Le rappel des crimes du colonialisme

8 Mai – Journée nationale de la Mémoire

La commémoration du 76e anniversaire des Massacres du 8 mai 1945 est, une fois encore, l’occasion de rappeler ce que fut le véritable visage de la colonisation française, qui a commis, 132 années durant, des crimes contre l’humanité et contre les valeurs civilisationnelles.

Cette année, pour la première fois, le 8 mai est célébré comme Journée nationale de la Mémoire, instituée par une décision prise l’an dernier, à la même date, par le Président Abdelmadjid Tebboune. En même temps, a été lancée une chaîne télévisée nationale spécialisée en Histoire, appelée à être un support pour le système éducatif dans l’enseignement de cette matière. De même, le président de la République avait instruit de «parachever l’appellation des agglomérations et quartiers des villes des noms des martyrs de la résistance populaire et de la glorieuse Guerre de libération et d’élargir la restauration des monuments historiques pour témoigner, au fil des générations, du lourd tribut que notre peuple a payé pour faire face à la barbarie de l’occupation coloniale et pouvoir vivre librement et dignement sur sa terre, fier de son passé duquel il s’inspire pour façonner son avenir dans une véritable démocratie et justice sociale».
Ce qui s’est passé le 8 mai 1945 et les jours qui suivirent, à Sétif, Kherrata, Guelma et d’autres localités du Constantinois (appellation donnée à cette région par le découpage administratif colonial), fut la preuve irréfutable que l’indépendance ne sera jamais un cadeau que les colons et le pouvoir politique français offriront sur un plateau d’argent. Il faudra l’arracher et en payer un prix très élevé. Le 8 mai 1945, les colonialistes ont démontré qu’ils ne reconnaissaient pas les droits des Algériens. Rappelons que l’ambassadeur de France en Algérie, au cours d’une visite à Sétif le 17 février 2005, avait décrit cette tuerie massive comme une «tragédie inexcusable».
Pour Benyoucef Tlemçani, enseignant à l’université de Blida 2 et président du Conseil scientifique du Centre national sur le mouvement national et la Révolution du 1er novembre 1954 (Cnermn54), la célébration de la Journée nationale de la Mémoire se veut «une opportunité pour se rappeler des ignobles massacres commis par l’occupant brutal contre des citoyens désarmés». «Au moment où l’ensemble des peuples du monde étaient sortis célébrer la fin de la deuxième Guerre mondiale et le retour de la paix et de la stabilité, l’occupant français a fait face aux marches pacifiques à travers plusieurs régions du pays, notamment à Sétif, Kherrata et Guelma, par les pires d’actes de brutalité, de massacre et de torture pour étouffer la voix du droit, en violation des principes des droits de l’Homme», a-t-il rappelé.
Benyoucef Tlemsani estime que la célébration de la Journée nationale de la Mémoire précisément à la date du 8 mai «vise à ancrer ces crimes dans les esprits des générations futures et à leur rappeler que le recouvrement de la souveraineté nationale n’a été qu’au prix de millions de chouhada et de lourds sacrifices de 1830 à 1962». Soulignant «l’attachement des chercheurs à l’objectivité dans l’écriture de l’histoire avec et à la préservation des différents monuments et sites historiques à travers toutes les wilayas du pays pour immortaliser ces sacrifices consentis au service de l’indépendance», il a mis en avant l’impératif de préserver la mémoire nationale à travers la communication, les rencontres nationales et internationales et la publication de thèmes historiques à travers les réseaux sociaux.
Le Musée du moudjahid de Sétif a réservé une aile aux Massacres du 8 mai 1945 exposant des photographies et des documents sur cette étape importante de la lutte du peuple algérien pour sa liberté et les crimes commis par l’armée française contre un peuple réclamant son droit à l’Indépendance. Le Musée du Moudjahid de Sétif a recueilli plusieurs heures de témoignages sur les massacres du 8 mai 1945, dont ceux des défunts Lakhdar Taâraïbet (le premier à avoir levé le drapeau national après la chute du chahid, Saâl Bouzid) et Aïssa Cheraga (qui fut chargé de lever le drapeau national au début de la marche en raison de sa grande taille). Une stèle commémorative a été dressée au centre-ville de Sétif en hommage à Saâl Bouzid sur le lieu où il est tombé durant la marche du 8 mai 1945 comme symbole perpétuant la mémoire des martyrs et rappelant les crimes abjects commis par la France coloniale.
Lakhdar A.