Quiproquo entre le monde des choses et celui des idées

« Sin-nni » en lice au 14e FNTP

La pièce de théâtre «Sin-Nni» (ces deux-là), une tragi-comédie qui rend compte d’une confrontation entre deux visions existentielles, l’une dans le monde des choses et l’autre dans celui des idées, a été présentée mercredi à Alger, dans le cadre du 14e Festival national du théâtre professionnel (FNTP).

«Sin-Nni», est mise en scène par Sadek Yousfi sur une adaptation du regretté Abdellah Mohia (Muhend U yahia) (1950-2004), tirée du texte, «Les Emigrés» du Polonais Slawomir Mrozek (1930-2013). Contraints à cohabiter dans une vieille cave d’un immeuble à Paris pour se partager le loyer, deux antagonistes, que tout oppose, vont nourrir, 65 mn durant, un quiproquo inextricable, brillamment rendus par Yalah Mohand Ouidir dans le rôle de l’«intellectuel», et Ouzïen Rahmouni, dans celui de l’«Ouvrier». Ainsi, et pendant que l’un essaye de développer sa vision sur la place de l’intellectuel dans l’évolution de la société, l’autre, sans gêne aucune, va se souvenir des différentes catégories de mouches envahissant le quotidien des gens dans son village, ne pensant ensuite, qu’à se remplir les poches pour revenir chez lui et construire son hypothétique usine.
L’intellectuel, s’avérant être un écrivain qui voulait écrire un livre sur la vie des ouvriers émigrés, d’où son choix de cohabiter avec un ouvrier émigré, bénéficiait également du statut de refugié politique, ce que son camarade ne savait nullement et ne put accepter, car se sentant trahi. S’adonnant à la boisson pour fêter la nouvelle année, les esprits, reposant sur un profond mal être, s’échauffent vite et les deux hommes, n’arrivant plus à s’entendre, vont continuer à entretenir un dialogue de sourds, pour sombrer ensuite dans la fatalité. Dans une scénographie fonctionnelle, œuvre du metteur en scène, le duo de comédiens a bien porté le texte, occupant tous les espaces de la scène et utilisant tous les accessoires, dans un rythme ascendant aux échanges vifs.
Applaudissant longtemps les artistes à l’issue de leur prestation, l’assistance a apprécié le spectacle «Sin-Nni», présenté par la Coopérative «Machahu» et l’association «Imghi» de la maison de Jeunes d’Iferhounen à Tizi Ouzou. Le 14e Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu’au 21 mars avec dix spectacles en compétition au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, et neuf autres en off, programmés au Théâtre municipal d’Alger-Centre et l’espace Hadj-Omar, une salle annexe au TNA.
R. C.