Travailleurs en détresse, la crise sociale se profile à l’horizon

Grève des enseignants annoncée pour aujourd’hui

Le malaise social qui s’est installé, depuis quelques semaines, fait figure d’un vain échec de la gestion de la crise socio-économique par certaines institutions et entreprises qui devraient, désormais, faire face à la grogne qui monte. Prendre les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs et gérer les retombées sociales et économiques de la crise sanitaire.

Commencer à passer des promesses à la mise en œuvre des Plan d’action pour maîtriser les risques et rassurer les Algériens, lourdement touchés par la baisse ou la perte de revenus, chute du pouvoir d’achat et la dégradation de leur qualité de vie. Après la décrue des mouvements de protestations durant les mois précédents, des travailleurs en détresse retrouvent le chemin de la grève. Après celle des postiers, la semaine dernière et des contrôleurs de commerce, les enseignants observent, aujourd’hui, une journée de protestation et organisent des sit-in devant les directions des wilayas. Ils parlent d’une grève qui sera prolongée à l’horizon scolaire sur plusieurs jours. L’appel à la grève a été lancé par les «trois syndicats l’Union nationale des personnels de l’Education et de la formation (Unpef), le Conseil des lycées d’Algérie (Cla) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’Education et de la Formation (Satef)», hier, dans un communiqué adressé à tous les enseignants des trois paliers du secteur de l’éducation.
Si leurs revendications ne seront pas prises en considération, la confédération menace de mener de nouveau «mouvements de protestation dans les jours à venir». Elle réclame l’»augmentation» au double du «point indiciaire» et la révision du dossier d’indemnisation outre le droit à la retraite proportionnelle et la retraite sans condition d’âge en sus de l’application immédiate du décret 14/266 avec effet rétroactif». Les trois syndicats ont pointé, aussi, la surcharge des programmes scolaires qui impacte la qualité de l’enseignement et qui mène à un échec de l’enfant. Ils appellent au remaniement des «programmes scolaires et l’amélioration de la formation et les conditions de scolarisation en sus de la réduction du volume horaire pour tous les cycles tout en exemptant l’enseignant du primaire des missions non pédagogiques».
Il semblerait que les professionnels du secteur de l’éducation sont déterminés à mener à bout leur action de protestation afin d’obtenir des réponses de leur hiérarchie, et ce, malgré les dernières mesures prises par le ministère de la tutelle à l’encontre des enseignants-grévistes. Ils considèrent la grève commune comme ultime moyen de pression pour faire réagir les pouvoirs publics. Le plus utile serait d’agir vite pour arrêter la contestation sociale et éviter le déclenchement d’autres mouvements. Difficiles à contenir. Pour rappel, depuis une semaine, les appels à la grève augmentent. Les postiers, les agents de la Protection civile, les contrôleurs de Commerce et des travailleurs de plusieurs entreprises économiques ont observé des journées de grève, qui ne sont pas sans le moindre coût, bien au contraire, elles causent de grosses pertes sèches aux caisses de l’Etat, muet jusqu’alors.
Suffoqués par la crise financière et la dégradation des conditions de travail, les fonctionnaires et employés des différents secteurs d’activité et d’administration menacent de mener de vastes mouvements de grève. La grogne sociale ne marque pas le moindre signe de ralentissement depuis un moment. La protestation pourrait se généraliser à d’autres secteurs sous la pression du Covid-19, de l’inflation, de la précarité et la contraction de l’activité économique. Aucun indice ne vient tempérer ce constat. Plusieurs secteurs productifs plongent dans la déprime. L’ensemble de l’économie nationale risque de devenir la première victime de la crise sanitaire et de la protestation sociale. Les grèves et les lock-out auront des répercussions directes sur l’économie et la société.
Samira Takharboucht