La mainmise des lobbies sur le marché du médicament persiste

La révision périodique de loi sur la concurrence s’impose, selon M. Zitouni

Le président du Conseil de la Concurrence, Amara Zitouni a fait un point de situation sur l’évolution des textes de lois sur la concurrence et leur adaptation sur le marché économique, remettant en question leur application par les entreprises.

«Ils n’ont jamais été appliqués», a-t-il regretté, rappelant que le Conseil de la Concurrence «devrait avoir un rôle d’audit législatif qui permettrait de connaître les raisons qui empêchent l’application de ces textes en proposant des alternatives appropriées», a-t-il précisé. «La loi sur la concurrence devrait être révisée tous les cinq ans, afin qu’elle soit adaptée à l’évolution continue du marché», a-t-il suggéré, avant-hier, lors de son passage au Forum du quotidien El Chaab, estimant que «ce texte doit être soumis à des études d’impact socio-économiques préalables avant son adoption. Cela fait partie des règles de la bonne gouvernance». Revenant sur les secteurs les plus compétitifs en Algérie, il a situé en tête les assurances et la téléphonie mobile ainsi que le secteur du médicament.
Ce dernier est colonisé par des lobbies tenaces, a-t-il observé. Protéger le consommateur et lutter contre la fraude, la corruption et le monopole des marchés sont les principales missions du Conseil de la Concurrence, ce qui nécessite, selon lui, que «tout projet de loi doit être élaboré en concertation avec toutes les parties prenantes notamment les opérateurs économiques», annonçant, dans cette optique, l’élaboration d’un programme de conformité à la loi de la concurrence par le Conseil. «Cette charte a pour objectif d’informer sur les avantages d’application des règles de la concurrence et les inconvénients qui peuvent en découler pour une entreprise qui ne les applique pas», a-t-il expliqué à propos de ce projet. Un texte important pour surveiller, réguler et sécuriser le marché de la concurrence en Algérie qui, malgré son attractivité, demeure peu compétitif. Il cite, entre autres, deux secteurs très compétitifs en dépit de la crise du Covid-19 et économique que vit le pays.
«Il existe pour le moment deux secteurs très compétitifs : les assurances et la téléphonie mobile», a-t-il fait savoir, pointant la concurrence déloyale et la monopolisation du marché par certains lobbies qui ont colonisé le marché national, tous secteurs confondus. Il a rappelé, à ce titre, que «l’instance peut être saisie par les ministères, les entreprises et la société civile (associations de protection des consommateurs) pour cas de monopole du marché ou concurrence déloyale». Quant à l’évolution du marché actuellement, notamment, celui du médicament, M. Zitouni a évoqué la finalisation récemment d’une étude sur le marché concurrentiel des médicaments en Algérie. Cette étude a été effectué sur une période de trois ans, révèle «l’existence d’un monopole sur le marché du médicament en Algérie», indiqua l’intervenant qui renvoie cette situation à l’absence de «la culture de la concurrence dans l’esprit des Algériens en raison de l’économie administrée qui a prédominé la gestion du pays par le passé. Mais l’économie du marché adoptée depuis 1990 doit impérativement être accompagnée d’instruments de régulation pour éviter les dérapages», a-t-il suggéré pour remettre de l’ordre dans le marché économique.
Samira Takharboucht