«Si Israël déclare la guerre, son front intérieur affrontera des réalités sans précédent»

Hassan Nasrallah :

Le secrétaire général du Hezbollah a fermement rejeté toute internationalisation du dossier de la formation du gouvernement libanais.

«Tout appel à une résolution internationale en vertu du chapitre VII est une déclaration de guerre. Il s’agit d’un appel à l’occupation du Liban par des troupes étrangères et à une ingérence du monde entier dans les affaires du Liban», a déclaré ce mardi 16 février, Hassan Nasrallah, dans un discours transmis par la chaîne Al Manar, à l’occasion de l’Anniversaire du martyre des commandants de la résistance. Le numéro un du Hezbollah a en outre menacé «Israël» en cas de guerre contre le Liban. «Israël affrontera sur son front intérieur des réalités sans précédent depuis sa création . Il n’y aura pas de guerre de quelques jours (…) l’axe de la résistance est prêt à une guerre globale», a-t-il affirmé.

Voici les principaux points de son discours :
«La commémoration des commandants martyrs de la résistance coïncide cette année avec plusieurs célébrations, dont la victoire de la révolution islamique en Iran en 1979. L’Iran a défié et combattu l’embargo et les sanctions pour devenir une puissance régionale défendant sa souveraineté et sa liberté. Parmi les commémorations de février, j’évoque le soulèvement populaire à Bahreïn. La population est descendue dans les rues pour revendiquer pacifiquement ses droits. Or, ce soulèvement a été réprimé (par le régime) faisant des martyrs, des blessés et des prisonniers. Malgré cela, ils continuent de s’opposer à la normalisation du régime avec l’ennemi sioniste. Du retour à la commémoration de nos martyrs : celui de Sayed Abbas Moussaoui; son épouse et de leurs fils ainsi que celui du haut commandant de la résistance Haj Imad Moghniyeh et de Cheikh Ragheb Harb, on remarque qu’ils ont tous des caractéristiques communes. Leur objectif principal était la protection de la résistance et son développement. Ils n’ont jamais renoncé à cela malgré les conditions difficiles auxquelles ils faisaient face. Aujourd’hui, nos conditions de vie sont plus confortables.
Au moment où le sud du Liban était envahi par des dizaines de milliers de soldats israéliens, Cheikh Ragheb a refusé de serrer la main à l’Israélien vu que cela insinue un acte de reconnaissance. Sa position a ouvert la voie à la lutte armée contre l’occupation. Aujourd’hui nous avons besoin de la position de Cheikh Ragheb pour contrer la normalisation. Quant à Haj Imad, il était préoccupé par le développement du potentiel de la résistance. Ses frères dans la résistance poursuivent son chemin et nos ennemis avant les amis perçoivent cette réalité. Il en est de même pour Sayed Abbas qui recommandait de préserver la résistance et de servir les gens et de rester à leur côtés. Servir les gens veut dire les aider, les défendre face à la pauvreté, l’injustice et l’occupation. Servir les créatures de Dieu est l’une des œuvres les plus importantes qui nous rapprochent de Dieu. Le Hezbollah défend notre peuple à tous les niveaux et face aux menaces sioniste ou takfiristes. Si l’objectif de ces accusations est de porter atteinte à la réputation de la résistance et à provoquer des dissensions dans ses rangs, alors cet objectif a échoué et il a même eu l’effet inverse.
Je remercie tous les amis, personnalités, gens des médias et activistes sur les r6seaux sociaux qui ont défendu la résistance face à ces accusations stupides. En outre, il est injuste de faire porter la responsabilité totale du blocage au président Michel Aoun. De plus, mettre la barre trop haut ne fait que bloquer la situation. Nous comprenons que le chef de l’État réclame de nommer certains membres de l’équipe gouvernementale. C’est son droit constitutionnel. Le tandem Hezbollah-Amal a voulu obtenir le ministère des Finances et nommer son ministre et nous devons donc comprendre que d’autres parties demandent la même chose. Nous comprenons les craintes de Saad Hariri concernant le tiers de blocage, mais pourquoi insister sur un gouvernement de 18 ministres. Il faut remettre en question ce nombre. Augmenter le nombre de ministres à 20 ou 22 permettrait d’avancer dans les discussions et d’arrondir les angles. Et cela permettrait d’impliquer des formations qui s’estiment lésées dans la formation du futur cabinet».

