Manifestations du 27 février 1962, symbole de l’unité nationale

Ouargla

Les manifestations du 27 février 1962 à Ouargla sont «un symbole de l’unité nationale» lors desquelles le peuple algérien a prouvé qu’il ne s’est pas plié aux pressions de la France coloniale, ont estimé des historiens et des experts en questions stratégiques.

S’exprimant lors d’une conférence historique au Musée national du Moudjahid, à l’occasion du 59e anniversaire des Manifestations de Ouargla, le 27 février 1962, intitulée «Le Sahara algérien dans la stratégie coloniale française», l’expert Ahmed Kerrouche a indiqué que ces manifestations se veulent «un symbole de l’unité nationale, à travers lesquelles le peuple algérien a prouvé son attachement à l’unité territoriale». Pour M. Kerrouche, la France a promulgué des lois reflétant «ses intentions malsaines» vis-à-vis du Sahara algérien, notamment après 1956, en envisageant sérieusement de séparer le Sahara du reste des régions du pays, à travers la Loi du 7 août 1957 qui a divisé le Sahara en deux départements, Saoura et les Oasis, en sus de la désignation d’un ministre du Sahara et de l’affectation d’un budget spécial.
La France avait une stratégie de grande envergure dans le Sahara algérien, en sens qu’elle entendait garder son prolongement stratégique dans les colonies africaines. Plus précis, l’intervenant évoque «la politique destructrice» pratiquée par la France dans le Sahara, en y menant des essais nucléaires à Reggane et «In Yeker», violant ainsi le législation internationale et ne se souciant guère des répercussions sanitaires et environnementales sur le population et les pays limitrophes et qui sont toujours palpables. Il a également mis en avant la position des notables de la région qui ne se sont pas pliés aux pressions ni aux avances de la France, citant notamment Cheikh Bayoudh à Oued Mizab, Gaid Laid à Ouargla ainsi que le chef la Zaouia Tidjania et le héro El Hadj Mohamed Akhamokh de Tamanrasset et bien d’autres.
Pour sa part, le SG du ministère des Moudjahidine et des Ayant-droits, Laid Rebika a indiqué que les politiques colonialistes adoptées dans le grand sud visaient principalement à effacer l’entité algérienne. «A l’instar de leurs concitoyens du nord, de l’est et de l’ouest, les Algériens du sud ont lutté contre les soldats français et les partisans de l’occidentalisation et de la christianisation, préservant ainsi l’identité nationale», a-t-il poursuivi. De son côté, l’expert et chercheurs de l’histoire de la Révolution algérienne, Ahmed Mizabe a indiqué que les manifestations de Ouargla portent «des symboliques stratégiques», politiques et militaires, voire même diplomatiques, soutenant que «la délégation française dépêchée par le général Charles De Gaule à Ouargla était accompagnée d’une importante délégation onusienne».
L’invitation de cette dernière avait pour objectif de convaincre l’opinion internationale du découpage de l’Algérie. Ces manifestations constituaient «une force ayant balisé le terrain pour les négociateurs algériens à Evian d’affirmer leurs positions fermes concernant l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale comme stipulé dans la déclaration du premier novembre, feuille de route pour les cadres de la révolution de libération. Intervenant à cette occasion, le professeur Aissa Kacimi a estimé que ces manifestations sont intervenues pour affirmer les principes et les constantes de la révolution à savoir, l’intégrité du sol et l’unité du peuple algérien», ajoutant qu’elles ont déjoué les intentions «machiavéliques» de De Gaule.
R.R