Les prix du pétrole ne se remettent plus en position

Après une semaine de discussions en coulisses de l’Opep+

L’absence d’un accord entre les pays membres du Groupe informel Opep+ a fait plonger ces derniers jours le marché boursier mondial à cause de la baisse des valeurs de l’énergie et celui des matières premières provoquant une hausse des cours de ces produits de base sur les marchés locaux (inflation galopante).

Quant aux prix du pétrole, ils ont glissé à 73 dollars le baril à la clôture du marché vendredi soir, et ce, après avoir atteint des niveaux historiques, durant des semaines. Les commentaires de la banque centrale américaine, «la Réserve fédérale-Fed-» et l’annonce des stocks américains ainsi que les prévisions de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) sur l’accélération de la demande actuelle ont nourri la confusion chez les investisseurs devenus sceptiques. Malgré quelques soubresauts, jeudi dernier, les discussions de couloirs n’ont pas abouti, officiellement, à un rendez-vous du Sommet à même de ratifier la suite de la stratégie de l’alliance Opep+, n’est en vue. Ces discussions restent informelles sur l’éventuel acceptation de «l’Arabie saoudite la demande des Emirats arabes unis de retenir comme référence pour la production des EAU un niveau de 3,65 millions de bpj à partir d’avril 2022, contre 3,168 millions actuellement».
L’Opep+ reste prudente. Est-ce que les discussions entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis vont déboucher sur une hausse officielle de la production de pétrole dans l’immédiat ou non ? C’est la même question que se posent plusieurs experts financiers et banquiers qui surveillent minutieusement l’évolution du marché pétrolier volatile depuis le début du mois de juillet suite à l’échec des négociations entre les pays membres de l’Opep+, contrariées par la position des Emirats arabes unis qui se sont opposés au plan mis en œuvre par Moscou et Riyad et approuvé par les autres membres de l’Alliance. Ces derniers se sont séparés sans accord sur leurs niveaux de production à compter du mois d’août, mais des discussions continuent depuis à se dérouler en coulisses pour parvenir à un consensus entre les deux parties opposantes et éviter un nouveau choc de demande. Selon les informations relayées par certains médias étrangers, les discussions vont dans la bonne direction pour l’unité de l’Opep», mais pas forcément pour les prix de l’or noir.
En attendant le dénouement de cette situation, l’inquiétude a pris le dessus, alors que les investisseurs s’interrogent toujours sur l’évolution de l’inflation et des politiques monétaires dans certains pays, à l’instar des Etats-Unis. Depuis jeudi dernier, le marché pétrolier reste orienté à la baisse à cause du déséquilibre entre une demande prévue en hausse et une offre limitée. La légère reprise constatée vendredi dernier est conjoncturelle. L’absence de visibilité sur la stratégie de production à adopter pèse sur les cours du pétrole de plus en plus volatiles, alors que les prévisions de l’AIE sur la demande sont plutôt optimistes. L’AIE a souligné dans son rapport que la «demande d’or noir devrait dépasser les niveaux d’avant la crise d’ici la fin 2022».
Un avis que partage l’Opep qui estime que la «demande mondiale de pétrole devrait continuer à s’accélérer au moins jusqu’en 2022», selon son rapport mensuel publié jeudi. La reprise soutenue de la demande de l’or noir pourra, en effet, aider les pays membres de l’Alliance à signer un accord et espérer un relèvement de leurs quotas de production. Cette dernière devrait «augmenter cette année de six millions de barils par jour (mbj), pour atteindre en moyenne 96,6 mbj», indique le même rapport. Ce sont des données plutôt rassurantes pour les investisseurs qui suivent de près la situation pandémique mondiale, de plus en plus inquiétante à cause de la hausse du nombre de contamination au Covid-19 depuis la fin du mois de juin écoulé.
Un facteur non négligeable qui pourrait bouleverser les prévisions sus-citées et la situation du marché actuellement. Les marchés financiers sont de plus en plus préoccupés par l’absence d’un compromis entre les pays membres de l’Opep+ et la menace du variant Delta. Ils s’inquiètent du niveau d’offre du cartel à partir du mois prochain. En attendant d’aboutir à un consensus officiel, les 23 pays signataires de la Déclaration de Coopération s’écharpent sur le volume de production à adopter à partir du mois prochain et le maintien de la stratégie initiale du groupe.
Samira Takharboucht