«Nous sommes considérés comme des étrangers dans nos consulats»

Colère des ressortissants algériens en France

Rien ne va plus entre les ressortissants algériens et les services consulaires en France. Les relations qui étaient déjà désastreuses dans le passé se sont carrément dégradées durant ces derniers mois, surtout depuis l’apparition du Covid-19. Jugeant le comportement des fonctionnaires de grossier et qualifiant le comportement de certains consulats d’absurde et d’inacceptable, les ressortissants algériens établis en France interpellent les hautes autorités de l’Etat, leur demandant d’intervenir afin de mettre fin à cette anarchie qui prévaut au niveau des représentations diplomatiques.

En effet, quatre Algériens sur cinq établis en France trouvent que leur présence au niveau des consulats d’Algérie n’est pas souhaitable par les agents consulaires. Ces derniers se plaignent tout d’abord du mauvais accueil et surtout des agressions verbales dont ils auraient fait l’objet dans certains consulats. «On est considérés comme des étranger dans nos consulats», nous a fait savoir Mahmoud. Ce dernier a indiqué qu’il a toujours la peur au ventre à chaque fois ou il met les pieds dans un consulat. « Nous devons normalement être en sécurité, à l’aise et surtout heureux car nous sommes dans une institution de mon pays. Ce ne fut pas malheureusement le cas, on se sent des étrangers dans nos consulats et même l’accueil laisse à désirer ». Le témoignage de Mahmoud n’est pas le seul, la majorité des Algériens qui avaient pris attache avec nous se plaignent des agissements dont ils auraient fait l’objet dans les locaux des consulats d’Algérie en France.
Nos interlocuteurs ont raconté leurs déboires au niveau des consulats mais également les agressions que ce soit verbales ou physiques, selon leurs déclarations. «Vous avez certainement suivi l’affaire de l’étudiante qui a été lâchement agressée au niveau du consulat de Créteil», nous a lancé Zohra. Pour rappel, cette étudiante aurait été agressée à l’intérieur même du Consulat de Créteil et ce après avoir insisté de rencontrer le consul. Cette affaire a fait couler beaucoup d’encre, la victime a porté plainte devant les juridictions françaises. Dans une déclaration à la presse, l’étudiante en question a indiqué qu’elle ferait de même lors de son retour en Algérie. Zohra nous a fait savoir que l’agression de cette étudiante n’était pas une surprise pour elle. «Ce n’est pas la première fois qu’un Algérien se voit insulté, malmené et agressé physiquement à l’intérieur de nos consulats en France », a-t-elle martelée. Selon plusieurs ressortissants établis en France, il est impossible d’avoir un renseignement, un rendez-vous ou de parler avec un responsable par téléphone.
Ces derniers ont tiré à boulets rouges sur les personnes chargées de recevoir les coups de fils de l’extérieur à savoir les standardistes et surtout les secrétaires des Consuls. «Je vous lance un défi de joindre certains consulats d’Algérie au téléphone comme celui de Paris, Marseille, Montpellier, Pontoise ou l’ambassade d’Algérie», nous a indiqué Amel. Cette dernière a ouvert son téléphone portable devant nous avant de former le numéro suivant 0153932020. La dame a composé plusieurs fois le même numéro mais, la tonalité de l’occupation était constante. Nous avons répondu à cette dame que le standard est peut-être occupé et qu’il faudrait rappeler plus tard.
Notre interlocutrice nous a fait un sourire moqueur en nous disant : « C’est exact, le standard de l’ambassade d’Algérie à Paris est occupé depuis l’année passée». Dans la foulée, plusieurs Algériens établis en France, résidant à Montpellier et les environs de ce département ont également fait le même constat que les personnes avec qui nous nous sommes entretenus en haut. Nos interlocuteurs se plaignent de la bureaucratie et du l’attitude des fonctionnaires du consulat d’Algérie à Montpellier». Je pense que seul l’emblème national est Algérien dans ce consulat a ironisé, un ressortissant algérien.

Le consul d’Algérie à Montpellier : « Je ne parle pas avec les journalistes »
Pour en savoir plus à ce sujet, nous avons appelé le consulat d’Algérie à Montpellier. Après plusieurs essais, nous avons réussi à obtenir la dame chargée du standard qui était pour le moins que l’on puisse dire «Correcte». Cette dernière nous a mis en relation avec la secrétaire de M. le Consul d’Algérie à Montpellier. Une nouvelle fois nous avons décliné notre identité et l’objet de notre appel. La secrétaire de M. le Consul nous a posé plusieurs questions à savoir : «Dans quel pays est édité, le journal « La nouvelle République ? ». Donnez-nous votre numéro de téléphone ? Pour quelle raison souhaitez-vous parler avec M. le Consul ? Quel sont les sujets que vous vouliez aborder avec Monsieur le Consul ? S’agit-il d’une interview ou de simples questions. Nous avons réussi à répondre à toutes les questions de Mme la secrétaire du Consul.
Nous avons cru que les questions réponses sont terminés avec Mme la secrétaire du Consul, mais pas du tout. Mme la secrétaire voulait savoir notre lieu de résidence. « Vous résidez en France ou en Algérie ? », nous a-t-elle demandé. Nous avons été obligés de mettre fin à la conversation tout en lui indiquant de laisser le message à Monsieur le Consul. Le lendemain, nous avons tenté de joindre M. le Consul d’Algérie à Montpellier, son adjoint ou l’un des responsables mais en vain. Après quelques minutes d’attente, la standardiste revient vers nous indiquant, je cite : «Je suis désolé, Monsieur le Consul m’a chargé de vous dire qu’il ne parle pas aux journalistes». En somme, les ressortissants Algériens avec qui nous avons abordés ce sujet souhaitent l’intervention des hautes autorités du pays afin de remettre les choses à leurs places, ont-ils expliqués.
Moncef Redha