-il ajouté. Cet exemple de réussite inspire les pouvoirs publics qui tentent d’assainir le secteur industriel défaillant, tiré vers le bas par les entreprises publiques déficitaires et improductives. Également trouver des solutions à la situation des groupes industriels appartenant à des hommes d’affaires en prison. Des entreprises au bord de l’implosion.
Une question aussi complexe qu’embarrassante pour les pouvoirs publics qui songent peut-être à reprendre ces entreprises en crise. Dans le même temps, ils doivent redresser la situation des entreprises publiques au bord de la faillite afin de préserver les emplois et leur activité. Parmi ces sociétés, celle de l’Eniem, devenue depuis des années un véritable casse-tête pour l’Etat qui a décidé d’agir de rigueur. Il a opéré des changements à la tête de cette entreprise et a sommé les responsables de trouver des alternatives de financements pour maintenir l’activité de leur société. L’entreprise est depuis sa remise en marche, cherche un partenaire local ou étranger pour se conformer au nouveau cahier des charges. «Nous sommes obligés de suivre l’évolution du marché et d’aller vers la compétitivité de nos produits pour pouvoir les placer. Nous avons déjà lancé des contacts dans ce sens avec certains groupes dont, entre autres, Condor, Iris et Brandt», a fait savoir récemment, son P-dg fraîchement installé M. Choui. Cette méthode pourrait s’avérer fructueuse pour les différents partenaires locaux ou étrangers. Un créneau que l’Etat soutient et compte renforcer avec une loi régissant le partenariat public-privé.
Samira Takharboucht