Relation du Hezbollah avec le CPL
«Quinze (15) ans après l’accord d’entente entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL), nous avons profité de ses avantages. Et le CPL aussi en a profité. Beaucoup ont espéré la chute de cet accord, mais il a tenu bon toutes ces années. Cette entente a été bénéfique pour d’innombrables intérêts libanais et pas seulement pour ses deux signataires. Les deux parties ont profité de cet accord et nous tenons au maintien de cette alliance, voire à son développement». «Sans doute, d’importantes évolutions sont survenues dans notre région et dans le monde, après le départ de Donald Trump et l’investiture de Joe Biden. Le Liban est une partie essentielle de la région, il est affecté par tout ce qui s’y passe.

L’Arabie et Israël inquiets
Le dossier nucléaire iranien est à l’ordre du jour de la nouvelle administration US, et la position iranienne est ferme sur ce sujet. Toute la région va suivre les répercussions de ce dossier sur la région. L’inquiétude israélienne et saoudienne est claire à l’égard de ce sujet. Trump a attendu, jusqu’à son départ, un coup de téléphone de la part de l’Iran, qui a refusé de fléchir malgré toutes les pressions. Il y a aussi les développements sur le terrain au Yémen et l’annonce par la nouvelle administration US de l’arrêt de son soutien à la guerre (saoudienne) . Les frères au Yémen restent vigilants face à l’annonce US. L’annonce de Washington est le fruit la persévérance des Yéménites face au blocus aux bombardements et aux massacres. Aujourd’hui, Ansarullah et l’armée yéménite sont dans une position de force. Par contre, c’est l’Arabie et les Israéliens qui sont inquiets».

Le deal du siècle en déclin ?
«Concernant l’accord du siècle, personne ne parle aujourd’hui de cet accord qui serait en déclin. Le nouveau secrétaire d’Etat US a déclaré qu’il ne soutient pas l’annexion par «Israël» du Golan. Il a également évoqué la solution de deux Etats et la discussion du statut d’Al Quds. Le deal du siècle agonise grâce à la persévérance du peuple palestinien, des dirigeants palestiniens et de l’axe de la résistance. Notons ici aussi, l’inquiétude de la partie israélienne puis saoudienne. S’agissant de la normalisation des pays arabes avec l’occupation, il y a de l’exagération du côté israélien. La position des peuples égyptien et jordanien est un modèle clair du rejet de la normalisation. Il en est de même pour les autres peuples arabes et islamiques. Il y a des pays arabes et islamiques, tels que l’Algérie, la Tunisie, le Pakistan et autres, qui ont des positions fermes et qui rejettent toute sorte de normalisation. Ceux qui se font des illusions, comme les dirigeants du Soudan, découvriront que la normalisation avec ‘Israël’ ne résoudra pas leurs problèmes économiques. Les Israéliens accordent à la question de la normalisation plus qu’elle ne mérite, et les armées électroniques sur les réseaux sociaux n’expriment pas l’humeur de la nation et des peuples».

Le front intérieur israélien affrontera des réalités inédites
«Récemment, le chef d’état-major israélien a parlé de la nécessité de ne plus se contenter de bombarder des objectifs militaires, appelant à cibler des installations civiles. A qui ment-il ? Depuis sa création, l’entité sioniste n’a jamais respecté le droit international. Elle a détruit des villes et massacré des civils dans toutes ses guerres. Lui, cherche à redorer le blason de l’armée la plus terroriste et la plus meurtrière du monde. Je dis au chef d’état-major israélien que si vous frappez nos villes, nous bombarderons les vôtres, si vous pilonnez nos villages, nous frapperons vos colonies. En cas d’une prochaine guerre avec l’entité sioniste, Israël affrontera sur son front intérieur des réalités inédites depuis sa création en 1948. Il n’y aura pas une guerre de quelques jours. Nul ne garantit que les jours de combat ne dégénéreront pas en une guerre majeure. Nous nous préparons à une guerre globale».
Mohamed El Ouahed