Sonatrach accélère la transformation et la croissance de ses raffineries

Se libérer de l’étranger pour son approvisionnement en produits pétroliers raffinés

L’Algérie vise à atteindre son autosuffisance en carburants et promouvoir de nouvelles sources alternatives afin d’anticiper les effets d’une probable crise énergétique dans l’avenir.

Dans sa nouvelle approche, l’Etat prévoit la mise en place de divers moyens afin de réduire la dépendance du pays aux importations et atténuer partiellement les conséquences de la crise pétrolière qui s’est répercutée sur les prix des hydrocarbures sur le marché mondial. Paradoxalement, les produits raffinés même légers que l’Algérie importent valent plus chers que le pétrole brut qu’elle exporte. L’une des raisons qui font que l’Algérie ne tire pas vraiment profit de la hausse des cours du pétrole à long terme. D’où la nécessité d’investir dans la transformation du pétrole brut qui devrait avoir une place décisive dans le secteur, y compris dans le développement de l’industrie pétrochimique. Revenant sur les intentions de l’Etat d’encourager le raffinage des hydrocarbures, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, a fait, lors de son intervention devant les membres du Conseil de la nation, toute la lumière sur les capacités des raffineries d’Alger, Skikda, Hassi Messaoud, Arzew et Adrar de pallier les insuffisances de l’approvisionnement du marché local en carburants, notamment, d’essence et de gazole. L’intérêt porté à cette activité confirme l’évolution favorable des raffineries de gisement et littorale.
Durablement, l’Algérie ne va plus importer de carburants. Des projections à long terme. «Les capacités de production annuelle de carburant est estimée à 10,5 millions de tonnes, dont 2,1 million de tonnes d’essence et 8,4 millions de tonnes de gazole, et ainsi cette production couvre 74% de la demande nationale de carburant», a déclaré M. Attar, réitérant son engagement à atteindre progressivement l’équilibre raffinage-consommateur. Ainsi, renforcer l’investissement en partenariats dans le domaine et doubler les capacités de rendements des raffineries de manière à couvrir la demande intérieure et aussi permettre l’exportation du surplus raffiné.
Un défi de taille à relever, mais possible, selon le même responsable qui, depuis sa nomination, tente de remettre de l’ordre dans les prérogatives de la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) afin de rattraper le retard accusé dans le raffinage des hydrocarbures et miser sur toutes les possibilités de réussite. Pour M. Attar, la Sonatrach devra surtout franchir le barrage technologique et tirer profit de ses investissements extérieurs, notamment, du gazoduc Medgaz et de ses filiales à l’étranger. Sans oublier la mise en service du système du Boosting III du champ Hassi R’Mel. Par ailleurs, malgré les difficultés financières et dysfonctionnelles rencontrées depuis, notamment, 2019, la compagnie a enregistré des résultats satisfaisants dans l’activité du raffinage, et ce, grâce à la remise en production de la raffinerie d’Alger et la hausse de la demande.
En hausse de 7,4% en 2020. Beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif fixé par le ministère de l’Energie qui a soulevé d’autres contraintes et problématiques, dites de recherches opérationnelles relatives aux moyens, coûts et capacité de stockage. Aussi déterminants que les autres paramètres de production. L’Algérie vise à travers la redynamisation de cette activité à atteindre une croissance locale quantitative, permettant de se libérer des importations très élevées. Un gaspillage budgétaire qui devrait être orienté vers l’investissement dans les infrastructures énergétiques et l’économie pour générer de la valeur ajoutée.
L’Algérie paie très cher le produit raffiné, comparé au produit brut qu’elle exporte. C’est plutôt paradoxal. «Sur la base du prix du pétrole brut entrant dans la raffinerie à 40 dollars le baril, le coût de production du carburant, y compris la compensation (stockage et commercialisation) et les taxes, est d’environ 66,1 dinars/litre pour l’essence normal, 61,93 dinars/litre pour l’essence super, 65,4 dinars/litre pour l’essence sans plomb et 37,22 dinars/litre pour le diesel», a-t-il-indiqué, précisant, que «les prix actuels des carburants appliqués dans les stations-service sont bien inférieurs aux coûts de production en raison des subventions». Avec la croissance de la demande en énergie et les défis du secteur, l’Algérie devra atteindre une croissance locale quantitative dans le raffinage des hydrocarbures et se réconcilier avec les énergies renouvelables.
Samira Takharboucht