«Vaut mieux tard que jamais», GATMA veut assurer «seul le transport de marchandises»

La 2ème phase du renforcement de la flotte nationale du transport maritime achevée

Sept ans après avoir décidé de renouveler et renforcer sa flotte en vue de recouvrer son autonomie et briser le monopole étranger, le Groupe algérien de transport maritime (GATMA) vient d’achever la deuxième phase de son plan, avec l’entrée en service, mercredi dernier, du navire Djanet, a affirmé le DG du Groupe, Smain Larbi Ghomri, avant-hier, dans un entretien accordé à l’Agence presse service (APS).

Il s’est exprimé, à l’occasion, sur la volonté de son Groupe de poursuivre l’exécution de son Plan d’investissement visant à augmenter la part du pavillon national sur le marché et limiter sa dépendance au fret étranger qui prédomine le secteur du transport maritime algérien depuis des décennies. Une nouvelle étape est déjà franchie avec la réception des deux navires Cirta et Djanet dernièrement qui vient à renforcer la flotte nationale «en navires porte-conteneurs visant à minimiser, voire éliminer les affrètements de navires étrangers en devises, ce qui permettra de donner plus de parts de marché à l’outil national dans ce segment de transport qui ne cesse de se développer et prendre le dessus sur les autres types de transports, vu ses rendements très économiques et la rapidité de traitement de ce type de navires au niveau des ports internationaux», a-t-il précisé.
Il y a lieu de rappeler que la décision de renouveler la flotte du transport maritime, notamment, celui des marchandises a été prise en 2014 par le Groupe GATMA, soutenu par l’Etat qui lui a accordé un budget nécessaire pour acquérir 25 navires. Toutefois, jusqu’à 2020, le Groupe n’a réceptionné que «10 navires acquis et un seul pour le transport des voyageurs», avait déclaré le même responsable, au mois de mai dernier, expliquant ce retard par l’avènement de la crise sanitaire qui a chamboulé le marché et les projections du groupe et de l’Etat. Il est revenu dans cet entretien sur les objectifs à long terme du plan de développement du transport maritime afin de se repositionner sur ce marché très porteur dominé par les étrangers. Le renouvellement de la flotte du transport maritime relève aussi de l’intérêt grandissant des pouvoirs publics de promouvoir la production nationale sur le marché régional et continental.
Ceci permettra de mettre en œuvre «la politique du Gouvernement en matière d’encouragement de l’outil de production national et la réduction de la dépendance vis-à-vis des tiers pour ce qui des importations de marchandises du pays par voie maritime, et qui constituent plus de 90% des importations à travers les 10 ports nationaux», a-t-il précisé, expliquant que son Groupe «oriente actuellement sa politique d’investissement sur les créneaux qui puissent sécuriser le pays en termes d’autonomie pour l’importation de produits stratégiques et vise également à réduire la dépendance en matière de transport maritime des importations vis-à-vis des armateurs étrangers et la diminution des dépenses en devises du pays pour le service de transport maritime».
Pour atteindre les objectifs sus-cités, le «Groupe et ses filiales ont relancé le Plan d’investissement décidé par les pouvoirs publics en 2011/2012, par l’acquisition dans un premier temps, entre 2014 et 2017, de dix (10) navires de capacité comprise entre 9.000 tonnes et 12.000 tonnes du type général cargo et un porte-conteneurs de 1.700 EVP, répartis entre la filiale CNAN NORD, avec 7 navires général cargo et la filiale CNAN MED avec deux navires général cargo et un navire porte- conteneurs», a-t-il rappelé. Ces nouvelles acquisitions, ont donné plus de place aux navires du pavillon national qui était «complètement absent sur le marché des importations», selon M. Ghomri, contrairement à celui de l’exportation, «après la faillite de l’ex-CNAN, dont la contribution n’a pas dépassé les 5 à 6 % à ce jour», a-t-il regretté.
Pour redynamiser cette activité et lui donner un nouvel élan, le Groupe vise, dans son plan d’investissement, à renforcer sa présence sur «les marchés de proximité (Méditerranée) et du Nord de l’Europe, mais également, contribuer à renforcer et développer les bases des métiers du transport maritime, en termes d’investissement humain, par le recrutement massif et la formation dans ce domaine riche et pluridisciplinaire avec l’assistance des écoles maritimes nationales et les instituts spécialisés», a-t-il souligné. Il a évoqué, dans cette perspective, «la prochaine phase d’investissement prévue par le Groupe, à partir de la fin de l’année en cours, jusqu’à fin 2023, qui vise l’acquisition de navires vraquiers/céréaliers, l’achat de conteneurs neufs pour renouveler le parc actuel et le renforcer», a ajouté M. Ghomri. «La conteneurisation du transport maritime mondial doit nous inciter à nous y adapter avec le minimum de dépendance et un maximum d’autonomie possible, surtout en ce qui concerne l’importation des produits stratégiques et de première nécessité», a-t-il expliqué.
Samira Takharboucht