L’Algérie dépose l’instrument de ratification du Traité portant sa création

Le sujet de création de l’Agence africaine du médicament remis sur la table

Bien que le Traité portant création de l’Agence africaine du médicament (AMA) ait été adopté en février 2019, son entrée en activité a été retardée sous le coup de nombreuses hésitations des pays signataires. L’avènement du Coronavirus a ressuscité l’intérêt de ces pays, qui ne produisent que 3% de médicaments par habitant, pour mettre en place rapidement cette agence.

Motivés par la crise sanitaire et la mauvaise qualité des produits pharmaceutiques consommés par la population, les pays africains commencent à revoir les cadres juridiques et réglementaires mis en cause dans le retard de la ratification de ce Traité. Ils doivent ainsi élaborer des textes exhaustifs et cohérents pour profiter d’un secteur très porteur et prometteur, notamment, avec la création de la Zone de Libre-échange continentale africaine (ZLECAf). La Covid-19 a remis le sujet sur la table des pays africains dont l’Algérie qui vient, officiellement, de déposer «l’instrument de ratification du Traité portant création de l’Agence africaine du médicament», a indiqué un communiqué du ministère de l’Industrie pharmaceutique, avant-hier. L’annonce a été faite, selon la même source, par le «ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed, lors de sa participation aux travaux d’une table ronde portant sur l’Agence africaine du médicament sous l’intitulé : «Vision et stratégie pour le continent africain», organisée mardi dernier, par visioconférence».
L’Algérie, à l’instar des autres pays membres, souhaite désormais tirer des leçons de la crise sanitaire actuelle qui a mis à nu l’incapacité du continent d’assurer les besoins du marché africain en médicament. Un marché de plus en plus demandeur. Cette situation impose l’accélération de la ratification et l’opérationnalisation de l’Agence africaine du médicament afin de couvrir la demande du marché africain et se préparer à d’éventuelles crises sanitaires à l’avenir. «La pandémie de la Covid-19 a révélé l’insuffisance continentale en matière de souveraineté sanitaire, puisque les populations africaines sont les populations les moins vaccinées au monde, à l’heure où l’Algérie ainsi que d’autre pays en Afrique réalisent des projets d’investissement pour produire le vaccin anti-Covid», a souligné Pr Benbahmed, qui espère voir «l’Agence africaine du médicament jouer un rôle important pour promouvoir ce type d’initiatives, les coordonnées et les généraliser à d’autres problématiques qui touchent le continent africain».
Cette agence incarnera une nouvelle phase pour les pays africains et permettrait, selon Pr Benbahmed, « d’harmoniser, à l’échelle continentale, la réglementation pharmaceutique à travers une harmonisation des systèmes d’enregistrement et une mise à niveau réglementaire dans l’ensemble des pays du continent, assurant que la création de l’AAM permettra, entre autres, la centralisation de l’enregistrement des médicaments essentiels pour les besoins communs du Continent». Cette agence permettrait de stimuler la production locale des produits pharmaceutiques et de se libérer de leur dépendance à l’étranger. Ainsi tirer meilleur profit d’un secteur qui représenterait près de «259 milliards de dollars en 2030». Pour rappel, cette rencontre a été organisée à l’initiative de l’Envoyé spécial de l’Union africaine pour l’Agence africaine du médicament, Michel Sidibi, la table ronde a regroupé un panel d’intervenants comprenant notamment la coordinatrice Amrh, Auda et Nepad, Dr Margareth Ndomondo Sigonda, la directrice générale de l’Agence européenne du médicament (EMA), Emer Cooke, ainsi que des ministres de la Santé de la République démocratique du Congo, de l’Egypte et du Cap Vert, selon le même communiqué.
Samira Takharboucht